Reportage / Pollution du littoral à Sousse : le cri de détresse des vacanciers

Notre littoral est de plus en plus gravement pollué par les eaux usées. Après la révolution, la majorité des plages sont devenues infectées par ce phénomène nuisible, agaçant et dangereux. Hormis quelques plages “vierges”, le reste de notre littoral est devenu le principal réservoir où on injecte les polluants les plus toxiques, les plus redoutables et les plus résistants…
A Sousse par exemple, nombreux sont les “points noirs” : Sidi Abdelhamid, El Kanataoui, Tanatana et bien d’autres zones qui, quelques années auparavant, étaient les meilleures destinations du pays. Mais aujourd'hui, hélas, ce n’est plus le cas. Dès qu’on s’approche de ces zones dont Tantana (Municipalité d’Akouda) par exemple, des odeurs âcres traversent le nez à cause de cette masse d’eau sortant en continu des émissaires. Quant à la mer, elle  a pris une couleur foncée, sans parler du mauvais goût qu'acquiert l’eau.
Pire encore, il s’agit d'un grand danger qui guette les vacanciers étant donné la quantité de ces eaux polluées qui submerge une grande partie de la mer incapable d’absorber ces résidus indestructibles. Certains de ceux que nous avons rencontrés dans la zone de Tantana ont exprimé leur inquiétude quant à l'état lamentable de cette zone. Un des habitants de la régions, n'a pas mâché ses mots en accusant le Conseil municipal de "nonchalance" et d"irresponsabilité" attendu qu'il "n'est pas en mesure d'accomplir convenablement la mission pour laquelle il a été élu". Vacanciers et habitants ont crié au scandale à cause de cette situation environnementale dangereuse qui n'est pas digne d'une région classée touristique depuis plusieurs années.

 

 "Notre santé et celle de nos enfants est en jeu"
Un père de famille qui vient passer une semaine dans cette zone touristique n'a pas caché sa frustration et son désarroi quant à la dégradation de la qualité d'eau et de la propreté de la plage. "je n'arrive pas à l'admettre. Comment on en est arrivé là ? c'est inconcevable et impardonnable, la municipalité doit réagir dans l'immédiat. Notre santé et celle de nos enfants est en jeu.", rétorque notre interlocuteur. Et ce père de deux enfants dont les signes de mécontentement et d'insatisfaction sont apparus sur leurs minces visages, d'ajouter "C'est scandaleux, nous étions toujours fidèles à cette zone qu'on fréquentait depuis des années, l'année prochaine nous seront malheureusement dans l'obligation de chercher une autre plage où passer les vacances. C'est devenu très périlleux de passer des vacances dans une plage aussi sale, polluée et nuisible à la santé".
S’ajoute à cette catastrophe environnementale, l'absence d’entretien des plages couvertes par les algues et inexorablement envahies par les ordures. D'ailleurs, il serait très difficile de trouvé même une poubelle où rassembler les déchets. Bouteilles en plastiques, sachets, couches-bébés… éparpillés partout sur la plage. Pour M.A. un habitant d'une région voisine (Kalaâ Kébira), le manque de civisme et l'irresponsabilité de certains baigneurs est pour quelque chose. "Après tout, ces déchets ne viennent pas de l'air, ce sont ces gens qui le jettent partout. Il faut dénoncer ce comportement incivique. Il faut commencer par soi même n'est-ce pas?", réplique ce quinquagénaire qui vient passer l'après-midi sur la plage, un rituel qu'il pratique depuis des dizaines d'années.
Les responsables de la région, municipalités, gouvernorat, ministère du Tourisme, ministère de l’Équipement (ONAS) devraient être tous mis face à leur responsabilité de mettre fin à cette catastrophe environnementale dont les dégâts risqueraient d'être collatéraux. 

Med Ali Sghaïer

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