Rencontre avec les députés : l’erreur monumentale que Kaïs Saïed aurait pu éviter

Deux présidences, deux réunions, deux mondes : c’est ainsi, ou presque, que l’on peut résumer la journée de ce mercredi 10 février 2021 sur le plan politique en Tunisie. Le président de la République, Kaïs Saïed, s’est réuni avec une douzaine de députés au Palais de Carthage. Quant au Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, il a choisi de réunir des experts en Droit. Les deux têtes de l’Exécutif semblent vouloir trouver une solution à la crise politique actuelle, mais chacun dans son propre monde, sur son propre territoire, chaque partie excluant l’autre. Bref, une drôle de manière de chercher des solutions. Ne finira-t-on pas par envenimer la situation ?

Un dialogue d’exclusion

Les deux têtes de l’Exécutif ont commis des erreurs monumentales en organisant de telles réunions. Il y a, tout d’abord, Hichem Mechcihi qui a choisi, soi-disant, la voix de la sagesse pour trouver une sortie de crise. Seulement, un dialogue qui exclut l’autre partie prenante n’en est pas un. Pour sa part, le président de la République a commis la même erreur, en y ajoutant un bonus. Il a réuni, comme nous le savons, une douzaine de députés, dont Zouhaïer Meghzaoui, Mouvement Echâab, Samir Dilou, Ennahdha (un frondeur), Samia Abou, Courant Démocratique, Mustapha Ben Ahmed, Tahya Tounes… et bien d’autres. Tous ont été choisis soigneusement, et pour cause : leur opposition farouche au Cheikh Rached Ghannouchi, président controversé de l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) et à Hichem Mechichi.
La présidence de la République n’a pas envoyé d’invitations au Parti Destourien Libre (PDL), encore moins à Qalb Tounes et à Al Karama – même si ce dernier mouvement ne devrait pas compter -. Or, elle aurait dû le faire sachant que son rôle est de rassembler et de trouver des solutions. Elle aurait pu envoyer une invitation à ces formations politiques pour montrer sa bonne foi. Si les parties concernées refusent, elles doivent alors assumer leurs responsabilités. La présidence de la République, dans ce contexte, aurait pu marquer un point en montrant qu’elle voulait faire de son mieux pour rassembler toutes les parties prenantes à la crise politique. Seulement, c’est tout le contraire qui a été fait. Chacun – Saïed et Mechichi – a invité les personnalités qu’il voulait rencontrer pour assoir sa légitimité. Mais tous les deux ont commis une erreur monumentale.

Fakhri Khlissa

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