Rached Ghannouchi pris dans son propre piège

Moncef Kammoun

 « On ne sauvera pas la démocratie avec le cœur, la bonne volonté ou la grandeur d’âme. Il va nous falloir réapprendre à devenir durs parce que nous aurons bientôt à défendre la démocratie comme un animal le fait de son petit ».                                                Paul Hermant

 Après dix ans de gouvernance derrière les rideaux, Rached Ghannouchi décide de sortir et de prendre personnellement un poste politique, il a pensé au départ au prestige de la présidence et c’était Yamina Zoghlami, députée d’Ennahdha, qui avait annoncé en août dernier la candidature de Ghannouchi à la présidentielle.
Après réflexion et sachant qu’il y a un grand risque de ne pas être élu, Rached Ghannouchi, change d’avis et décide en dernière minute de viser les législatives pour obtenir la présidence de l’ARP.
Tous ses proches lui ont déconseillé cela car, pour eux, il sera sous les coups des députés sans armes, il ne pourra jamais supporter et pour la simple raison que la communication est un art qui demande beaucoup de sagesse et beaucoup de conscience que lui n’a pas. Rached Ghannouchi n’est pas en mesure d’engager une conversation, et la maintenir alors que cette compétence est très utile dans ce poste.
Décidé, Rached Ghannouchi lance un « appel à la candidature pour la Présidence » de celui appelé pour la circonstance « L’oiseau rare” et pour les parlementaires, il a alors en toute immoralité et insolence et sans aucune gène modifié en dernière minute les listes déjà prêtes des candidats en modifiant une trentaine d’entre elles préparées auparavant par « Majles Echoura » pour les élections législatives, afin notamment de pouvoir se présenter lui-même à Tunis.
Nombre de dirigeants se sont trouvés barrés des listes et Rached Ghannouchi a pris bien entendu la tête de la liste de Tunis 1. L’ambiance  a été alors très tendue comme jamais au sein de ce parti mais peu importe l’important c’est que toutes ses petites magouilles soient réalisées. Ali Laarayedh lui-même avait confirmé sur les ondes de la Radio Nationale, les tensions et les rivalités au sein du parti, la démission de Lotfi Zitoun annonça le ras le bol du comportement autoritaire du président du parti, « je pense sérieusement à me retirer définitivement »  a écrit Samir Dilou sur sa page facebook pour annoncer les tensions au sein de son parti.
En fait le Cheikh n’est qu’un magouilleur en chef qui a réussi à être tout à la fois une icone religieuse, un leader, un véritable chef adulé tout-puissant et très autoritaire. Il est le seul détenteur du chéquier du parti Ennahdha.

Quand la date fait peur
Le 4 novembre 2019, Rached Ghannouchi devient officiellement député,9 jours après, il devient Président du Parlement (de tous les Tunisiens comme il préfère le dire) avec 123 voix sur 217 soit 56.8% des voix. Quelques heures après l’Organisation des Frères Musulmans félicite, dans un communiqué officiel le mouvement Ennahdha.
Le calendrier a voulu que ce soit un mercredi 13, ce nombre 13 tient à une place particulière dans la symbolique des nombres: il est associé dans le monde entier à la malchance.
Dans une étude publiée en 1987, Paul  Hoffman estimait que la phobie du nombre 13 coûte seulement aux Etats Unis un million de dollars par an en absentéisme, annulations de billets de train et d’avion, et un commerce dégradé, le 13 ème jour du mois, certaines compagnies d’aviation n’ont pas de rangée numéro 13 et dans des ascenseurs le treizième étage est renommé 12 a  comme les 12 mois de l’année, les 12 heures du jour et 12 heures de la nuit.
Le numéro 13 est donc jugé peu fiable et opposé au divin.
Quoi que la plupart des Tunisiens veulent que Ghannouchi gouverne un jour pour qu’il assume enfin ses responsabilités dans la gestion des affaires du pays et qu’il arrête de les rejeter sur les autres puisque ce n’est jamais sa faute et que ce sont toujours les autres qui ont pris les mauvaises décisions.

Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ce serait interdit
Aujourd’hui, l’élection est l’élément incontournable du régime représentatif, je dirais même le seul, il n’y
en a pas d’autre et c’est là où le système est relativement bien ficelé.
Mais en fait  il s’agit en quelque sorte d’un magnifique “piège” pour isoler le peuple dans une illusion de participation, dans l’illusion du choix, ceux qui s’y opposent n’ont d’autres choix que de ne pas y participer, c’est à dire, de ne rien faire.
C’est en ça que le suffrage universel tel qu’il est proposé aujourd’hui n’est pas comparable à un instrument d’émancipation des peuples, mais plutôt de domination des peuples. Un jour vous apprenez qu’à partir du lendemain vous serez mis sous tutelle.
Aujourd’hui lors des campagnes électorales, si on respecte le plafond de dépenses imposé par la loi, votre adversaire lui va prendre le pouvoir pour la simple et bonne raison qu’il a dépensé deux ou trois fois plus que vous, et qu’il serait ainsi certain d’être élu. Alors, tout le monde triche.
Les sondages dans le monde se succèdent et se ressemblent : le renoncement des citoyens envers la classe politique est manifeste, il est évocateur de doutes et de réserves.
Une pensée bien connue stipule que la politique est trop sérieuse pour être laissée entre les mains des politiciens.
Les fondements de cette mauvaise réputation. puisent leurs racines loin dans l’histoire puisque favoritisme, corruption, magouilles et politique sont aujoud’hui synonymes.
Rousseau disait : «A l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre », quoi qu’il en soit, ce débat est toujours d’actualité,

Monsieur Le Président vous êtes tombé dans votre piège
Selon la Constitution, le président du Parlement n’a aucun pouvoir, il est le représentant légal de l’Assemblée, faisant la gestion de l’administration et garantit le bon déroulement des sessions, mais les nahdhaouis sont toujours dans leur monde, ils se croient plus grands que ce qu’ils ne sont.
Ghannouchi dirige de main de fer ses fidèles qui sont comme des cerf-volant, ils sont gonflés de vent, et lorsqu’ils volent ils sont manipulé par le chef qui tire les ficelles, mais devant les députés on l’a tous vu, il fait vraiment pitié, il était mal à l’aise, il se débattait, on avait le sentiment qu’il perdait pied, il ne trouve aucun mot à dire.
On vous a pourtant conseillé mais aujourd’hui vous êtes tombé dans le panneau à pieds joints et vous l’avez fait les yeux grands ouverts.
Aujourd’hui plus que jamais les magouilles, conflits d’intérêts, mensonges, et les manipulations deviennent monnaie courante sous la coupole du parlement.
La rue aujourd’hui est dans un tel état d’ébullition que le moindre appel à l’action, même si son auteur n’est pas vraiment identifié, peut rencontrer une approbation des manifestants.
Nous avons besoin d’une révolution aussi douce que rapide, pour propulser les forces vives de la nation, se remettre à travailler, à produire, à rêver et à revivre et pour cela nous devons libèrer la justice, traiter tous les dossiers en grande priorité, bien s’attaquer à la corruption et à la contrebande et qu’on juge vraiment les corrompus de tout bord, et le peuple jugera !
Notre Pays a besoin de nous pour se remettre sur pied, il a besoin de sang neuf et d’hommes neufs,  il  a besoin d’hommes et de femmes libres et patriotes, qui croient en la démocratie et la pluralité, et qui soient à même d’offrir un projet fédérateur.
Pour cela il faut d’abord que Ali Lârayadh rende compte de toutes ses insuffisances et méfaits à la tête du ministère de l’intérieur et nous dire qui a tué chokri Belaid, Brahmi et Lotfi Nagdh, qui était derrière les graves événements de Siliana, pourquoi l’enquête sur les événements du 9 avril 2012 a été étouffée, comment la grave attaque de l’ambassade américaine a pu avoir lieu et qui a commandité l’attaque de l’Ugtt. Ce jour viendra sûrement.

*M.K Architecte

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