Les résultats des élections législatives doivent être pris en considération en prenant en compte les données suivantes :
- Réviser la valeur des voix obtenues par Nidaa, donc qui devraient le 23 novembre théoriquement aller à Caïd Essebssi. Il faut retrancher de ce lot toutes les voix qui ont été prises chez des citoyens n’ayant aucune relation avec Nidaa, mais qui voulaient sanctionner Nahda en votant pour la seule formation qui pouvait la casser. Combien sont-ils ? Personne ne le sait et même après l’échéance du 23 novembre on ne le saura pas. Il faudra attendre les prochaines élections municipales pour avoir le poids réel des différentes formations.
- Ajouter aux voix obtenues par Nidaa celles récoltées par Afek et l’Union pour la Tunisie qui les reporteront sûrement en l’absence d’un candidat interne à leur parti et la proximité des positions sur le candidat de Nidaa.
- Par contre en ce qui concerne le candidat Marzouki, il peut compter sur les votes réunis par Nahda, mais auxquels il faut retrancher le pan des nahdhaouis qui n’acceptent pas de voter pour un autre candidat venu de l’extérieur du mouvement ou qui préfèrerait à Marzouki un Ayadi. La décision de Majless Choura, si elle a été qualifiée de stratégique, crée au sein de l’électorat nahdhaoui une grande inquiétude. À notre avis, le nombre de voix réunies par Nahda aux législatives doit être révisé en ce qui concerne le report sur Marzouki, car beaucoup n’apprécieront pas de voter pour un non nahdhaoui, d’autres, en l’absence de consigne claire, préfèreront un autre candidat et beaucoup décideront simplement de ne pas voter estimant que l’échéance ne les concerne pas. Mais Marzouki réunira les voix du CPR, du Courant démocratique et certainement du MDS.
- Le candidat du Joumhouri, Néjib Chebbi, en plus des voix obtenues par sa formation peut s’attendre à bénéficier du report des voix de la Coalition démocratique.
Ainsi, le tableau probable des votes au premier tour se présenterait comme suit :
Candidat | Partis | Voix | Total |
Béji Caid Essebssi | Nidaa réévalué | 900 000 | 1 029014 |
| Afek | 101 977 |
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| UPT | 27 037 |
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Moncef Marzouki | Nahda (— au moins le tiers) | 631 342 | 776 421 |
| CPR | 68 415 |
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| Courant démocratique | 66 370 |
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| MDS | 10 294 |
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Slim Riahi | UPL | 140 873 | 140 873 |
Hamma Hammami | Jabha | 122 436 | 122 436 |
Néjib Chebbi | Jomhouri | 55 576 | 93 452 |
| Coalition démocratique | 37 876 |
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Kamel Morjène | Moubadara | 43 356 | 43 356 |
Hechmi Hamdi | Mahaba | 40 591 | 40 591 |
Mustepha Ben Jaafar | Ettakatol | 23 331 | 23 331 |
Abderraouf Ayadi | Wafa | 23 158 | 23 158 |
Quelles conclusions tirer de ces développements ?
- Avec les présidentielles il faut s’attendre à une baisse de la participation aux élections. On a perdu 33 % des électeurs entre les deux échéances. Il va falloir s’attendre le 23 novembre, avec la qualité de la campagne électorale présidentielle et la multiplicité des candidatures, mais aussi les derniers retraits de la course et de leurs motivations et l’absence de candidat de la Nahda, à passer sous la barre des trois millions d’électeurs.
- Au second tour l’on devrait voir le taux de participation baisser de quelques milliers de voix. En effet, trois échéances en deux mois c’est un peu trop pour n’importe quel peuple de la planète. Le temps, en plein mois de décembre, sera un autre élément qui jouera contre le maintien à son niveau du taux de participation.
- À notre avis et suivant les calculs réalisés dans l’étude, la limitation de la consultation sur un seul tour est peu probable. En effet, Béji Caïd Essebssi ne pourra réunir à lui seul la moitié de l’électorat au premier tour. Suivant nos prévisions, il va falloir tabler sur trois millions d’électeurs et pour pouvoir passer le premier tour, il doit obtenir plus de 1.500.000 voix, ce qui est peu probable.
- Toujours d’après ces calculs, le passage de Béji Caïd Essebssi est par contre certain au second tour. C’est son vis-à-vis qui reste à déterminer. Ce sera probablement, sauf surprise, soit Marzouki, soit Hammami, soit Riahi. À cinq jours de l’échéance la situation est très mouvante, surtout en l’absence de sondages d’opinions déclarées. Même si Riahi, suite à son impair commis lors de son passage télévisé de dimanche dernier, va perdre du crédit.
- La conclusion finale de cette étude est qu’il faut encourager les citoyens à voter au premier tour suivant leurs sentiments et convictions. Éviter l’appel au vote utile qui ne l’est pas en réalité et qui ne servira qu’à faire de l’ombre sur le poids de chaque candidat…
- Le second tour permettra de départager les deux candidats qui auront obtenu le plus de voix. C’est d’ailleurs le secret de l’instauration d’une consultation à deux tours.
Je ne peux en conclusion que conseiller aux citoyens d’aller voter au premier tour et surtout de voter pour le candidat auxquels ils croient, même s’il paraît minoritaire et sans aucune chance de passer au second tour. À la seconde étape, ils reporteront leurs voix sur le candidat qui sera le plus proche de leur choix initial. C’est ainsi que l’on déterminera dans une démocratie le titulaire du siège de Carthage.
Quelle participation effective du corps électoral aux législatives ?
Quel poids réel des deux partis leaders au vu des résultats des législatives ?
Chawki Gaddès