Intervenant dans une déclaration accordée à Réalités Online ce jeudi 6 septembre 2018, l’expert en économie, Moez Joudi, est revenu sur les raisons de la baisse des stocks de la Tunisie en monnaies étrangères. Il existe, rappelle-t-il, quatre principales sources de devises : les exportations, le tourisme, les transferts d’argent des tunisiens résidents à l’étranger (TRE) et les investissements directs étrangers (IDE). Il existe un cinquième élément, mais qui n’est pas durable : les crédits extérieurs.
Moez Joudi a souligné que ces sources de devises tournent au ralenti. « Malgré la relance des exportations, ces dernières demeurent insuffisantes pour couvrir les importation. De fait, jusqu’en juillet 2018, le déficit commercial a atteint les 10 milliards de dinars. Pour le tourisme, la reprise est là également. Cependant, elle demeure elle aussi insuffisante et en-deçà du potentiel du pays. Il n’y a pas d’IDE par ailleurs. Quant aux transferts d’argent par les TRE, ils sont en baisse car les ressortissants n’ont plus confiance dans le système et ils ont trouvé d’autres placements », a-t-il expliqué.
De l’autre côté de la balance, les dépenses en devises ont augmenté d’après l’expert en économie. « Les importations en devises ont augmenté. Il y a également les échéances de remboursement de crédits extérieurs que la Tunisie est en train d’honorer. Il existe donc un réel déséquilibre entre les entrées et les dépenses en devises », a-t-il souligné.
D’autre part, Moez Joudi n’a pas exclu le fait que de nouvelles entrées en devises soient enregistrées, notamment du côté des touristes. Certains TRE, pour leur part, choisissent de laisser leur argent dans leur pays de résidence. D’autres choisissent le moment opportun pour effectuer le transfert en fonction du cours du dinar tunisien.
Il existe, d’un autre côté, un ratio à respecter selon l’économiste : le pays doit disposer de l’équivalent de ses engagements extérieurs en devises. De ce fait, lorsque les bailleurs de fonds viendront réclamer leur argent, il pourra les rembourser. « Cependant, nous sommes aujourd’hui à 1/6ème de nos engagements extérieurs. Nous sommes passés d’une dette de 25 milliards de dinars en 2010 à 60 milliards de dinars aujourd’hui. Nos réserves en devises ne suffisent plus pour rembourser nos crédits extérieurs. La baisse de ces réserves explique aussi la chute du dinar tunisien. De fait, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) régule le cours de la monnaie nationale en la rachetant en devise, mais puisque nos réserves sont en baisse, la valeur du dinar baisse à son tour », a-t-il encore expliqué.