Ils sont diplômés en français, en arabe, en anglais, en comptabilité ou encore en finances au chômage. Aujourd’hui ils sont enseignants dans des écoles primaires privées pour assurer la rentrée 2015/2016. C’est la reconversion qui a permis à ces diplômés au chômage d’intégrer le marché du travail. Focus.
La Tunisie compte aujourd’hui un grand nombre de chômeurs dont la majorité, sont des diplômés du supérieur. L’enseignement supérieur produit chaque année près de 80.000 diplômés. Parmi les raisons de ce chômage c’est la déconnexion entre la demande et l’offre sur le marché du travail. Ce que les universités produisent comme diplômés ne correspond pas aux profils demandés par les entreprises. Il existe des secteurs émergents en Tunisie qui peinent à trouver les profils adéquats. Alors que le gouvernement et notamment le ministère de l’Enseignement supérieur semblent incapables de reformer le secteur, il existe un concept aujourd’hui permettant de reconvertir certains diplômes infructueux sur un marché du travail saturé. Ainsi le premier Centre d’Orientation et de Reconversion Professionnelle (CORP) vient de voir le jour en Tunisie. C’est le fruit de la collaboration entre la GIZ Tunisie et la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK). Dr. Andreas Reinicke, ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne en Tunisie a annoncé que la première opération de reconversion de 15 diplômés du supérieur et leur intégration dans le secteur privé a, d’ores et déjà, été engagée. Grace à un partenariat avec le bureau de l’emploi de Sousse, ces 15 chômeurs seront en poste en tant qu’enseignants dans une école primaire privée pour assurer la rentrée 2015/2016.
Le CORP est le fruit de la coopération entre la Tunisie et l’Allemagne. Pour mieux aider la Tunisie dans cette période de transition, et pour plus d’efficacité, l’Allemagne s’est engagée dans des actions et projets dont l’objectif est réalisable. Parmi ces projets, il y a le CORP. Selon ses représentants, le Centre « se veut être un des acteurs qui contribueront à apporter des solutions concrètes aux différentes problématiques liées à l’emploi et particulièrement par l’introduction de la reconversion, une notion encore nouvelle en Tunisie et sur laquelle beaucoup d’espoirs ont été fondés ». Le CORP propose, également, un grand nombre de services tels que l’orientation et la formation des chercheurs d’emploi, un accompagnement des entreprises dans la sélection des candidats et l’identification de leurs besoins, la formation de conseillers en orientation et en reconversion professionnelle.
Le CORP est le résultat d’une analyse du marché de l’emploi en Tunisie. Cette analyse a conduit à certains constats notamment l’inadéquation entre les qualifications des diplômés de l’enseignement supérieur et les besoins émis par les entreprises sur le marché de l’emploi.
Aussi, à proportions différentes, l’enseignement est-il, d’une manière générale, relativement déconnecté de la réalité du marché de l’emploi.
Il est à noter aussi que la reconversion ne touche pas seulement les métiers saturés, mais peut aussi toucher des individus ne trouvant pas leur épanouissement professionnel dans ce qu’ils font ou dans ce que leur diplôme leur permet de faire.
Le CORP table actuellement sur 1000 renversions qui devraient se faire d’ici fin février 2016. Cela ne veut en rien dire que l’action du CORP finira avec la réalisation de cet objectif. Les responsables du Centre envisagent de prolonger leur activité bien au-delà de cet objectif et toucher des secteurs tels que les communications ou l’hôtellerie qui cherchent à lancer un processus de reconversion pour le métier de commercial.
D’un autre côté, les responsables du CORP tiennent à préciser qu’ils ne cherchent aucunement à se restreindre dans tel ou tel diplôme « convertible » mais qu’ils répondent à des besoins réels et clairs identifiés auprès d’entreprises sur tout le territoire tunisien. Ils œuvrent, ainsi, à découvrir par un travail de proximité sur le terrain, les métiers porteurs en Tunisie et s’offorcent à les dévoiler au grand public et à l’aider à y accéder.
Réalités magazine 1550