La 37e édition du Global Financial Centres Index (GFCI 37), publié par le Z/Yen Group et le China Development Institute (CDI), dresse un état des lieux contrasté des pôles financiers mondiaux. Sur les 120 centres évalués, seulement sept africains parviennent à se hisser dans ce classement dominé par New York et Londres. Un constat qui souligne les défis structurels du continent, tandis que la Bourse de Tunis brille par son absence.
Le GFCI s’appuie sur une analyse hybride, combinant 31 314 évaluations qualitatives recueillies auprès de 4 946 experts internationaux et 156 indicateurs quantitatifs (PIB, infrastructures, coûts opérationnels, etc.). Cinq critères clés déterminent le positionnement : régulation, infrastructures économiques, stabilité financière, connectivité internationale et capital humain. Une approche qui permet d’ajuster dynamiquement les scores en fonction des réalités du marché.
Casablanca en tête, Maurice en embuscade
Le Maroc confirme son leadership africain avec Casablanca, classé 56e mondial (+1 place) et noté 696 points (+14). Une performance portée par Casablanca
Finance City (CFC), hub conçu pour attirer les investissements transcontinentaux.
Juste derrière, Maurice (58e mondial, +2 places, 694 points) mise sur son statut de paradis fiscal intelligent, avec 46 accords d’investissement internationaux et un cadre juridique mixte (droit anglais et français). Un écosystème qui séduit les fonds asiatiques et européens, notamment dans les énergies renouvelables et l’immobilier haut de gamme.
Kigali, bien que reculant de 5 places (72e mondial), voit sa note augmenter de 8 points (680). Le Rwanda parie sur le digital, avec la 5G et la plateforme Irembo pour les services publics en ligne, renforçant son attractivité pour les fintechs.
Le Cap, 4e dans la nomenclature continentale (84e mondial), affiche une hausse de 13 points (668) mais stagne au classement. L’Afrique du Sud, dotée du système financier le plus avancé du continent, peine à transformer son potentiel en dynamique pérenne, freinée par des tensions socio-économiques.
Johannesburg et Nairobi : déclin contre essor fintech
Johannesburg, 5e dans le panorama africain (88e mondial, -13 places), illustre les fractures sud-africaines : sorties de capitaux, rigidités bureaucratiques et instabilité politique érodent son attractivité, malgré la puissance de la Bourse de Johannesburg (JSE).
À l’inverse, Nairobi (100e mondial, +2 places, +16 points) incarne le boom des fintechs africaines. Porté par M-Pesa, des licornes comme Wasoko ou M-Kopa, et un cadre réglementaire avant-gardiste, le Kenya s’impose comme la « Silicon Savannah ».
L’absence de la Bourse de Tunis dans ce classement souligne le retard accumulé en matière d’innovation financière, de connectivité internationale et de régulation attractive. Alors que les places africaines rivalisent d’audace pour séduire les investisseurs, la Tunisie doit accélérer ses réformes pour ne pas rester à la traîne.