Au seuil de cette nouvelle année, la Tunisie se trouve parmi les pays listés par le Fonds Monétaire International (FMI) ayant accusé un retard de plus de 18 mois dans la réalisation des consultations au titre de l’Article IV ou les évaluations obligatoires de la stabilité financière ont été reportées de plus de 18 mois après la date butoir du 15 décembre 2023, prévue pour la finalisation des consultations.
Cette situation, dévoilée en janvier, suscite des interrogations quant aux raisons de ce report et aux implications que cela pourrait avoir sur la position économique du pays.
Ceci est encore vrai à l’heure où les consultations au titre de l’Article IV du FMI représentent un élément crucial de son processus de surveillance. Prévues annuellement, ces discussions bilatérales entre le FMI et ses membres visent à analyser la situation économique des pays. Une délégation du FMI se rend sur place pour collecter des données, rencontrer les autorités nationales, et discuter des politiques économiques et financières.
Les consultations au titre de l’article IV s’inscrivent dans une démarche visant à offrir une analyse approfondie de la situation économique d’un pays, mettant l’accent sur l’identification des vulnérabilités potentielles et la formulation de conseils stratégiques en vue de favoriser la stabilité et la croissance économique à long terme. Ces discussions englobent un spectre varié de domaines, y compris les politiques monétaire, budgétaire, financière et de change, et s’étendent au-delà pour inclure des réformes structurelles d’une portée significative.
Au cœur de ces échanges, on retrouve une exploration minutieuse des politiques économiques clés, cherchant à comprendre leur impact et leur efficacité dans le contexte national. Les débats ne se limitent pas uniquement aux aspects traditionnels de la gestion économique, mais s’étendent également aux questions cruciales liées au changement climatique et à d’autres éléments qui peuvent influencer la stabilité économique et financière d’une nation.
L’inclusion du changement climatique dans ces discussions témoigne d’une prise de conscience élargie quant à son rôle en tant que facteur déterminant dans la stabilité économique. Ainsi, les consultations au titre de l’article IV vont au-delà de la simple évaluation des politiques financières ; elles constituent une plateforme où les dynamiques économiques interagissent avec des considérations environnementales et sociales, reflétant la complexité croissante du paysage économique mondial.
Pourquoi les Consultations au titre de l’article IV ont-elles été retardées en Tunisie ?
En ce qui concerne la Tunisie, le déroulement des consultations au titre de l’article IV a subi des retards attribuables à des « questions liées au programme » qui se révèlent multifacettes. Ces retards peuvent être classés en deux catégories principales comme l’a indiqué une note publiée par l’Iace (Institut arabe des chefs d’entreprises).
Il y a tout d’abord le retard associé à l’examen d’une demande d’utilisation des fonds (UFR), d’un instrument de soutien à la politique économique (PSI), d’un instrument de coordination de la politique économique (PCI) ou d’une revue de programme. Ces aspects englobent des éléments cruciaux de l’orientation économique du pays, nécessitant une attention particulière et des évaluations approfondies pour garantir une compréhension complète de leur impact.
Mais il y a aussi un retard résultant de discussions en cours sur l’UFR, le PSI ou le PCI, ou encore de la poursuite des travaux relatifs à la revue de programme. Ces discussions en évolution constante devraient indiquer un engagement continu des autorités tunisiennes à participer activement au processus de consultation. Les retards ne sont pas le fruit d’une inaction, mais plutôt le résultat de négociations et de délibérations rigoureuses pour parvenir à des conclusions qui répondent aux besoins spécifiques de la Tunisie.
Cette intricité des retards souligne la complexité des enjeux économiques et des réformes envisagées par la Tunisie. Les consultations au titre de l’article IV ne se résument pas à un simple exercice de calendrier, mais reflètent plutôt un processus dynamique, avec des retards provenant de discussions approfondies et de décisions stratégiques cruciales.
Les possibles répercussions de ces retards
Au-delà des simples retards, les consultations au titre de l’Article IV en souffrance peuvent semer l’incertitude quant à la trajectoire économique de la Tunisie et la crédibilité de ses politiques. Celles-ci risquent d’être interprétées comme un signe de manque de coopération ou de transparence, impactant la perception des investisseurs étrangers, des agences de notation, et d’autres acteurs économiques.
Mais il est important de souligner que ces reports ne touchent pas uniquement la Tunisie. Ils ont également des implications sur le rôle de surveillance mondiale du FMI. En effet, la capacité du FMI à assumer efficacement son rôle dans la stabilité du système financier mondial dépend en partie des informations collectées lors des consultations au titre de l’Article IV.
En somme, les retards dans les consultations au titre de l’Article IV en Tunisie ne sont pas simplement des reports de calendrier, mais des éléments qui peuvent avoir des répercussions substantielles sur l’économie nationale. Cette situation soulève des questions sur la coopération internationale et la transparence des politiques économiques du pays. Alors que la Tunisie navigue à travers ces défis, il devient crucial de trouver des solutions pour surmonter ces retards et restaurer la confiance des acteurs économiques. La gestion judicieuse de ces questions devient impérative pour garantir la stabilité et la croissance économique durable du pays dans un contexte mondial complexe.
M.BB