Quelle participation effective du corps électoral aux législatives ?

 

Commençons par rappeler qu’en 2011 le corps électoral était «flottant», car à la suite de la mauvaise et très équivoque rédaction de l’article 6 du decret-loi relatif à l’élection de l’ANC, nous étions à ce sujet en présence de deux chiffres.

En effet, l’inscription était passive, donc ne nécessitant pas une intervention personnelle de l’électeur, ce qui a entraîné la détermination de la liste «potentielle» des électeurs basée sur les mises à jour statistiques de l’Institut national. Ce dernier estimait à cette époque que le corps électoral potentiel qui était composé de tous les Tunisiens âgés au moins de 18 ans, frôlait les huit millions. Ainsi nos taux de participation sont par conséquent erronés et dès le début.

Commençons par analyser le taux de participation qui a une grande répercussion sur les résultats et les pourcentages. L’inscription ayant été passive en 2011,  on présenta alors les pourcentages de participation au vu du nombre des électeurs potentiels, c’est-à-dire 8.739.644 électeurs. Ainsi l’inscription active donna lieu à un chiffre total de 4.463.746, soit un pourcentage théorique d’au moins 51,1 %. Le nombre total des votants, comprenant aussi bien les inscrits volontaires que ceux passifs, totalise 4.306.367 donc un pourcentage de 49,2 %.

L’opération d’inscription qui a été lancée en 2014 n’a abouti à réinscrire en plus que 962.291, ce qui totalise 5.216.367 électeurs. L’INS a estimé après le recensement national de 2014 que la population potentiellement électrice se monte à 7.897.000. Ainsi, nous aurions inscrit quelque 66 %.

Les élections législatives du 26 octobre 2014 ont permis la participation de seulement 3.578.551, ce qui donne un pourcentage de participation de 68,61 %.

Quelles sont les conclusions et les leçons à tirer de ces chiffres relatifs au niveau de participation ?

  • Il est important de relever que le taux d’inscription est encore en-dessous des normes internationalement reconnus qui le fixent à au moins 80 %. L’ISIE doit trouver la bonne méthode pour rattraper ce retard dans l’inscription de la population. La technique idoine reste le porte-à-porte, similaire à celui suivi par les agents du recensement national. Après les deux échéances, l’ISIE doit s’investir pour préparer les communales qui seront probablement organisées vers la fin de l’année 2015.
  • La participation par rapport à l’année 2011 a baissé de manière absolue (4.306.367 – 3.578.551) de 727.816 voix. Est-ce que l’on peut sur une telle base avancer que seulement 700.000 votants de 2011 qui ont décidé de ne pas se déplacer vers l’urne le 26 octobre dernier ? Évidemment, non.
  • Car il faut prendre en considération les nouveaux inscrits qui sont au nombre de 962.291. Ainsi, si l’on admet que ceux-ci ne pouvaient s’inscrire en juillet 2014 pour ne pas aller voter deux mois plus tard, la baisse du nombre de votants par rapport à l’échéance de 2011 s’élève à (962.291 + 727.816) 1.690.107. On a ainsi perdu en pourcentage d’électeurs inscrits 32,40 %, donc le tiers. C’est là un pourcentage important qu’il va falloir analyser pour ressortir la ventilation entre les tranches d’âge de cet abstentionnisme ainsi que des raisons qui ont poussé à ce résultat.
  • Cette baisse du tiers des votants est considérée par l’étude comparée des transitions démocratiques comme tout à fait normale. Les citoyens ayant vécu cette période très mouvementée rechignent à se rendre aux urnes à l’occasion de la première consultation élective.
  • Pour les prochaines échéances, donc les deux tours des présidentielles, il faut s’attendre à une baisse sensible du taux de participation. Ainsi l’on serait à environ 2.500.000 votants seulement et dans tous les cas moins de trois millions de votants.

 

 

Quel poids réel des deux partis leaders au vu des résultats des législatives ?

Quelle simulation des résultats des présidentielles au vu des résultats des législatives ? 

 

 Chawki Gaddès 

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