Par Nadia Ayadi
Que dire de ce voyage en Chine en ce mois de juin 2025 ? Par où commencer dans ce pays immense où se déplacer d’une ville à une autre prend énormément de temps ? C’est qu’il y a plusieurs Chines en Chine… Partir un jour si loin, moi qui rêvais de voir ce grand pays mais ma phobie de l’avion m’empêchait même de voyager à Djerba. Trois incroyables villes chinoises où il fallait prendre l’avion à chaque fois m’ont sans doute guérie de cette hantise d’être dans les airs. Atterrir après 24 heures de vol depuis Tunis avec une escale en Turquie pour arriver à Pékin a été un véritable soulagement d’être enfin sur terre. Une terre, vue du ciel et enveloppée de milliers de fleuves, comme des veines nourricières de la Chine…
Pékin, cette belle ville où il y eut les JO que j’avais suivis sans pour autant penser qu’un jour je serais sur place et verrais cette spectaculaire muraille de Chine, la cité interdite, les bateaux qui dansent sur l’eau remplie de lumière… En Chine, au niveau du dépaysement, je peux vous assurer que j’ai été servie !
Nadia Ayadi admirant la belle Perle de l’Orient d’en-haut, dans ce Shanghai vertical
Une ville en constante évolution
Pékin, la capitale de la République populaire de Chine est le cœur culturel, politique et social du pays. Une ville vibrante en constante évolution qui se développe à pas de géant et qui lutte pour conserver son caractère traditionnel.
Paradoxal mais authentique, les gratte-ciels s’élèvent fièrement aux côtés des petites maisons traditionnelles de l’ancienne ville.
La cité exclusive aux empereurs est aujourd’hui accessible au peuple
Tôt le matin, le guide était déjà au rendez-vous pour une visite dans la Cité interdite. Une gigantesque forteresse dans laquelle les empereurs ont régné durant plus de 500 ans. Elle était à l’époque uniquement accessible aux empereurs, le peuple n’avait pas le droit d’y pénétrer, d’où son nom « Cité interdite », aujourd’hui accessible à tous.
Pékin a été le point de départ pour découvrir également l’une des sept merveilles du monde, la Grande Muraille de Chine. Un monument impressionnant qui attire des millions de visiteurs chaque année. Elle est considérée comme l’une des plus grandes réalisations humaines au monde. Sa longueur totale est estimée à 8.851,8 km, une structure surnommée en chinois « La longue muraille de dix mille li ».
Malgré les mythes qui circulent, telle la légende selon laquelle la Muraille serait visible depuis la lune, sa taille et sa longueur restent impressionnantes, avec des tours de guet et des bastions qui la rendent encore plus sublime.
Le Palais d’été
Une autre visite marquante : le Palais d’été de Beijing. Il a été créé en 1750, détruit partiellement lors de la guerre de 1860, puis restauré sur ses fondations d’origine en 1886. Aujourd’hui, il représente un véritable chef-d’œuvre de l’art des jardins paysagers chinois. Mes yeux ont été inondés par les paysages féeriques naturels des collines et des plans d’eau conjugués à des éléments de fabrication humaine tels que les pavillons, les salles, les temples et les ponts pour en faire un espace paradisiaque harmonieux et exceptionnel.
Chongqing et son métro qui fonce dans l’immeuble
Chongqing est une ville lumineuse érigée dans les montagnes. On l’appelle aussi « ville-montagne». Son paysage urbain est très particulier, en raison du relief naturel auquel elle a dû s’adapter. Au cœur de la ville, les immeubles surgissent de la route, au-dessus et en-dessous. C’est comme s’ils étaient adossés à la montagne. Ils dessinent à l’horizon des lignes qui se superposent jusqu’à l’infini. On nous dit que Chongqing a également hérité d’un autre surnom, « le fourneau ». Cette appellation fait certes référence à ses étés particulièrement chauds. Effectivement, nous étions dans cette ville au mois de juin et il faisait 36° à l’ombre, ce qui n’était pas trop difficile pour nous, vu notre climat en Tunisie.
« Le fourneau » fait aussi sans doute référence à l’une des spécialités culinaires de la ville. Oui, nous les avons appréciées. Il s’agit de la fondue de Chongqing dont la réputation en Chine n’est plus à prouver.
En trois dimensions, la ville est dotée d’un paysage urbain absolument unique.
Mais le plus spectaculaire dans le paysage de Chongqing, est ce métro suspendu, également appelé métro aérien, une caractéristique saisissante de la ville. La station est située du sixième au huitième étage d’un immeuble résidentiel qui en compte 19. Le métro qui passe directement à travers cet immeuble, est une solution innovante pour gérer l’espace dans une ville où la population accuse une grande densité à l’instar de plusieurs villes chinoises. Comment les résidents de l’immeuble gèrent-ils le bruit ? Les ingénieux ingénieurs ont mis en place un dispositif spécifique de réduction du bruit pour isoler la station du reste de l’immeuble, assurant ainsi le confort des résidents.
Les pandas de Chine
Le jour suivant a été rythmé par les pandas dans le zoo de Chongqing. Un verdoyant parc zoologique, construit en 1953 et officiellement ouvert au public en 1955. Sur une superficie de 45 hectares, ce zoo est une base importante pour la protection et la recherche sur les animaux sauvages, des espèces rares qui comprennent des pandas plus ou moins géants. Ce zoo est célèbre pour y avoir accueilli le plus grand nombre de ces animaux, ils ne sont pas vite repérables. Très paresseux et il faut patienter pour enfin les voir en train de grimper aux arbres, de jouer, de se reposer ou de manger du bambou. Je me suis endormie en rêvant à la douceur du panda paresseux doucement le matin et pas trop vite le soir. Le rêve n’était pas encore fini, qu’il fallait sauter du lit et prendre l’avion pour Shanghai.
Oui, c’est la ville emblématique de la Chine. Elle est connue pour ses paysages urbains spectaculaires, notamment dans son incroyable modernité et ses quartiers historiques. Des vues panoramiques, des gratte-ciels comme la Jinmao Tower, et des paysages traditionnels tels que le jardin Yuyan… un paradis sur terre.
Depuis le XVIe siècle, ce jardin s’étend sur deux hectares. Endommagé et reconstruit à plusieurs reprises, il a été édifié en 1559 en tant que jardin privé par Pan Yunduan. Il a passé 20 ans à l’aménager pour faire plaisir à son père, un officiel de haut rang durant la dynastie Ming. Ce jardin est considéré comme l’un des jardins chinois les plus somptueux dans la région.
La nuit pour redécouvrir Shanghai sous un autre jour
Une croisière de nuit à Shanghai nous a permis de découvrir la ville autrement, avec une vue époustouflante sur ses mille et une lumières. Cette croisière nous a permis de profiter de la beauté de Shanghai, de ses gratte-ciels modernes et de son architecture historique. Des rangées de hauts buildings aux couleurs vives, le pont sur le fleuve Yang-Tsé, les maisons suspendues… Tout passait lentement, offrant une vue panoramique d’une nuit magique.
Pendant cette inoubliable croisière, nous avons rempli nos yeux de lumières de chaque côté du fleuve. Du coup, une fois sur terre, un vertige agréable m’envahit.
De retour à l’hôtel, les yeux encore éblouis de tant de splendeurs, nous avons voulu continuer la découverte avec une marche aux alentours de l’établissement. Il n’y avait pas beaucoup d’Occidentaux, mais beaucoup de touristes… chinois.
Il nous a suffi de sortir un peu pour nous retrouver… au milieu de nulle part ! La nuit est splendide. C’est sans doute à cet instant-là que nous pénétâmes dans le paysage avant de bénéficier du sommeil du juste jusqu’au délicieux petit-déjeuner bien chinois.
Notre séjour a été rythmé par les différents mets chinois. Nous avons à peine fini de prendre le petit-déjeuner que l’heure du déjeuner arriva, suivie de l’heure du dîner.
Les Chinois déjeunent et dînent très tôt. A 17h30, nous sommes déjà à table. Les Chinois ne sont pas des couche-tard car le travail, tôt le matin, est prioritaire. Ils sont très matinaux. Les effluves de petits plats mijotés embaument l’espace dans les rues et nous nous laissons guider. Durant notre séjour, nous avons eu le privilège de découvrir l’exotique. Nous avons pris place dans un restaurant au décor coloré. Le plat le plus célèbre ici est la fondue de Chongqing. Il est très différent des dîners chinois classiques où les convives s’installent en cercle pour partager des plats cuisinés. Ici, les convives de 4 à 40 personnes se rassemblent. Devant chacun, une casserole où mijote un bouillon aromatisé. Les ingrédients, poulet, poisson, porc, bœuf et légumes sont servis crus. Les convives les plongent dans le bouillon frémissant et les trempent ensuite dans une sauce avant de les manger.
La grande table ronde, tournante, est équipée de plaques chauffantes. Les casseroles de bouillon commencent à chauffer et au premier frémissement, on trempe les produits choisis avec des baguettes. Je n’arrivais pas encore à m’en servir correctement, que je me fis remarquer par une chef cuisine qui me ramena une fourchette. Il ne restait plus alors qu’à la plonger facilement dans le bouillon avec de la viande et à la déguster avec une sauce à l’ail. Notre palais en prendra sûrement un coup mais la langue aussi. Parfois, la couleur rouge de l’eau qui bout dans la casserole, vient en grande partie du piment… mais aussi de quelques autres produits indéterminés qui flottent à la surface.
Le marché : à ne pas manquer
Nous avons fait un tour dans l’un des plus grands marchés alimentaires de Shanghai, offrant une grande variété de produits tels que les fruits, les légumes, les poissons, les crustacés, les grenouilles, les canards laqués, les épices et le « baozi » cuit à la vapeur. Le marché est aussi l’une des attractions à ne pas manquer à Shanghai.
L’islam en Chine
Certains Chinois sont musulmans et les mosquées sont nombreuses. Leur nombre varie selon les sources. D’après un article datant de 2015, une région autonome du Xinjiang compte plus de 20.000 mosquées. Cependant, un rapport publié en 2020 affirme que 8.500 mosquées ont été détruites au cours des trois dernières années et que 15.500 sont encore debout.
Un autre article mentionne qu’en 2014, il y avait plus de 39.000 mosquées enregistrées en Chine.
Le nombre de musulmans est estimé entre 30 et 80 millions suivant les sources de l’Etat. On commence par pratiquer une forme de censure à l’encontre de toutes les religions durant les années 50, pour les interdire durant la révolution culturelle (1966-1976). Graduellement, il y eut une mise en place d’un système de liberté sous contrôle avec Deng Xiaoping au pouvoir.
Aujourd’hui, l’islam est géré par l’Association islamique de Chine, une Association étatique à laquelle doit s’affilier tout musulman.
Le gouvernement chinois a accordé un statut d’autonomie qui laisse une plus grande liberté à la pratique de l’islam (éducation religieuse encadrée, pèlerinage à La Mecque, construction de mosquées…), tant que cela passe par l’Association islamique de Chine.
Avec les réformes des années 1980, l’islam en Chine a retrouvé ses espaces de pratique et d’expression religieuses. On compte aujourd’hui officiellement plus de 40.000 mosquées dispersées sur l’ensemble du territoire chinois. Les mosquées traditionnelles en forme de pagode tendent à disparaître peu à peu au profit de bâtisses aux styles se rapprochant d’un modèle moyen-oriental. La mosquée en Chine est aussi le reflet du statut social d’une communauté et un espace de compétition entre courants religieux.
Restaurant Halal à Shanghai
Shanghai dispose de plusieurs restaurants halal tenus par des Chinois musulmans. Ces établissements proposent une cuisine qui respecte les règles halal, soit une forte présence de viande de mouton, ainsi que des plats traditionnels chinois adaptés aux restrictions religieuses. Nous y avons trouvé un peu le goût tunisien.
Monter sur la plus haute tour de Chine
Dans le quartier financier de Pudong, la Tour Shanghai, ou Shanghai Tower a été conçue par le cabinet d’architectes Gensler. C’est le plus haut gratte-ciel de Chine et le 3e plus haut gratte-ciel au monde. Il s’élève à 632 mètres avec 128 étages. Connue pour sa conception et son système innovant de ventilation, la tour aérienne nous a permis de voyager à travers les spécificités techniques, historiques et culturelles de la Chine.
Depuis la Tour de Shanghaï, la vue sur les fleuves de couleur vert olive, dominent le quartier historique et le paysage urbain.
Au 118e étage, une vue panoramique sur Shanghai et ses environs nous coupe le souffle. Nous avons eu en plus la chance d’avoir un temps clair. Nous avons pu voir jusqu’à 80 kilomètres au loin. Une opportunité à ne pas rater pour prendre des photos spectaculaires.
Je ne me suis pas lassée entre autres d’admirer la belle Perle de l’Orient d’en-haut, dans ce Shanghai vertical ! J’ai vraiment pris de la hauteur avant de reprendre l’avion à l’aéroport de Shanghai pour Istanbul et enfin Tunis. Merci à la Chine de m’avoir guérie de la phobie de l’avion car aucun psy n’a réussi à le faire. La Chine s’est réveillée en moi et… je ne tremble plus. γ