Quel rôle pour l’intellectuel dans la politique ?
La fonction de l’intellectuel est principalement critique. Il est donc forcément engagé politiquement. Pour préserver cette fonction, il évite généralement d’adhérer à des partis politiques. Mais il peut adhérer à sa manière à un parti tout en y préservant un statut
particulier, lui permettant de jouer son rôle.
Edouard Saïd pense que l’intellectuel est un amateur, contrairement à l’expert généralement impliqué dans des enjeux de pouvoir et de savoir. Il est un «outsider», qui reste marginal et étranger. Il n’est ni «un chevalier de l’universel», ni un simple praticien de la politique. Il n’est pas neutre. Il doit avoir le courage moral de «se mouiller». Je partage les vues de vue du grand intellectuel palestinien. Je n’aime pas l’attitude de ceux qui veulent nager sans se mouiller ou de ceux qui veulent rester neutre, «au-dessus de la mêlée». Ce sont des narcissiques qui veulent être infaillibles et qui ont peur de se tromper (et de les autres tremper !)
Pourquoi avoir choisi Nidaa Tounes ? Quel apport peut-il avoir dans les conjonctures politique et sociale?
Nous étions quelques intellectuels à avoir rédigé la charte des fondements historiques et philosophiques de ce parti sur lequel nous avons misé pour le rééquilibrage de la vie politique en Tunisie. Ce parti a réussi en très peu de temps et parvient depuis une année à être en tête des sondages des intentions de vote. Ses prises de position et ses grands choix politiques ne nous ont généralement pas déçus. Sa cuisine interne ne m’intéresse pas. L’essentiel est qu’il parvienne à sortir la Tunisie de ce marasme.
Quelles sont les raisons pour lesquelles Béji Caïd Essebsi semble être le candidat idéal ?
C’est tout d’abord un homme politique d’une perspicacité rare et un homme d’État bourguibien. C’est ensuite un tribun qui sait parler au peuple. Nous vivons une phase de «restauration» et non plus de révolution ou de contre-révolution. BCE est le mieux qualifié pour mener à bien cette tâche. Il pourra mettre fin à ce processus de déliquescence de l’État, tout en préservant les droits et les
libertés.
Propos recueillis par Hajer Ajroudi