Quel Premier ministre pour le prochain gouvernement ?

La Tunisie d’aujourd’hui essaye de s’en sortir et parie sur l’avenir. Ses traits s’estompent certes et se déforment à coups de crises politiques, de risques d’effondrement économique et de manque de sécurité. Néanmoins, il existe une volonté pour sortir de l’impasse et quartet et partis politiques tentent d’éviter le gouffre et de trouver une issue.

Un véritable brouillard enveloppe le visage terni et blafard qu’offre notre pays et l’orage qui la frappe ne laisse point indifférents ses enfants.

Une crise de confiance alourdit l’ambiance. On guette les lendemains, la main sur le cœur, de peur de se réveiller sur une éventuelle faillite ou sur un nouvel assassinat politique, voire un attentat. Et on attend…

A l’horison, les prémices de résolution se pointent avec un éventuel début du dialogue et un nouveau gouvernement. le peuple tunisien attend de voir le bout du tunnel.

Des noms circulent pour succéder au poste de chef du gouvernement. Parmi ceux-ci: Mohamed Ennaceur, Abdelkarim Zbidi, Wided Bouchamaoui, Mustapha Kamel Nabli, Chedly Ayari, , Mohamed Nouri Jouini, Mansour Moalla, pour ne citer que ceux-là

Qui, parmi ces noms, saura répondre aux attentes des Tunisiens, à savoir, mener le navire à bon port et freiner la dégringolade économique, mettant ainsi fin aux aléas et donnant à la Tunisie, non pas du rayonnement, car nul n’a de baguette magique, mais, au moins, un peu d’espoir ?

Ici, nous essayerons ici de dresser les différents portraits en s’appuyant sur leur capacité à gérer les dossiers les plus urgents, à savoir, la sécurité, l’économie et les crises socioéconomiques, l’élaboration et l’exécution de la feuille de route afin de mettre fin à la crise politique et leur neutralité par rapport aux différents partis et pôles politiques existants en Tunisie.

 

Mohamed Ennaceur,

un mordu du social pour une société qui va mal

Riche d’une longue carrière dans le domaine du social, Mohamed Ennaceur semble avoir toutes ses chances d’être soutenu par l’UGTT, membre du Quartet et dont la principale bataille est les conditions des salariés. Il est également un homme de dialogue et par ces moments de crises et de blocage, un profil ouvert au dialogue ne peut que susciter la concorde entre les différents partis, Troîka, quartet et opposition.

Né en 1934, Mohamed Ennaceur a une certification en audit social et un Doctorat en droit social. Il a déjà été deux fois ministre du Travail et des Affaires sociales. Mohamed Ennaceur a également une expérience au sein des Nations unies, d’abord comme chef de la Mission permanente de Tunisie auprès de l'Office des Nations unies et des Institutions internationales spécialisées à Genève, ensuite comme coordinateur des activités du Pacte mondial, d’auditeur social et de consultant international depuis 2005.

Il a été fondateur de l’Association tunisienne de droit social, de la Revue tunisienne de droit social et de l’Institut de l’audit social de Tunisie.

De par son profil, Mohamed Ennaceur parait susceptible d’être soutenu et accepté par bon nombre d’acteurs politiques et sociaux. Le fait qu’on lui connaisse pas de fibre régionaliste représente pour lui un atout non négligeable.

 

Abdelkarim Zbidi, le médecin qui ferait la différence ?

À 63 ans, il est médecin physiologiste et il est pourvu d’une riche expérience politique. Et bien que l’on soit plutôt traumatisé par le rendement des médecins dans des postes clés, Abdelkrim Zbidi pourrait peut faire exception.

Chef de département des sciences fondamentales entre 1981 et 1989 au sein de la faculté de médecine, professeur hospitalo-universitaire, chef de service des explorations fonctionnelles à l’hôpital Farhat Hached de Sousse, chargé de mission d’expertise dans le domaine des applications médicales du nucléaire auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique, haut fonctionnaire du ministère de la santé puis doyen de l’université de Sousse, ces différentes expériences lui permettraient certainement de relier la compétence administrative au pragmatisme scientifique. Abdelkrim Zbidi, qui a été trois fois ministre et en dernier lieu à la tête de la Défense suite à la Révolution, a largement prouvé son aptitude à gérer les moments de crises.

Ainsi, il semble avoir tout le potentiel requis pour rétablir la sécurité et mener le pays vers une solution politique par ces temps d’incertitude.

Sa neutralité n’est pas à mettre en doute et quant à l’économie, espérons que son côté «docteur» lui permette d’établir les bons diagnostics en collaboration avec les spécialistes du domaine.

 

Wided Bouchamaoui, visage de la Tunisie moderne

Âgée de 50 ans, celle qu’on nomme «la patronne des patrons» semble devenir une figure incontournable de la scène politique. Elle s’allie avec l’UGTT dans la résolution de la crise et les politiques les plus éminents défilent dans son bureau. En une semaine par exemple, des réunions ont eu lieu avec Rached Ghannouchi le jeudi 5 septembre, avec Mostapha Ben Jâafer le vendredi 6 septembre, Mohamed Ben Salem le 7 septembre et Béji Caïd Essebsi lundi le 8.

Élue meilleure femme d’affaires arabe cette année, Wided Bouchamaoui accéda au poste de présidente de l’UTICA, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat à l’issue du quinzième congrès en 2011 pour une période de transition d’un an. En juin 2012, elle est élue présidente pour un mandat de cinq ans. C’est là une autre première dans le monde arabe à son actif.

Wided Bouchamaoui, titulaire d’un DESS en commerce international et marketing, est l’une des héritières de Hédi Bouchamaoui & sons, groupe actif dans le pétrole, bâtiment et travaux publics, textile et industrie. Elle lança sa propre entreprise en 1994 en créant Maille Fil, spécialisée dans les fils de coton peignés et employant 200 salariés.

Avant de s’imposer sur la scène politique, Wided Bouchamaoui s’est activée dans la relance de l’économie tunisienne éprouvée par les secousses politiques. Elle a, alors, entamé des négociations avec le gouvernement et les syndicalistes.

Wided Bouchamaoui pourrait être celle qui fera la différence, notamment en étant la première femme arabe à être nommée chef du gouvernement.Néanmoins, elle parait réticente à cette éventuelle proposition.

 

Mustapha Kamel Nabli, une force tranquille

Ancien gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli est un économiste âgé de 65 ans. Titulaire d’un doctorat en sciences économiques, ancien ministre du Plan et du Développement régional, universitaire et ancien expert auprès d’institutions internationales telles que la Communauté économique européenne et la Ligue arabe, il a pourtant été limogé au bout d’un an de son mandat à la tête de la Banque centrale par le président provisoire de la République, Moncef Marzouki en 2012.

La sécurité n’est sûrement pas son domaine, néanmoins, ses compétences en économie seraient un atout incontestable à la tête du gouvernement. Mustapha Kamel Nabli, également diplômé de l’École nationale d’administration, ne manquerait pas d’avoir le potentiel de gérer les institutions de l’État, ministères et administrations, dont l’effondrement guette le pays.

Son limogeage a été par ailleurs l’occasion de constater la grande confiance et la popularité dont il jouit auprès des Tunisiens et il est certain que la résolution de la crise politique nécessiterait un homme d’expertise. Il a en outre appelé au dialogue entre opposition et gouvernement afin de sortir la Tunisie de l’impasse au lendemain de l’assassinat du député Mohamed Brahmi.

Mustapha Kamel Nabli a également montré un caractère pragmatique lors de son intervention devant l’ANC le jour de son limogeage. Devant les députés indignés par le rappel qu’il leur avait fait concernant leurs tâches au sein de l’Assemblée, il avait affiché un calme imperturbable… Rappelons également que Mostapha Kamel Nabli a été gouverneur de la Banque Centrale lors d’une période critique post révolutionnaire et malgré cela, le dinar est resté stable et la barque de l’économie n’a pas coulé… 

 

Mansour Moalla, le ministre expert

Âgé de 83 ans, Mansour Moalla compte dans son cursus universitaire une Licence en lettres, un Doctorat en droit et un diplôme en sciences politiques.

Co-fondateur de la Banque centrale de Tunisie en 1957, où il a été directeur général, il a également créé la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT) en 1976, et la dirigea jusqu'en 1994. Mansour Moalla est aussi le fondateur du Groupe des assurances de Tunis (GAT) avant de créer l'Institut arabe des chefs d'entreprises en 1984.

Mansour Moalla a été nommé 4 fois ministre :   de l'Industrie et du Commerce (1967 – 1968), des PTT (1969 – 1970), du Plan (1970 – 1974) et des Finances et du Plan (1980 – 1983.)

Son nom a été avancé, non sans raison, pour vaquer au poste de chef du gouvernement.

 

Mohamed Nouri Jouini, le “Coopérateur”

 

Âgé de 52 ans, il obtient un doctorat d’État en sciences de management aux États-Unis avant d’entamer une carrière de maître de conférences à l’Institut de gestion de l’Université de Sousse puis directeur du même Institut.

Il a été ministre de la Planification et de la Coopération internationale entre 2002 et 2011. Outre son expérience en économie, Mohamed Nouri Jouini a également occupé le poste de conseiller auprès de la présidence en 1996, puis secrétaire d’État auprès du ministre du Développement économique chargé de la privatisation en 2001.

 

Chedly Ayari, l’économiste…

À la tête de la Banque centrale de Tunisie depuis 2012, Chedly Ayari, aujourd’hui âgé de 80 ans, est un économiste ayant aussi embrassé par le passé une carrière politique et diplomatique.

Professeur universitaire, ensuite doyen de la faculté de droit et des sciences économiques et de gestion de Tunis, il semble disposer de nombre d’atouts pour faire face aux problèmes économiques. Pourtant, c’est lors de son mandant actuel à la tête de la Banque centrale que le dinar tunisien a atteint son record de dépréciation et que l’inflation semble difficile à freiner.

Chedly Ayari a été quatre fois ministre, dont, du Plan en 69 – 70 et 74 – 75 et de l’Économie entre 1972 et 1974. Il a également été président de la Commission pour le développement industriel auprès de l'ONU et de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique.

Chercheur dans le domainedes relations financières et monétaires internationales, la politique macroéconomique et le développement humain, il a toutefois fait montre de simplisme pour expliquer l’inflation lors d’une interview télévisée, déclarant que ce sont «les circuits de distribution qui dysfonctionnent». Sous entendu la contrebande, la spéculation et le comportement des grossistes…

Seulement ces maux existaient bel et bien depuis des années en Tunisie et malgré leurs indéniables influences néfastes sur l’économie tunisienne, la dégringolade économique n’a jamais été aussi manifeste.

 

Hajer Ajroudi

 

Related posts

Affaire du complot contre la sûreté de l’État : Unimed réagit au jugement contre Ridha Charfeddine

Rencontre avec le metteur en scène Moez Gdiri :  « L’adaptation du théâtre européen nous a éloignés de notre réalité tunisienne »

Charles-Nicolle : première kératoplastie endothéliale ultra-mince en Tunisie