Réformes du système de formation continue en Tunisie: quelle stratégie?

Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 07 décembre 2018, le Centre National de Formation Continue et de Promotion professionnelle CNCFPP a annoncé la mise en place d’une stratégie visant la mise en place d’une plateforme de formation professionnelle continue en Tunisie efficace et performante. Il s’agit d’une stratégie dont l’objectif est de résoudre les principales problématiques qui entachent son fonctionnement et qui sont en réalité le résultat du manque d’enracinement de la culture des ressources humaines au sein des entreprises et de la lourdeur de la bureaucratie tunisienne.
Dans une déclaration accordée à Réalités Online, Zied Rouissi, Directeur Général du CNCFPP a affirmé que cette stratégie a été mise en place sur 3 niveaux. Dans un premier temps une action de digitalisation des services du centre particulièrement pour les outils de financement a été mise en place dans le but d’enrichir le système d’information du centre par une nouvelle composante logicielle. A cet effet, 5 applications digitales ont été développées. Elles seront officiellement fonctionnelles à partir du début du mois de janvier 2019. « Une première application mise en ligne à disposition des entreprises et qui concerne le dépôt et le suivi de leurs dossiers de formations continues pour bénéficier du financement à travers l’instrument crédit d’impôt en ligne MALEK. Ce dispositif permettra de répondre dans les meilleurs délais aux sollicitations des utilisateurs et d’assurer une interactivité entre l’ensemble des services de l’établissement. Une deuxième pour les formateurs qui permettra de s’assurer de la fiabilité des données déclarées par les formateurs et faciliter le contrôle des actions de formation. Une troisième pour les cabinets de formation en activité qui a pour objectif de mettre en place une base de données fiables des opérateurs de formation . Une quatrième pour les statistiques. A titre d’exemple le nombre des formations, des apprenants, les domaines d’intervention etc. Et une cinquième application pour l’opération de contrôle pour tout ce qui est droit de tirage,« a-t-il expliqué.
La digitalisation de l’action du CNFCPP constitue donc une solution concrète apte à corriger certaines dérives et capable de réduire considérablement et efficacement les délais de traitement des dossiers des entreprises qui peuvent atteindre huit ans dans certains cas de figure.
Quant au deuxième axe de cette stratégie, il consiste au renforcement du niveau des partenariats entre le CNFCPP et les partenaires extérieurs à l’échelle nationale et internationale. A cet effet, des conventions de partenariat ont été signées avec certaines entreprises notamment la SNCFT, l’ANME, la SRTK et la CTF et ce, afin de les assister pour évoluer vers le statut d’entreprises de référence en matière de formation continue, en tant que facteur de développement des ressources humaines.
Le troisième axe de cette stratégie consiste quant à lui en l’opération de décentralisation. « Face à un personnel territorial en inadéquation avec le transfert de compétences et un cadre institutionnel en mouvement, le CNFCPP a déployé des efforts afin d’accompagner la décentralisation à travers un plan national de développement de compétences et ce en collaboration avec le Centre de Formation et d’Appui à la Décentralisation…Nous avons déjà 30 entreprises filiales sur tout le territoire tunisien, on va donc accompagner l’opération de décentralisation… »a-t-il affirmé.

De son coté, Jabran Bouraoui, secrétaire général de la fédération générale de la formation professionnelle et de l’emploi, a salué l’initiative du CNFCPP et le rôle qu’il joue dans la promotion de la culture de la formation continue au sein des entreprises tunisiennes. Toutefois, il a noté que les attentes des travailleurs restent toujours insatisfaites expliquant que les centre de promotion professionnelle existant actuellement ne couvrent pas toutes les régions de la République et ne permettent donc pas à l’ensemble des classes de travailleurs de bénéficier de ses services.
Il a ajouté que la formation dont bénéficie l’employé et qui a pour objectif d’améliorer les compétences de ce dernier, répond rarement à ses besoins. « Malheureusement, le système mis en place ne permet pas à l’employé de donner son avis par rapport au contenu de la formation. Il ne peut non plus exprimer ses attentes ou choisir la période au cours de laquelle il va bénéficier d’un cycle de formation » a-t-il regretté.
Jabran Bouraoui, a estimé que ce point constitue un point faible particulièrement dans le secteur public, compte tenu du volume des ressources financières réservées à la formation continue au sein des entreprises publiques. « D’un coté, on parle du rendement des entreprises publiques et d’un autre coté, l’effort fourni dans le cadre de ce domaine, reste malheureusement insignifiant » a-t-il lancé.
Pour sa part, le représentant de la Société nationale des chemins de fer tunisiens SNCFT a salué le projet de partenariat de trois ans avec le CNFCPP. Ce partenariat consiste particulièrement en la formation des formateurs au sein de la SNCFT et l’élaboration d’un plan de formation triennal visant à former particulièrement les nouveaux agents qui vont être recrutés au sein de la société.

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