Réouverture des frontières : la Tunisie est-elle prête ?

Nous voici à quelques heures seulement de la réouverture des frontières tunisiennes – 27 juin 2020 -, après près de 2 mois de fermeture à cause de la crise du nouveau coronavirus (SARS-CoV-2 ou COVID-19). Sommes-nous prêts à accueillir les voyageurs du monde entier malgré les risques d’un retour des contaminations locales ? Les autorités sanitaires n’ont eu de cesse d’assurer que tout était dans l’ordre et que la Tunisie était prête à relever le défi. D’ailleurs, une liste a été publiée hier, regroupant les pays « à risque » et « sûrs » sur le plan épidémiologique.
Tout au long de la semaine, le ministre de la Santé a insisté sur le droit constitutionnel des Tunisiens résidents à l’étranger de revenir chez eux pour les vacances et pour voir leurs familles. Concernant les touristes, on ne peut les empêcher, selon Abdelatif Mekki, de visiter notre pays.
Pour les Tunisiens, on devrait accueillir près de 300 000 selon Docteur Jalila Ben Khelil, membre de la commission scientifique de lutte contre le nouveau coronavirus et cheffe-service de réanimation au sein de l’hôpital Abderrahmane Memi. 100 000 viendront des zones à risques. La classification des pays, explique-t-elle dans le numéro de Réalités Magazine de cette semaine, a été établie sur des bases scientifiques :

  • Faible risque épidémiologique : comme la Tunisie
  • Situation modérée : nombre de cas en baisse
  • Risque élevé : des pays comprenant des clusters
  • Risque très élevé : des pays avec des zones de transmissions communautaires –

Il s’agit, en d’autres termes, d’un pari à la fois nécessaire et risqué. Faut-il sauver des vies au détriment du tourisme et de l’économie ? Ou alors faut-il sauver l’économie au détriment de la santé publique ? Une solution moyenne est-elle possible ? La Tunisie sera-t-elle prête pour faire face à une éventuelle seconde vague du tenace COVID-19 ? Espérons-le. La priorité, dans tous les cas, doit porter sur la santé des citoyens.

Coronavirus : s’en remettre au hasard et la bonne fortune ?

On a constaté, par ailleurs, un certain floue dans les agissements du gouvernement, voire une certaine précipitation. Les tests PCR ont été annulés trop rapidement pour certains types de voyageurs et la période de confinement a été réduite à 7 jours pour les Tunisiens rapatriés. Le gouvernement mise, en fait, sur la conscience des citoyens et des voyageurs. Autant miser sur le hasard et la bonne fortune car, comme nous le constatons depuis le début de la levée progressive du confinement depuis le 4 mai 2020, les consignes sanitaires les plus élémentaires ont été jetées aux oubliettes par un bon nombre de citoyens tunisiens.
Dans tous les cas, la prudence doit être de mise dès le 27 juin 2020. Les autorités tunisiennes ont assuré avoir pris toutes les dispositions sanitaires nécessaires dans les aéroports et ailleurs. Bref, c’est un pari nécessaire, mais risqué.
Que Dieu nous protège tous.

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