Le secteur oléicole tunisien traverse une période paradoxale. Entre novembre 2024 et mai 2025, les exportations d’huile d’olive ont enregistré une performance contrastée. Les chiffres de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri) révèlent une augmentation de 39,4% des quantités exportées, atteignant 207.300 tonnes. Cependant, cette progression volumétrique s’accompagne d’une baisse inquiétante de 29,3% des recettes, qui se situent à 2.801,2 millions de dinars (848,84 millions d’euros).
L’explication de cette contradiction réside dans l’effondrement des cours. Le prix moyen à l’exportation a connu une baisse spectaculaire de 49,3%, passant de 26,65 dinars/kg (8 euros/kg) en mai 2024 à seulement 13,51 dinars/kg (4,09 euros/kg) en 2025. Cette correction intervient après les niveaux exceptionnels atteints lors de la précédente campagne, alors même que la demande mondiale reste soutenue.
L’analyse des destinations montre une redistribution des flux commerciaux. Les États-Unis s’imposent comme premier client avec 34,3% des volumes exportés, devant l’Espagne (21,8%) et l’Italie (21,2%). Le segment bio, qui représente 19,6% des exportations en volume et 19,8% en valeur, affiche des performances similaires avec 40.700 tonnes écoulées pour 553,4 millions de dinars (167,69 millions d’euros). L’Italie domine ce créneau particulier, absorbant 53% des ventes bio tunisiennes.
Le secteur continue cependant de pâtir d’une faible transformation locale. Les huiles conditionnées ne représentent que 6,3% des exportations bio, soulignant les limites actuelles en matière de création de valeur ajoutée. Cette situation met en lumière les défis que doit relever la filière pour améliorer sa position dans la chaîne de valeur internationale, alors que les fondamentaux du marché mondial restent favorables.