Un silencieux orage fait actuellement rage, mais en douceur, au sein d’Ennahdha. La cause ? La reconduite contestée de Rached Ghannouchi à la tête d’Ennahdha. Plusieurs figures du parti mènent actuellement la fronde. C’est l’exemple de Samir Dilou, député et chef du groupe parlementaire du parti islamiste à l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple).
S’exprimant dans Politica ce mardi 27 octobre 2020, il n’a pas mâché ses mots en évoquant le Cheikh. Tout d’abord, c’était au sujet de la candidature de Ghannouchi à sa propre succession à la tête d’Ennahdha. « Personne, quelle que soit sa position, n’est valable éternellement », a-t-il déclaré en réagissant à la possibilité de l’amendement de l’article 31 du règlement intérieur d’Ennahdha – qui interdit, dans sa version actuelle, au-delà de deux mandats -. Dilou considère, dans ce même contexte, que l’alternance constitue la véritable échéance légale et éthique. « Un quelconque passage en force sera synonyme d’un suicide », a-t-il lâché.
Gheriani, conseiller de Ghannouchi : « nous n’avons pas été consultés »
Autre sujet de discorde abordé par le député : la possible désignation de Mohamed Gheriani, ancien SG du RCD dissout, en tant conseiller de Ghannouchi dans son cabinet à l’ARP. Là encore, Samir Dilou ne s’est pas fait prier pour critiquer, à sa manière, l’initiative du Cheikh. « Nous n’avons pas été consultés au sujet de cette proposition. Les couches profondes d’Ennahdha n’ont pas approuvé cette décision. Je ne suis pas défavorable au fait que Gheriani détienne un rôle dans la Tunisie de l’après-2011. Or, cela ne signifie pas qu’il le faut le charger d’un dossier qui le concerne directement – la réconciliation -« , a-t-il expliqué.
Après une accalmie qui n’a que trop peu duré, il semble qu’une nouvelle vague de contestations est sur le point de submerger Ennahdha et son actuel président. Malgré toutes ces remises en question et ces critiques, Rached Ghannouchi va-t-il continuer à s’accrocher à son siège ?