Reconfiguration du secteur bancaire marocain : les banques françaises cèdent le pas aux acteurs locaux

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Le secteur bancaire marocain traverse une phase de restructuration significative, marquée par le retrait progressif des banques françaises au profit d’acteurs locaux. Crédit Agricole et Société Générale, deux poids lourds français, ont récemment cédé leurs filiales marocaines, mettant ainsi fin à leur présence directe dans le royaume. Ces opérations s’inscrivent dans un contexte de rationalisation des activités et de réajustements stratégiques, bien que des interrogations subsistent quant aux motivations profondes de ces cessions.

Des cessions aux motifs prudentielles et stratégiques

Au demeurant, ces cessions ne sont pas sans explication. Les banques françaises invoquent des raisons prudentielles, une rationalisation de leurs activités et des réajustements stratégiques. Par ailleurs, Moulay Hafid Elalamy, homme d’affaires marocain et ancien ministre, a acquis Société Générale Maroc et La Marocaine Vie pour un montant de 745 millions d’euros. De même, Crédit du Maroc est désormais intégré au groupe Holmarcom, un acteur majeur du paysage économique marocain. Ces transactions illustrent une tendance plus large : le renforcement des acteurs locaux face à des établissements étrangers en perte de vitesse.

Il sied de noter que les banques marocaines ont consolidé leur position en 2023, selon les données de la banque centrale chérifienne, Bank Al-Maghrib (BAM). Les établissements à capital privé marocain ont accru leurs parts de marché dans des domaines clés tels que les actifs totaux, les dépôts et les crédits. À l’inverse, les banques à capital majoritairement étranger, notamment françaises, ont enregistré des reculs significatifs. Cette dynamique s’explique en partie par la stratégie d’expansion continentale et les innovations déployées par des géants locaux tels qu’Attijariwafa Bank, Banque Populaire et Bank of Africa. Ces institutions ont su tirer parti de la diversification de l’économie marocaine et de l’ouverture de nouveaux marchés pour affermir leur position dominante.

S’ajoute à cela une certaine rigidité des banques françaises, dont la gouvernance reste fortement centralisée à Paris. Leur incapacité à s’adapter rapidement aux spécificités locales, notamment en période de crise, a été un handicap majeur. « Les directives venues de leur maison mère étaient parfois déconnectées des réalités marocaines », relève un observateur du secteur. Cette déconnexion a sans doute contribué à leur affaiblissement face à des concurrents locaux plus agiles.

Une situation similaire en Tunisie ? 

Par ailleurs, cette tendance n’est pas isolée au Maroc. En Tunisie, BNP Paribas a cédé, en 2019, 39 % de sa participation dans l’UBCI (Union Bancaire pour le Commerce et l’Industrie) au groupe CARTE, un acteur important de l’assurance dans le pays. Quant à Société Générale, elle a renoncé, en février 2025, à céder sa participation dans l’UIB (Union Internationale de Banques). Dans un communiqué, le groupe a indiqué qu’il préférait se concentrer sur le renforcement de l’UIB et sa transformation au service de l’économie tunisienne, tout en restant « attentif aux évolutions du marché et à l’écoute de toute opportunité alignée avec ses objectifs stratégiques ».

Il convient de souligner que le retrait de Société Générale, troisième banque française et 17e mondiale, reste une possibilité, bien que non immédiate. Le groupe a affirmé qu’il demeurerait ouvert à des opportunités futures, tout en privilégiant une approche prudente. Cette position reflète les défis auxquels font face les banques françaises dans un environnement de plus en plus concurrentiel et marqué par la montée en puissance des acteurs locaux.

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