Depuis le 9 Juillet, le chef du gouvernement est en visite officielle – une visite hautement politique – aux États-Unis. Une visite qui intervient à un moment où les USA ont décidé de réduire leur aide militaire et économique à la Tunisie. Une décision qui n’a pas manqué de susciter des interrogations en Tunisie et fait l’objet d’une polémique dans les cercles politiques américains. Le sénateur américain de l’Arizona John Mc Cain, a dénoncé cette décision et affirmé que le Congrès américain ne votera pas la loi portant réduction des aides militaires américaines à la Tunisie, et que les républicains et les démocrates ne voteront pas pour cette loi. Youssef Chahed, quant à lui, a insisté sur le renforcement de la coopération tunisienne et américaine mettant en garde que « toute baisse de l’aide américaine à la Tunisie constituerait un message négatif au profit des organisations terroristes« .
Il est connu que les américains ne peuvent pas s’empêcher de conditionner toute aide promise à n’importe quel pays, fut-il un partenaire privilégié. Ils donnent d’une main ce que l’autre doit reprendre.
Le chef du gouvernement s’est employé dans tous les entretiens qu’il a eu avec les responsables américains à leur présenter les avancées accomplies par la Tunisie dans divers domaines mais surtout dans sa lutte contre le terrorisme et la corruption insistant que cela nécessite l’engagement et l’aide des Etats-Unis.
L’appel semble être arrivé à destination et une résolution proposée par les sénateurs Ben Cardin et Marco Rubio, membres de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, à l’occasion de la visite de Youssef Chahed aux Etats-Unis a insisté sur « la nécessité, pour l’administration américaine, d’apporter une aide financière au gouvernement tunisien afin de soutenir et “renforcer la transition de la Tunisie vers une démocratie stable et prospère”.
S’ils réaffirment le soutien de leur pays à la Tunisie et “la volonté de fournir un niveau d’assistance suffisant afin de soutenir la transition en cours vers une démocratie plus inclusive, prospère et stable », ils se font l’écho des conditions imposées pour bénéficier de cette aide.
Youssef Chahed est invité à accélérer les réformes économiques et les mesures de lutte contre la corruption. Ils souligneront au passage la nécessité de garantir les lois protégeant les libertés civiles. La Tunisie est exhortée de tout faire pour empêcher le départ de djihadistes Tunisiens vers la Syrie et l’Irak. Et ce n’est pas tout.
Un dixième point contenu dans cette résolution « Exhorte vivement le gouvernement de la République tunisienne à cesser son soutien à toutes les résolutions et autres mesures qui discriminent ou ciblent Israël au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et d’autres organisations des Nations Unies« . C’est ce que montre le texte de la résolution publié sur le site officiel du Sénat américain.
En conclusion les sénateurs signataires réaffirment le caractère historique et continu des relations entre les deux peuples américains et tunisien.
Parmi les signataires de cette résolution figurent, notamment, les sénateurs Chris Coons, Ed Markey, Tim Kaine, Tammy Baldwin, Tom Cotton et John McCain.
Le contenu de la résolution est vite parvenu aux médias et enflammé les réseaux sociaux. La précision du chef du gouvernement, faite à partir de Washington a calmé rapidement les ardeurs. Chahed a affirmé que lors de son entretien avec le sénateur Lindsay Graham, président de la commission sectorielle des aides extérieures au Sénat le point 10 de la résolution portant sur l’arrêt du soutien a toutes les décisions ou mesures ayant un caractère discriminatoire contre Israel ou la ciblent au sein de l’UNESCO ou toute autre organisation onusienne, n’a été ni traitée ni discutée.
Une nouvelle fois, Chahed a évité intelligemment une réponse à propos d’un sujet qui fâche.
D.N.E