Relations post-Brexit : un accord historique entre le Royaume-Uni et l’UE

Le compromis trouvé ce jeudi entre la Commission européenne et le Royaume-Uni devra encore être validé par les États membres, un processus qui devrait prendre plusieurs jours.
C’est historique. Après dix mois de négociations harassantes sur le Brexit, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont enfin conclu ce jeudi un accord sur leur future relation commerciale. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le négociateur européen Michel Barnier devaient donner une conférence de presse ce jeudi après-midi, a indiqué un porte-parole de l’exécutif européen sur Twitter.
Boris Johnson a confirmé la nouvelle en tweetant : « L’accord a été trouvé », accompagné d’une photo de lui exultant, bras écartés et pouces levés. Il a ensuite pris la parole lors d’une conférence de presse.
Le Premier ministre conservateur a indiqué que le texte final comporte environ 500 pages. « Nous avons conclu le plus gros accord commercial à ce jour d’une valeur de 166 milliards de livres par an, un accord de libre-échange complet comparable à l’accord canadien avec l’UE », a lancé Boris Johnson. « Pour la première fois depuis 1973, le Royaume-Uni sera un État côtier indépendant avec un contrôle total de ses eaux », a-t-il ajouté. « C’est une bonne affaire pour toute l’Europe », a assuré Boris Johnson.
« Je le dis directement à nos amis et partenaires de l’UE : je pense que cet accord signifie une nouvelle stabilité et une nouvelle certitude dans ce qui était une relation parfois acrimonieuse et difficile », a également indiqué Boris Johnson. « Nous serons votre ami, votre allié, votre soutien et ne l’oublions pas, votre premier marché parce que, même si nous avons quitté l’UE, ce pays reste culturellement, émotionnellement, historiquement, stratégiquement et géopolitiquement attaché à l’Europe », a-t-il poursuivi.
*Les réactions politiques s’enchaînent
La ministre britannique au Commerce international, Liz Truss a quant à elle salué la nouvelle, sur Twitter. « Nous aurons une relation commerciale solide avec l’UE et approfondirons nos échanges avec nos partenaires dans le monde entier grâce à notre politique commerciale indépendante », a-t-elle écrit.
La chancelière allemande Angela Merkel s’est dite « confiante » dans le fait que l’accord obtenu ce jeudi à l’arraché constituait « un bon résultat ». « Avec cet accord, nous jetons les bases d’un nouveau chapitre dans nos relations. Le Royaume-Uni continuera d’être un partenaire important pour l’Allemagne et pour l’Union européenne en dehors de l’Union européenne ». Emmanuel Macron a lui salué sur Twitter « un accord essentiel pour protéger nos citoyens, nos pêcheurs, nos producteurs ».
L’accord commercial est un « bon accord, équilibré » et « juste » pour chaque partie, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse. Le Royaume-Uni restera « un partenaire digne de confiance » de l’UE, a assuré Ursula von der Leyen, ajoutant que l’accord « nous permettra de nous assurer que nous pouvons finalement laisser le Brexit derrière nous », a-t-elle ajouté. L’UE « sera au côté des pêcheurs européens pour les accompagner », a pour sa part assuré le négociateur européen, Michel Barnier.
Il y a une dizaine de jours encore, Boris Johnson estimait pourtant « très probable » que son pays quitte le marché unique européen sans traité lui permettant d’adapter son économie à cette nouvelle réalité. Ce qui aurait été aussi embarrassant sur le plan politique que dommageable au niveau économique pour chacun des acteurs.
*Les « énormes concessions » des Britanniques
La fumée blanche est intervenue dans la matinée de ce jeudi, alors que d’ultimes discussions autour de l’accord s’étaient poursuivies dans la nuit. Selon une source gouvernementale française, les Britanniques ont consenti « d’énormes concessions », en particulier sur la pêche, ultime point d’achoppement des discussions.
Le compromis entre la Commission européenne et le Royaume-Uni devra encore être validé par les États membres, un processus qui devrait prendre plusieurs jours. Mais il reste en théorie suffisamment de temps pour qu’un traité entre en application provisoire le 1er janvier, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l’UE le 31 janvier dernier, aura définitivement abandonné le marché unique. Le texte, de près de 2000 pages, serait alors validé a posteriori par le Parlement européen.
Les négociations étaient depuis lundi entre les mains de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Premier ministre britannique Boris Johnson, qui ont échangé à plusieurs reprises pour tenter de surmonter l’impasse sur la pêche.
Malgré son faible poids économique, le secteur revêt une importance politique et sociale pour plusieurs États membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark ou l’Irlande. Mais les Britanniques en ont fait le symbole de leur souveraineté retrouvée après le divorce. Les tractations se concentraient sur le partage des quelque 650 millions d’euros de produits pêchés chaque année par l’UE dans les eaux britanniques et la durée de la période d’adaptation pour les pêcheurs européens.
Les autres sujets jusque-là problématiques – la manière de régler les différends et les mesures de protection contre toute concurrence déloyale – avaient pour leur part été réglés ces tout derniers jours.
*Un accès inédit au marché de l’UE
La conclusion d’un texte en à peine dix mois – quatre ans et demi après le référendum de juin 2016 sur le Brexit – constitue une prouesse pour Londres et Bruxelles, surtout pour un accord de cette envergure, puisque de tels pourparlers prennent des années. Il avait d’ailleurs fallu deux ans et demi pour négocier l’accord de retrait scellant le départ britannique, conclu fin 2019, un texte qui apporte une sécurité juridique aux expatriés des deux côtés de la Manche et fournit des garanties pour le maintien de la paix sur l’île d’Irlande.
Avec cet accord commercial, l’UE offre à son ancien État membre un accès inédit sans droit de douane ni quota à son immense marché de 450 millions de consommateurs. Mais cette ouverture sera assortie de strictes conditions : les entreprises d’outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles évolutives au fil du temps en matière d’environnement, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping.
(L’Express)

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