Rapport de la COLIBE: Mohamed Ben Salem ouvre le feu sur BCE

Dans une déclaration accordée à Réalités Online ce jeudi 09 août 2018, le député et dirigeant au sein du mouvement Ennahdha Mohamed Ben Salem est revenu sur la polémique qu’a suscité le fameux rapport de la Commission des Libertés Individuelles COLIBE. Il a dans ce contexte réagi aux déclarations de la présidente de la commission Bochra Belhaj Hmida qui a fait savoir, sur les ondes d’une radio privée, que le chef du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi a refusé de rencontrer les membres de la commission, indiquant que la députée doit donner des détails quant à la période durant laquelle sa requête a été refusée, soit avant l’élaboration du rapport pour les négociations ou encore après la finalisation du rapport pour évaluation. « Je ne suis pas au courant de cette requête d’autant plus que le chef du mouvement est toujours ouvert au dialogue et ne refuse jamais ce genre de demandes pour quiconque même aux dirigeants à l’ère de la dictature » a-t-il lancé.
Quant aux craintes du mouvement Ennahdha de l’éventuelle adoption par BCE du rapport de la COLIBE, Mohamed Ben Salem a assuré que son parti ne craint rien. « Nous croyons en la démocratie et nous refusons catégoriquement les décisions verticales. Si le président de la République souhaite présenter une certaine proposition à l’Assemblée des Représentants du Peuple, qu’il se déplace au parlement pour livrer ses arguments et convaincre les élus. Et je ne crois pas une seconde que ce rapport puisse être un jour approuvé par l’ARP » a-t-il indiqué. Et d’ajouter: » Je ne croit pas que les dirigeants matures de Nidaa Tounes pourraient risquer leur avenir politique en adoptant ce rapport. Nous constatons que 80% des tunisiens sont contre les résultats de ce rapport. Et ce n’est pas le mouvement Ennahdha qui a réalisé ce sondage. »
Mohamed Ben Salem a considéré que le pays n’a pas besoin de ce genre de problématiques. « Je considère que le président de la République a provoqué un faux problème, ce n’est nullement une revendication populaire. Franchement le pays souffre actuellement de problèmes d’ordre économique. Ce n’est pas du tout le bon timing… Le principal rôle du président de la République c’est de préserver l’union du Peuple tunisien… Malheureusement, il est aujourd’hui en train de diviser le peuple tunisien. A chaque fois qu’il présente une proposition, il provoque un faux débat et finit par diviser les tunisiens. Même des experts ont conseillé BCE d’abandonner cette question d’autant plus que le peuple n’a pas exprimé son accord avec ce rapport. Dans un pays démocratique, il n’est pas question de permettre aux dirigeants politiques d’imposer des décisions verticales sur le peuple ou d’exercer des pressions ou quoi que ce soit. Les députés doivent donner leur avis par rapport à cette question, et s’il le faut, on procédera par référendum.« a-t-il lancé.
Le dirigeant du parti islamiste a considéré qu’en pleine transition démocratique que connait aujourd’hui la Tunisie, le président de la République souhaite faire passer des lois que même  les ex-systèmes dictateurs n’avaient pas pu réaliser. « Dans ce cas, je dirais que le président a été trahi par ses « conseillers ». Ils ne l’ont pas conseillé pour ses beaux yeux… Je souhaite réellement que la raison l’emporte. L’important n’est pas de faire quelque chose que ni Bourguiba ni Ben Ali n’ont pu accomplir. Dans un système démocratique, les dirigeants ne peuvent pas imposer des règles qui ne se conforment pas avec les piliers et principe de la société sans que le peuple n’exprime son avis. Les questions évoquées dans cette affaire -en référence au rapport de la COLIBE –  ne sont pas du tout une rigolade, sachant que les dispositions du code du statut personnel trouvent leurs origines dans la religion, y compris la question de l’interdiction de la polygamie. En effet, cette interdiction ne s’oppose nullement à la religion comme le pensent beaucoup de gens… Mais ce qu’on essaye actuellement de faire passer s’oppose réellement aux préceptes islamiques et ceci est inacceptable, d’autant plus que la commission n’avait pas donné la parole aux spécialistes religieux sous prétexte que les hommes de religion sont incompétents et inaptes de donner leur avis par rapport à des questions pareilles . »a-t-il ajouté.
Le dirigeant du mouvement Ennahdha a fini par dire que « la mentalité des laïcs qui se croient au dessus du peuple et de toutes les personnes qui ne partagent pas le même avis que le leur, est à l’origine de tout ce chaos dont souffre aujourd’hui notre pays« .

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