Par Hassan Arfaoui
Dans un monde où les crises écologiques, sociales et politiques semblent dessiner les contours d’une fatalité inévitable, le symposium « Re-construire le Futur » imaginé par le collectif « Chichas de la pensée », offre une lueur d’espoir. Face à l’abondance de discours pessimistes, cet événement se propose comme un espace de résistance où l’imagination est l’outil principal pour réinventer de nouvelles alternatives. Il s’agit non seulement de contester les structures oppressives héritées du passé, mais également de proposer des trajectoires nouvelles qui sillonnent tous les champs ouverts à l’action citoyenne.
L’un des axes centraux de ce symposium est la nécessité de repenser les modes de transmission et de partage du savoir. La décolonisation de l’éducation est une priorité. Sortir du cadre traditionnel de l’école pour envisager des pédagogies autonomes et populaires devient une forme de résistance en soi.
Le savoir, loin d’être un bien figé et inaccessible, devient un outil critique permettant aux nouvelles générations de forger leur propre avenir, émancipé des cadres imposés. Cet enjeu recouvre tout son sens particulièrement dans le contexte des savoirs endogènes du Sud global, souvent marginalisés par les discours dominants.
La réflexion sur la décolonisation dépasse largement la question de l’éducation pour englober également les lieux de création artistique et intellectuelle. Les espaces, qu’ils soient physiques ou virtuels, doivent être réimaginés pour intégrer la pluralité des perspectives et des récits issus du Sud global. Les galeries, universités et centres de documentation, habituellement ancrés dans des dynamiques institutionnelles héritées de l’histoire coloniale, deviennent alors des laboratoires où s’expérimentent des formes alternatives de savoirs et de pratiques créatives.
Ces lieux de savoirs, loin d’être de simples bâtiments, se transforment en espaces de résistance où les savoirs locaux se réapproprient leur place dans la construction du sens. La production artistique, de plus en plus émancipée, est un vecteur puissant de cette réappropriation. Le travail d’artistes et de collectifs du Sud global souligne la nécessité de repenser la culture comme un processus dynamique et hybride, loin des cloisonnements imposés par les récits occidentaux dominants.
La question des récits occupe une place primordiale dans cette démarche de réinvention du futur. Les médias, souvent monopolisés par des structures et des modes opératoires eurocentrés rappellent l’urgence de déconstruire les récits dominants pour rendre audibles des voix longtemps réduites au silence. C’est en libérant la parole que l’on parvient à écrire une Histoire plus juste, où la multiplicité des expériences humaines est pleinement reconnue et valorisée.
Le symposium « Re-construire le Futur » nous rappelle qu’il ne s’agit pas seulement de résister aux crises, mais d’y répondre par la création d’un nouvel ordre du monde, où les solidarités actives se tissent au-delà des frontières. La réinvention du futur nécessite une imagination collective, un courage partagé et une volonté farouche de résister et d’agir pour le changement tout en incarnant le futur dans sa manière d’être au quotidien. Ce n’est qu’en réécrivant nos récits, en déconstruisant nos structures, et en réimaginant nos espaces de création que nous pourrons espérer un avenir plus solidaire, plus inclusif et plus égalitaire.
H.A
Le symposium « Re-construire le futur« , imaginé par Les Chichas de la Pensée dans le cadre de la 7ème édition de la biennale d’art contemporain Jaou Tunis (9 oct. – 9 nov. 2024).
Intervenants :