La crise sanitaire qui secoue la Tunisie prend une nouvelle dimension avec la menace d’une pénurie généralisée de médicaments. Les pharmaciens, exaspérés par les retards de paiement de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), tirent la sonnette d’alarme.
Un système à bout de souffle
Selon Mohamed Salah Kadachi, secrétaire général de l’Union des pharmacies privées, la situation est critique. « Les négociations avec la CNAM sont laborieuses », déplore-t-il, soulignant que les pharmaciens ne peuvent plus honorer leurs engagements financiers en raison de dettes qui s’accumulent depuis plus de quatre mois.
Ces retards de paiement, couplés à l’inflation galopante et à une pression fiscale accrue, mettent en péril la survie de nombreuses pharmacies. « Si la situation ne s’améliore pas, de nombreuses officines seront contraintes de fermer leurs portes », prévient Kadachi à Nova.
Un effet domino sur la santé publique
Les conséquences de cette crise ne se limitent pas aux professionnels de la santé. Les citoyens sont les premières victimes de cette pénurie. En effet, la Pharmacie centrale tunisienne, elle-même endettée à hauteur de 1,1 milliard de dinars, peine à approvisionner les pharmacies en médicaments.
La conjoncture est d’autant plus alarmante que les dettes de la Pharmacie centrale envers les laboratoires internationaux s’élèvent à plus de 600 millions de dinars. Les fournisseurs étrangers, lassés d’attendre le paiement, pourraient réduire leurs livraisons, aggravant ainsi la pénurie.
Des mesures d’urgence insuffisantes ?
Face à cette urgence, le gouvernement a annoncé des mesures d’urgence pour injecter des fonds dans la Pharmacie centrale. Cependant, pour Mohamed Salah Kadachi, ces mesures sont insuffisantes. « Il faut aller plus loin et garantir le respect des accords contractuels entre la CNAM et les pharmaciens », insiste-il.
En attendant une solution durable, les Tunisiens craignent de voir leur accès aux soins se dégrader davantage. La pénurie de médicaments, si elle persiste, pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la santé publique.