Rached ghannouchi : Chronique d’une mort politique annoncée?

Moncef Kammoun

Le verdict est sans appel, Rached Ghannouchi est politiquement fini et son parti s’est enfin déshonoré. La mort politique est en général une mort annoncée qui survient à la seconde même qui précède le temps du désespoir.
C’est dans cette seconde suspendue entre «rage et confusion» que réside le signe de la ruine d’un dirigeant. La rage c’est quand le dirigeant constate que l’opposition grandit de tous les côtés y compris du côté de ses alliés les plus proches et la confusion qui vient comme le dernier soupir avant une fin annoncée et solitaire.

Mieux vaut rester confiné que con fini
Le lundi 13 Mai en période de confinement général Rached Ghannouchi dissout le bureau exécutif d’Ennahdha (c’est toujours le chiffre 13) qui devient depuis ce jour un bureau chargé uniquement d’expédier les affaires courantes du parti et ne laisse à son monde y compris les plus proches que leurs yeux pour pleurer.
Alors qu’il est en pleine tourmente au Parlement, notamment à cause de sa gestion des affaires de l’Assemblée des Représentants, Rached Ghannouchi décide de dissoudre le bureau exécutif de son parti  qui se compose de 28 membres dont des dirigeants bien connus par le grand public et ceci sans vote et sans concertation.
Du coup, l’information a été partagée comme une bombe qui n’a fait qu’approfondir les divergences au sein de cette structure déjà fatiguée par le comportement de son chef historique qui lui, entame prochainement son « neuvième » quinquennat de présidence du Parti.
Depuis ce jour le président Rached ghannouchi est politiquement en état de mort cérébrale.
Il a fait lui-même le choix idiot de se briser politiquement et il a tenté de se faire passer pour une victime d’ingratitude, mais il s’est détruit politiquement avec ses alliances contre-nature qu’il est allé tisser, et cela a fini par le présenter aux yeux de tous comme un homme sans conviction qui a toujours manqué de cohérence, il était plus guidé par la frustration que par l’intelligence stratégique.
Aujourd’hui le Cheikh Rached est dans un « état de mort politique avancée » et la guerre de succession au sein d’Ennahdha est déjà ouverte entre les prétendants pour prendre sa place, deux noms têtes de liste Abdellatif  Mekki et son rival Noureddine Bhiri.
Après avoir refusé de mettre fin à un règne sans partage de plus de quarante ans à la tête du mouvement islamiste, Ghannouchi devient et depuis quelques années un lourd fardeau pour ses partisans, il est désormais en état de choc et devenu sans voix devant la multiplication des fautes politiques jugées graves, certains croient même qu’il s’est trompé d’époque, de pays, de peuple et de culture.
Il faut dire aussi que ce président de parti a toujours été en violation flagrante de notre constitution et croit qu’il est au-dessus de la loi et n’a jamais cessé de vouloir se créer un Etat dans l’Etat, d’ailleurs dès son élection à la présidence de l’ARP, il s’est proclame Président de tous les Tunisiens !
Ennahdha vit en ce moment ses jours les plus durs et les incidents qui s’enchaînent font comprendre que le parti est au bord de l’implosion.
La mobilisation des Tunisiens a donc fini par payer et Ghannouchi n’aura probablement pas a achever son mandat à la présidence de l’ARP et sera sorti bien fragilisé par la petite porte de l’histoire.
La détermination populaire finit toujours par gagner la partie.
Rached Ghannouchi s’est laissé lui-même enfermer au sein d’une machine politique qui lui a brisé les ailes de ses ambitions présidentielles démesurées.
Son départ est donc le résultat de calculs politiques non sains en faisant des alliances contre-nature qui ont fini par le présenter aux yeux de tous comme un homme sans conviction et qui manque trop de cohérence.
Rached Ghannouchi doit alors organiser son départ et celui de sa famille afin d’éviter de mauvais scénario surtout que ses alliés commencent à le lâcher.

*M.K Architecte

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