Dès l’origine de la colonisation, les milices, telle la Haganah, et l’armée diffusaient de fausses nouvelles pour terrifier les Palestiniens et les chasser de leur terre. Par l’entremise des moyens d’information, ils exagèrent eux-mêmes l’ampleur de leurs exactions afin d’inciter la population à déserter.
Aujourd’hui encore, toujours cousu de fil blanc, ce même procédé cherche à discréditer le Hamas à propos du 7 octobre. Bébés décapités, brûlés ou pendus en série à une corde figurent parmi les récits mensongers d’après les médiateurs israéliens. Selon l’ONU, avec 50% des habitations détruites ou endommagées, les délogés n’ont plus où aller. La maison ne procure pas qu’un toit, elle réunit les conditions de vie et la détruire peaufine la tuerie.
Devant son logis pulvérisé, une femme, désemparée, dit : « Je préfère ne plus avoir à vivre ». Mis dans la même situation, un homme dira : « C’est l’œuvre de toute une vie qui est partie ». Au vu de ces formulations, Gaza assiégée, Gaza bombardée, Gaza rasée oriente l’investigation vers la profonde signification de l’habitation. Reprenons le problème à la racine, autrement dit avant l’urbanisation. Le 4 décembre, à El Menzah 9, effrayée par la vue d’un serpent, la voisine pousse un cri strident. Je sors sur le champ et j’aperçois le reptile courir se cacher dans la boîte aux lettres. Une fois prise et auscultée, la vipère à la tête chapeautée par un V, dévoile sa dangerosité. Au look différent, la couleuvre, elle, n’a aucun venin. Voici plus d’une décennie, j’avais commis un papier afférent au hérisson. Vers minuit, le chien aboyait, tournoyait autour de la proie effarouchée. Il craignait de fourvoyer son nez sur les piquants redressés. C’était à El Manar 1, non loin d’El Menzah 9.
L’ensemble de la zone accolée à « kirch il ghaba », fut peuplé de petites bêtes sauvages avant son humaine colonisation.
Maintenant, villas et immeubles à étages saturent ces territoires jadis réservés à la faune sauvage. Surtout dès les années 80, l’urbanisation accélérée vint aiguiser une arme à double tranchant. D’une part, elle procure un logement et de l’autre, elle remplace la terre nourricière par le béton.
Avant les bipèdes, le hérisson, le renard ou le serpent creusent un trou en guise de logement. Dorénavant, l’homme dresse des murs pour sa protection. Dans ces conditions communes à l’homme et à l’animal, le génocide israélo-américain, destructeur de l’espace habité, a partie liée avec un phénomène référé à l’unité du vivant.
Par un raccourci sanguinaire, la guerre, destructrice des habitations, donne à voir les multiples aspects de la désolation. De là fuse le ressentiment provoqué à l’échelle universelle. Le rictus de l’extrême droite raciste exhibe, sans vergogne, son plaisir éprouvé face aux effets plurisectoriels de sa férocité. Abattre un homme et sa maison procure une même jubilation des assassins eu égard auxquels l’expression « n’ont-ils pas pitié » joue hors-jeu, tant le sadisme assouvi par l’extermination poursuivie après l’éphémère accalmie, pousse à l’extrême limite un processus psychosociologique. Il est moins aisé d’appréhender la façon dont l’autre nous perçoit, car chacun regarde à partir du lieu où opèrent ses projets. Pour Netanyahou et ses pareils les couloirs humanitaires ou la trêve dérangent leur perception des Gazaouis à clouer au pilori.
Le thème de la bombe sale n’a rien de fortuit et répond à la vision du grand Israël définie par Théodore Herzel.
Aujourd’hui, cette représentation génocidaire laisse aux Gazaouis le choix entre l’extermination et la vie sans qualité à travers les camps de réfugiés. Déplacés entre le Nord et le Sud, les pourchassés ne trouvent aucun espace protégé. L’armée largue des tracts et ordonne aux habitants de quitter leur quartier avant de le bombarder. La continuation de l’extermination accompagne la propagande humaniste mais ces tracts ne servent à rien. Les soldats israéliens, pris par l’instabilité, suggèrent ce mot chinois, cité par Foucault : « Qui s’agitent comme des fous ».
L’application des savoirs à ce perpétuel dépotoir les rend suspects au point d’inspirer d’autres façons de connaître et de penser. Mais lesquelles ? Une résignation ne cesse de perdurer face aux éternels rapports de force assimilés à une fatalité. Que faire devant cet air démissionnaire ? Comment substituer la convivialité à la brutalité ? La solution à deux États, en Palestine occupée, donne à voir une possibilité.
Maintenant, l’enjeu pétrolier préparerait le prochain conflit guerrier entre le Vénézuela et le Guyana. Les foyers de guerre pullulent et propulsent à l’avant-scène l’éthos militaire. Les énoncés mensongers suivent leur trajectoire coutumière mais, avec la transformation des moyens de la destruction, ils menacent non plus un pays mais l’humanité entière.
Au corps-à-corps baïllonnette au canon, succède la bombe nucléaire jusque-là inutilisée depuis Hiroshima grâce à la dissuasion. Cependant, l’attente mondialisée actualise, partout, le spectre de la conflagration redoutée. Néanmoins, l’Iran chiite et l’Arabie sunnite parviennent à désamorcer leur réciproque hostilité. Les rapports de force continuent à opérer mais le cas irano-saoudien, entre autres, illustre la complexité où la paix, aussi, peut solutionner les tensions avérées.
103