Report des élections municipales : qui en profiterait ?

À quand des municipalités responsables qui accomplissent leur travail et qui s’occupent de leurs administrés comme il se doit ? Sans doute, le tunisien va devoir attendre, et le possible report des élections municipales n’arrangera aucunement les choses.
Chafik Sarsar, président de l’Instance Supérieure Indépendante des élections (ISIE) a dernièrement laissé entendre que les dites élections pourraient effectivement être reportées jusqu’en 2018, en raison du retard pris dans l’adoption de la loi électorale.
Pourquoi tant de retard ? À qui profite-t-il ? Il est facile de spéculer face à ces deux grandes questions. Un tel ralentissement pourrait porter un coup dur au processus démocratique initié en Tunisie. Tout le calendrier électoral, législatif et présidentiel compris, risque d’être bouleversé avec un tel retardement. Or, la dernière chose dont la Tunisie a besoin en ce moment, est l’instabilité politique, dont on a souffert et on en souffre encore!
Autre conséquence de ce report : le citoyen, d’ores et déjà lassé par une scène politique qui ne sait plus innover, risque de voir sa lassitude s’accroître davantage, hélas.

Des partis politiques à l’oeuvre ?
Par ailleurs, est-il réellement possible que certains voudraient délibérément reporter les élections municipales ? C’est une hypothèse à ne pas exclure, surtout si l’on tient compte d’une autre déclaration de Chafik Sarsar,  en août dernier, où il parlait, « d’une volonté intentionnelle » de certains partis politiques qui œuvrent dans ce sens. « Certains partis politiques veulent même que cela ait lieu le plus tard possible », a-t-il encore ajouté.
S’agirait-il de l’un des plus gros partis de Tunisie, Nidaa Tounes ou Ennahdha ? C’est probable, sachant qu’ils sont tous les deux en perte de vitesse vis-à-vis de leurs électeurs. C’est surtout valable pour Ennahdha qui, depuis la tenue de son dixième congrès les 21 et 22 mai dernier, essaye de se racheter une conduite et de calmer les esprit en annonçant le changement de son statut, désormais devenu un parti civil.
Sur ce point, un esprit averti comprendrait qu’il s’agit d’une manœuvre initiée par Ennahdha, qui semble d’ores et déjà préparer les prochaines échéances électorales. Seulement, le désamour manifeste avec les tunisiens aurait peut-être poussé le parti à changer de stratégie. Il est probable qu’Ennahdha fasse partie des partis politiques qui ne veulent pas, pour le moment, d’élections municipales. Il lui faudrait, tout d’abord, reconquérir un électorat plus que jamais méfiant et lassé par la politique. Ensuite, la « machine démocratique », aussi illusoire soit-elle, pourrait redémarrer.
Une fois la confiance des citoyens restaurée, Ennahdha pourrait envisager les élections municipales, en encourageant le vote de la loi électorale, ce qui lui permettrait de faire un pas considérable vers les élections présidentielles de 2019 – il faut d’ailleurs qu’elles aient lieu à temps ! -. Un tel scénario donnerait à Ennahdha l’occasion de mettre la main sur les  trois sources de pouvoir en Tunisie : l’exécutif, le législatif à l’ARP et les municipalités.
Ce ne sont que des suppositions et des questions qui ont sans doute le mérite d’être posées. Même si la stratégie d’Ennahdha ne semble avoir plus de secrets pour quiconque, il faudra rester prudent face à toutes ces suppositions.
Tôt ou tard, le temps nous apportera des réponses.

M.F.K

Related posts

Coopération tuniso-chinoise : Chargement du premier lot de bus King Long à destination de la Tunisie

« Ma vie dans le journalisme : de la passion à la profession » nouvel ouvrage de Mahmoud Horchani

Redonner vie au musée de Salakta : un hackathon entre tradition et modernité