Remettre de l’ordre dans les circuits de distribution

 

Par Ridha Lahmar

La hausse des prix constatée parmi les produits alimentaires, notamment les fruits, les légumes et les viandes, est due en bonne partie aux perturbations constatées dans les circuits de distribution des produits agricoles.

Cette hausse est devenue une véritable flambée avec le déclenchement de la Révolution, la dégradation de la souveraineté de l’État, la régression du contrôle économique et la relative paralysie des services de sécurité.

En effet, les prix des fruits et légumes ont doublé en trois ans alors que les prix des viandes ont augmenté de plus de 50%.

Le pouvoir d’achat des catégories défavorisées et moyennes de la population a subi une régression sensible qui a engendré un endettement excessif de 60% des ménages, étant donné que les augmentations de salaire n’ont pas suivi, loin de là. Certes l’expansion illimitée de la contrebande avec les pays voisins a fortement perturbé le marché intérieur.

Mais il faut reconnaître que nos circuits de distribution ont besoin d’être restructurés et réorganisés de façon rationnelle afin de réduire les déperditions du marché parallèle.

En effet, le constat officiel actuel est que seulement 40% des produits agricoles transitent par le circuit officiel du “marché d’intérêt national de Bir Kassaa”. Celui-ci est d’ailleurs saturé et dépassé depuis longtemps puisqu’il n’a connu que des mutations dérisoires depuis 40 ans, à savoir l’informatisation des factures et le recours aux chariots pour le transport des produits par les manutentionnaires au lieu du “dos d’homme.”        

Alors qu’il n’y a aucune traçabilité des produits commercialisés, ni aucun calibrage ou conditionnement, le mélange des qualités est une fraude courante qui arrange producteurs et intermédiaires. En outre, il n’y a pas d’affichage des prix ni de prix de référence, l’anarchie la plus complète règne et fait que les mandataires ou habbat font la pluie et le beau temps puisqu’ils ont avantage à faire grimper les prix, étant payés au pourcentage des transactions effectuées.

La situation actuelle est donc la suivante : les producteurs agricoles se plaignent du bas prix de cession de leurs produits, étant victimes de la hausse des coûts de production, alors que les consommateurs sont soumis à l’obligation de payer cher leur alimentation quotidienne.

Ce sont en fait les intermédiaires qui profitent de la situation en empochant le jackpot. Il faut dire que l’ensemble des prélèvements à titre de fiscalité est de 15%, ce qui n’est pas une maigre ponction.

Il faut reconnaître que la filière qui va du producteur agricole jusqu’au consommateur comporte souvent des lacunes qui engendrent des perturbations graves, préjudiciables aussi bien à l’agriculteur qu’au consommateur. En effet, certaines régions devenues au fil des années des centres de production importants comme Sidi Bouzid, Gabès ou Jendouba n’ont pas de marché de gros de fruits et légumes actifs et prospères. Comme il s’agit de produits périssables, les circuits doivent être courts pour ne pas “réduire la fraîcheur des produits” et alourdir les coûts de revient pour ne pas céder au “diktat” des khaddars. Les producteurs agricoles devraient se regrouper pour commercialiser leurs produits au niveau local ou régional afin de ne pas subir la loi du plus fort. Pour cela des sociétés ou coopératives de service doivent être créées. Il faut dire que les spéculateurs, dont les khaddaras, ne ménagent aucun effort pour manipuler les prix, doser les volumes de produits à injecter sur le marché, stocker les produits périssables dans des hangars frigorifiques s’il le faut ou encore exporter, légalement et illégalement vers les pays voisins.

 

 

 

 

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