Proche de l’ancien Premier ministre et milliardaire Najib Mikati, le diplomate de 48 ans vient de prendre la tête du gouvernement libanais.
C’est une personnalité relativement inconnue du public. Dimanche, les anciens Premiers ministres libanais, dont Saad Hariri, s’étaient entendus sur le nom d’un diplomate, Mustapha Adib, pour devenir leur successeur. Ce choix vient d’être entériné ce lundi, jour de l’arrivée d’Emmanuel Macron à Beyrouth, qui presse justement les responsables du pays de mener une réforme en profondeur du système politique.
Le nouveau chef du gouvernement libanais s’est engagé à former en un « temps record » une équipe ministérielle formée d' »experts » et de personnes « compétentes » et chargée de mettre en oeuvre des « réformes » longtemps attendues. « La tâche que j’ai acceptée repose sur le fait que toutes les forces politiques (…) sont conscientes de la nécessité de former un gouvernement en un temps record et de commencer à mettre en oeuvre des réformes, avec comme point de départ un accord avec le Fonds monétaire international », a-t-il déclaré dans un discours télévisé.
Le gouvernement cherchait un Premier ministre depuis la démission, le 10 août dernier, de Hassan Diab, quelques jours après la double explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et ses alentours et a fait au moins 188 morts. Au Liban, le chef du gouvernement doit être sunnite, la présidence allant à un chrétien maronite et la présidence du parlement à un musulman chiite.
Agé de 48 ans, Mustapha Adib, né à Tripoli, est titulaire d’un doctorat en Sciences politiques. Ce personnage peu connu sur la scène politique est professeur d’université et a été nommé en 2013 ambassadeur en Allemagne. Il a commencé sa carrière à l’université en 2000 au Liban et s’est notamment penché sur des sujets comme la sécurité de l’Etat, le contrôle parlementaire du secteur de la sécurité, de la décentralisation et de la démocratie locale et des lois électorales, selon Libnanews, un média libanais citoyen.
Il est aussi président du Centre d’études stratégiques du Moyen-Orient (CESMO) depuis 2004 et président de différentes associations comme l’Association libanaise de droit international (ALDI) ou encore l’Association libanaise de science politique, toujours selon Libnanews.
*Proche de l’ancien Premier ministre Najib Mikati
C’est un proche de l’ancien Premier ministre et milliardaire Najib Mikati. Avant de devenir ambassadeur, il a d’ailleurs été son chef de cabinet dans les années 2010, durant la période où ce dernier était président du Conseil des ministres.
Cette nomination à la tête du gouvernement présente des avantages, avance L’Orient Le Jour. Le titre libanais explique ainsi que le nom de Mustapha Adib « venu de la sphère de Najib Mikati » va éviter de voir éclater « les rivalités opposant les chefs du Courant du Futur et du Courant patriotique libre ». Mustapha Adib a en effet obtenu l’aval des principaux blocs parlementaires, notamment ceux du parti présidentiel, le Courant patriotique libre, et de ses deux alliés chiites, le Hezbollah pro-iranien et le mouvement Amal.
Le chef du Courant patriotique libre a par ailleurs annoncé qu’il « faciliterait la tâche » de tout nouveau gouvernement mettant la priorité sur des réformes structurelles nécessaires pour débloquer le pays, ajoute L’Orient Le Jour. En revanche, Mustapha Adib devrait être rejeté par le mouvement de contestation populaire qui exige le départ de la classe politique.
*Une lourde tâche
Désormais, c’est une lourde tâche qui l’attend. Après trente ans de corruption, de clientélisme, d’incurie et d’impunité, les Libanais attendent un changement politique profond. Après avoir constitué son gouvernement, la priorité de Mustapha Adib sera de relever le pays et pour se faire négocier avec le FMI afin de débloquer une aide internationale pour reconstruire le pays qui s’est enlisé dans une crise sociale, économique et politique.
La communauté internationale réclame des réformes économiques pour sortir le pays de la faillite, mais aussi, comme les manifestants qui ont exprimé leur colère dans les rues de Beyrouth, « la fin des interventions extérieures au Liban, comme les actions du Hezbollah en Syrie ou au Yémen », expliquait récemment à L’Express Pascal Monin, professeur de Sciences politiques et de Relations internationales.
(L’Express)