Par Ridha Lahmar
Les circuits de commercialisation actuels des produits agricoles sont un obstacle majeur au développement de l’agriculture dans notre pays et en même temps une catastrophe pour le consommateur au niveau des prix.
En effet, le marché de gros de Bir El Kassaa, qui a une vocation nationale, consacre le règne des commissionnaires, les fameux “Habbatas” qui font et défont les prix et maîtrisent les transactions, non pour le compte et dans l’intérêt des producteurs, mais dans leur propre intérêt, puisqu’ils sont rémunérés proportionnellement aux prix pratiqués. D’où la tendance permanente aux surenchères.
Lorsque les produits agricoles empruntent d’autres circuits, les prix peuvent tripler ou quadrupler : c’est la dictature des spéculateurs qui ont recours aux entrepôts et à la conservation frigorifique pour le dosage de l’offre sur le marché en fonction du niveau des prix.
Nous sommes là au cœur de la problématique de l’inflation vertigineuse des prix des denrées alimentaires et, en même temps, au centre du phénomène dévastateur de la recrudescence de la contrebande.
Il faut dire que le défaut majeur en la matière réside dans le fait que les producteurs affirment être obligés de vendre leurs produits à des prix bas, parfois en dessous du prix de revient sous la pression des intermédiaires, alors que les consommateurs souffrent au niveau des prix élevés pratiqués sur le marché. Cela est confirmé par les faits, puisque le même fruit ou légume voit son prix passer du simple au double au lieu de subir une marge bénéficiaire normale de 15 à 20%.
Il y a là un constat objectif aberrant… Il est légitime de se poser la question suivante : pourquoi l’État fait-il obligation aux producteurs agricoles de passer par le marché de gros ?
Il y a tout d’abord un régime économique libéral qui privilégie la loi du marché pour la fixation des prix suite à la confrontation entre l’offre et la demande. Hormis les cas exceptionnels de dérapage des mécanismes du marché qui obligent l’État à intervenir pour la régulation des prix. Pour ce faire, l’État a créé le marché de gros en vue de favoriser la fixation de prix de référence suite à la confrontation de l’offre à la demande : les commissionnaires exposent à la vue des marchands de détail des fruits et légumes et autres acheteurs les produits agricoles expédiés par les producteurs en vue de leur vente.
De brèves négociations entre les uns et les autres, après examen rapide de la qualité et des volumes produit par produit, permettent de fixer une fourchette de prix, jour par jour.
L’État a mis en place les marchés de gros pour deux autres raisons principales. Tout d’abord pour le contrôle de l’hygiène des produits agricoles et leur qualité sanitaire, qui doit être saine et apte à la consommation, ce qui justifie la présence de médecins, de vétérinaires (poisson, volaille) et d’inspecteurs de l’hygiène publique.
Ensuite, le prélèvement d’impôts et taxes, à caractère étatique et municipal.
Selon les responsables du commerce intérieur, seulement 26% de la production transite par le marché de gros de Bir El Kassaaa, ce qui ne permet pas la “confrontation” physique et réelle entre offre et demande et donc favorise plutôt la flambée des prix.
Si l’État a une volonté réelle de régulation des prix sur le marché, susceptible de rémunérer correctement les producteurs qui doivent être le maillon fort et à la base de la filière sans pour autant pénaliser les consommateurs dont le pouvoir d’achat est limité, il faudrait tout d’abord réduire la contrebande à travers les frontières, lutter et sanctionner sévèrement les spéculateurs, mais aussi renforcer le dispositif de contrôle des prix et le rendre plus efficace.
C’est ensuite l’abondance de l’offre qui permet de réguler les prix sur le marché. C’est pourquoi ce sont les encouragements aux producteurs qui engendrent le plus d’efficacité plutôt que l’imposition d’un prix plafond que les commerçants réfutent et qui est difficile à faire respecter sur tous les marchés dans tout le pays.
L’ouverture d’un réseau dense de points de vente “du producteur au consommateur” est très utile pour servir de référence, mais cette mesure doit devenir permanente et non pas circonstancielle et liée au seul Ramadan.
La réforme des circuits de distribution des produits agricoles passe par une restructuration de la profession d’agriculteurs qui doit créer ses propres structures de commercialisation ayant pour charge de négocier avec les commerçants de détail et les collectivités afin d’écouler les produits sur les marchés de gros, sans passer par les intermédiaires rapaces.
La traçabilité devrait être mise en application pour sauvegarder l’hygiène des produits, car il y va de la santé des consommateurs.
La Tunisie à Planète-PME
La Tunisie a participé à la 16e édition du Forum de Planète PME à Paris dans le cadre de la semaine économique tunisienne organisée récemment en France. La délégation tunisienne était dirigée par M. Mehdi Jomaa, ministre de l’Industrie qui a rencontré Mme Nicolle Bricq, ministre du Commerce extérieur. Celle-ci a déclaré que de nouvelles pistes de la coopération industrielle tuniso-française et du partenariat seront mises au point lors de la prochaine visite du président François Hollande en Tunisie.
Planète-PME est le rendez-vous incontournable des PME avec 1000 participants, dont 200 experts français et étrangers, 100 stands d’exposition et 4 ateliers de débats. Dans son discours le ministre de l’Industrie a lancé un message aux investisseurs en précisant que la transition politique est progressive et qu’elle permettra de relancer l’industrie tunisienne selon de nouvelles orientations, à savoir la promotion du savoir et des technologies haut de gamme.
M. Noureddine Zekri, Directeur général de la Fipa, est intervenu dans le débat pour dire qu’il y a 1270 entreprises françaises ou mixtes implantées en Tunisie avec 127 unités nouvellement crées en 2012.
Au stand de la Tunisie organisé par l’APII, la FIPA et le Cepex, les P-DG des technopôles implantés en Tunisie recevaient les investisseurs français pour leur donner des précisions sur les missions et les avantages des technopôles.
Percée du leasing tunisien en Afrique de l’Est
Amen-bank et Tunisie-leasing ont obtenu les agréments nécessaires pour l’acquisition de 60% du capital d’une société de leasing africaine présente et active dans neuf pays d’Afrique de l’Est.
Par ailleurs, il y a lieu de remarquer que l’Afrique subsaharienne représente un relais de croissance prometteur pour notre pays pour ce qui est de nos exportations de biens et services. Pour ce faire, nos banques doivent s’y implanter pour accompagner sur place nos entreprises dans le but évident de les soutenir.
Il y a trop de cash dans le pays
La crise de confiance qui règne dans le pays a provoqué des retraits massifs d’argent dans les banques au lendemain du 14 janvier 2011, soit 1800 MD, même si par la suite plus de la moitié de ce montant a été de nouveau déposé dans les banques.
Il est évident que beaucoup d’argent en espèces circule dans le pays et échappe au circuit bancaire.
Cette monnaie fiduciaire a engendré entre autres un manque de liquidités dont souffrent les banques et qui les obligées à emprunter quotidiennement à la BCT pour faire face aux besoins de leur clientèle.
Cela explique l’engouement du public pour l’achat de coffres-forts qui se vendent par camions pleins à craquer et stationnés au bord des routes au vu et au su de tous.
Il s’agit, entendons-nous, du commerce parallèle des coffres-forts introduits clandestinement dans le pays et qui permettent de conserver des espèces chez soi.
Il existe plusieurs préoccupations chez ceux qui détiennent de fortes sommes d’argent en espèces : fraude fiscale, contrebande et commerce parallèle entre autres.
Il faut dire que le commerce parallèle a pris des proportions surprenantes, aussi bien dans les grandes villes que dans les campagnes à travers les souks hebdomadaires. Les économistes estiment que le commerce parallèle accapare en Tunisie 40% de l’ensemble de l’économie du pays, ce qui est beaucoup.
C’est dire que 40% des transitions économiques échappent à la fiscalité et au circuit bancaire avec toutes les retombées sociales, financières et administratives que cela occasionne.
La meilleure preuve en est que le nombre de voitures neuves et luxueuses importées sans transfert de devises avec paiement d’un minimum de droits et taxes exposées sur la voie publique est hallucinant.
Il y a là la poursuite d’un système aberrant pratiqué au grand jour aux dépens du réseau officiel des concessionnaires et surtout aux dépens des recettes du Trésor public et de l’équilibre du budget de l’État.
TUNISAIR réduit son endettement
Dans le cadre de son programme de restructuration et de relance, TUNISAIR a décidé de réduire son endettement. Celui-ci étant lourd à assumer : 950 MD par an selon la déclaration de son P-DG. M. Rabah Djerad. C’est pourquoi TUNISAIR a négocié avec Airbus Industries pour revoir à la baisse son plan de renouvellement de flotte. En effet, la commande de TUNISAIR qui portait entre autres sur 6 long-courriers A330 et A350 pour desservir la Chine et le Canada ne porte plus que sur 3 long-courriers dont la date de livraison a été reportée. Par contre, la date de livraison d’un Airbus A320 a été avancée d’un an.
Cela permettra à TUNISAIR de ramener son endettement à 400 MD par an, ce qui est parfaitement soutenable.
Les déficits de TUNISAIR pour l’exercice 2011 et 2012 sont essentiellement dus, en sus de la crise du tourisme et du prix du kérosène, aux accords précipités au lendemain de la Révolution et relatifs à la réintégration du personnel des filiales ainsi qu’à la titularisation massive des contractuels saisonniers.
C’est pourquoi pour revenir à l’équilibre TUNISAIR a prévu de négocier avec les syndicats les conditions d’un allègement de son personnel en 2014 et 2015.
Ridha Lahmar