Traditionnellement, patrimoine et modernité s’opposent. Pourtant le centre international pour l’économie culturelle digitale de Tunis (TICDCE) pense que les nouvelles technologies peuvent donner un second souffle aux monuments historiques tunisiens.
C’est exactement ce qu’il met en avant à travers l’organisation de cet Hackathon sur le musée de Salakta, à Mahdia, du 15 au 18 mai. Pendant quatre jours, des groupes de jeunes, répartis en différentes équipes, font la navette entre Salakta et la cité de la culture pour imaginer des solutions permettant de valoriser le lieu culturel inauguré en 1980. A l’issue de quoi seront désignés trois lauréats qui auront l’occasion de présenter leurs projets devant le ministère de la culture, ce dimanche 18 mai, à Salakta.
Travaux de groupes, maquettes, workshops avec des experts, préparation aux pitchs : Réalités Online a suivi l’avancée des travaux des différents groupes, lors de la journée du 15 mai, à la cité de la culture, au siège de la TICDCE.
Réinventer le patrimoine
« Salakta est une très belle place, mais n’est malheureusement pas bien exploitée. Le musée, par exemple, n’est pas trop grand. L’idée de cet Hackathon est, entre autres, de lui permettre de s’étendre. Pour moi, c’est une chose essentielle, car après tout, ce monument fait partie de notre culture, de notre héritage. », constate Chahine, étudiante à la Tunis Business School (TBS)
Chez tous les jeunes participant à cet Hackathon, persiste l’idée d’un potentiel endormi, qu’il convient de réveiller à l’aide de moyens modernes : « Le but principal est de donner un second souffle à ce vieux musée. Pour cela, nous voulons mettre en place une sorte de “gamification”, pour rendre l’expérience plus interactive. Nous voulons implémenter de la 3D, des hologrammes, des chatbots, pour enrichir l’expérience visiteur. Nous voulons également rendre possible des visites virtuelles, pour donner un avant goût et donner envie aux personnes de venir à Mahdia, et de visiter le musée », précise quant à lui Essie, également étudiant à la TBS, mais faisant partie d’une autre équipe. « Actuellement, c’est un petit musée. Mais nous avons de l’ambition de créer tout un écosystème, tout un village autour de ce musée, avec des cafés, des endroits où faire du shopping, etc. Il y a le potentiel de faire quelque chose comme Sidi Bou Saïd par exemple, » poursuit-il.

Un groupe, en train de travailler sur leur solution et leur pitch.
Certains comptent mettre à profit leurs compétences spécifiques pour répondre aux objectifs de ce hackathon, à l’instar d’Elyes, ingénieur en informatique : « Personnellement, je suis spécialisé dans le domaine de la réalité étendue (XR). C’est pourquoi le travail de notre groupe consiste à trouver des solutions pour valoriser l’offre proposée par le musée de Salakta, en utilisant les technologies de réalité virtuelle, de réalité augmentée ou de réalité mixte, pour proposer aux visiteurs des expériences plus immersives. »
Une excellente opportunité
Dans des salles à l’ambiance modernes et épurées, parsemées de références aux patrimoines ça et là, l’ambiance était très studieuse. Le signe d’une motivation à la hauteur des enjeux pour les participants : « Les trois lauréats auront l’occasion de présenter leurs idées devant le ministère de la culture, dimanche à Salakta. C’est une excellente opportunité pour nous, d’avoir la possibilité de voir notre travail récompensé par les plus hautes instances », affirme à ce propos Chahine.
Mais au-delà de la récompense, c’est surtout la perspective de changer les choses qui attirent les jeune formant les différentes équipes : « J’adore ce hackathon, parce qu’ils nous donnent l’opportunité de faire quelque chose d’utile pour la Tunisie, de changer la donne. On l’a vraiment ressenti lorsque l’on s’est rendu à Mahdia le premier jour, où on a pu échanger avec les personnes travaillant au musée et les habitants, à propos de leurs idées, de leurs besoins, de ce qu’ils espèrent pour cet endroit. On a le sentiment de pouvoir impacter positivement des vies », conclut Essie.