Rassembler

Par Mohamed Ali Ben Sghaïer

Le troisième projet de la Constitution, publié il y a quelques jours, n’a laissé personne indifférent. Cette version qui vient de voir le jour après un “travail colossal” a suscité une grande polémique et a ouvert la porte devant une campagne d’accusations.

Certains, comme Mustapha Ben Jaafar, président de l’ANC, parlent de la “meilleure Constitution” au monde, d’autres, à l’instar de la députée Samia Abbou, considère ce troisième projet comme “un coup d’État constitutionnel”. Mais où est la vérité dans tout cela ?

De prime abord, il faut signaler que quelle que soit la dernière mouture de cette Constitution, ô combien attendue, elle ne va pas satisfaire toutes les parties politiques, ni même tout le peuple tunisien. Toutefois, il faut qu’il y ait quand même un  consensus général sur les “principes de base”, ou bien sur les fondamentaux de cette future Constitution de la deuxième République. Qu’il y ait des désaccords ou des différends sur tel ou tel point, c’est tout à fait normal, c’est un signe de bonne santé en matière de démocratie. Cependant, et compte tenu de ce qui a été révélé à travers les médias par les députés de l’opposition et même par certains députés nahdhaouis, on peut affirmer qu’on est loin des pratiques démocratiques. On parle d’éventuelles pratiques illégales et illégitimes pour écrire une Constitution sur mesure. On risque même d’avoir une Constitution qui mènerait à un État théocratique.

L’UGTT, les médias, les juges et bien d’autres corps de métiers,  sont défavorables à cette version. Sans oublier la grande polémique sur la question de l’équilibre entre les deux présidences. Le mouvement Ennahdha —bien que son leader, Rached Ghannouchi ait exprimé la possibilité de faire des concessions en faveur de l’opposition— voudrait, à travers ce projet, semer davantage de dissension et de haine entre les citoyens. Le rejet du régime présidentiel par le bloc d’Ennahdha au sein de l’ANC, est l’arbre qui cache la forêt. Barrer la route au retour de la dictature “individuelle”, risque de préparer le retour à la dictature d’un parti.  

Ceci dit, seul le consensus, pourrait mettre fin à ces altercations et à ce climat tendu. Avant de faire passer cette mouture devant l’Assemblée générale, il faut qu’il y ait un vrai dialogue national pour surmonter les obstacles. 

Avancer aujourd’hui l’idée de passer le projet au référendum avant même qu’il ne soit passé par l’AG, pourrait donner un mauvais signe pour le Tunisien. Il est vrai que le référendum est une pratique démocratique, mais, il nous semble, qu’après plus d’un an et demi d’attente, le Tunisien qui a accordé toute sa confiance en ses représentants pour essentiellement rédiger une Constitution et asseoir une vraie politique avec des prérogatives bien claires pour nos gouvernants, se trouve obligé de trancher lui même. Ce scénario plausible, risque de mettre le pays à feu et à sang surtout que la situation économique et sécuritaire est très délicate. Le scénario égyptien en témoigne. C’est pourquoi les députés de l’ANC sont appelés à aboutir à des compromis pour que cette Constitution de la nouvelle Tunisie réponde aux attentes de tous les Tunisiens, sans exception. La majorité parlementaire ne doit jamais être déterminante à ce niveau. Seul le consensus compte. Nous voulons une Constitution qui rassemble, et non qui sépare. 

 

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