Plusieurs fédérations et chambres syndicales affiliées à l’UTICA et appartenant aux secteurs para-touristiques ont protesté contre leur exclusion des mesures de sauvetage prises par le gouvernement, en faveur de la FTH et de la FTAV, alors que ces professions souffrent autant que leurs collègues hôteliers et cela depuis des années, des retombées négatives du terrorisme sur le secteur touristique.
Artisanat et commerce de produits d’artisanat
Aussi bien Naceur Jeljeli, membre du Bureau exécutif de l’UTICA que Salah Amamou, président de la Fédération de l’artisanat n’ont manqué de souligner la situation précaire du secteur qui persiste depuis des décennies, sans aucun soutien, alors qu’il s’agit d’un secteur aussi important que l’hôtellerie, puisqu’il emploie 350.000 artisans et artisanes.
Le secteur a été qualifié d’agonisant par les responsables du patronat, qui reprochent au gouvernement d’abandonner le secteur à son triste sort, alors que l’artisanat reflète l’identité culturelle et recèle tout notre patrimoine civilisationnel.
La stratégie décidée au profit du secteur en 2008 ainsi que le plan d’action arrêté en 2010 n’ont pas été suivis par des actions concrètes. Or, le secteur emploie 350.000 artisans et artisanes et exporte 90% de sa production, directement et indirectement : c’est également un secteur surendetté avec 35 millions de dinars, mais pour lequel il n’y a pas d’incitations particulière, alors que l’hôtellerie bénéficie d’incitation fiscales et financières et souffre d’un surendettement lourd.
Les artisans qui ont des qualifications certaines, mais des revenus réduits, souffrent de plusieurs handicaps. D’abord la mévente, donc le chômage sans compter les difficultés d’approvisionnement en matière premières et les problèmes de trésorerie.
Il faut dire que la concurrence déloyale des importations en contrebande fait un désastre : une concurrence déloyale, c’est l’artisanat du tapis qui souffre le plus, mais aussi les autres : chéchias, couvertures, cuivre ciselé, bois sculpté, poterie,…
Rent a car et transport touristique
Moez Bouchoucha s’est exprimé au nom des taxis touristiques qui souffrent durement de la désaffection des touristes, alors qu’ils se sont endettés lourdement pour l’acquisition de voitures coûteuses.
La plupart sont au bord de la faillite, depuis l’attentat du Bardo et ils demandent au gouvernement le report du paiement des échéances bancaires.
Le problème le plus grave c’est celui des 500 agences de location de voiture qui se sont surendettées pour faire face à la haute saison et qui se trouvent sinistrées suite à la défaillance de la clientèle.
Lassaad Mestiri, responsable de la chambre syndicale dénonce un certain nombre de lacunes et de défaillances dont souffre le secteur.
D’abord, il n’y a pas de cahier des charges depuis 2008, ce qui a permis aux intrus d’envahir le secteur. Les loueurs de voitures sont victimes de vols fréquents, de tarifs élevés pour les assurances et de harcèlement de la part des agents de la circulation. Ils sont surendettés vis-à-vis des sociétés de leasing et demandent au gouvernement le report des échéances de remboursement.
La restauration à vocation touristique
La restauration à vocation touristique assume un rôle majeur en matière d’animation, que ce soit dans les villes ou dans les zones touristiques à vocation balnéaire.
Souvent, les touristes, les hommes d’affaires ou les familles prennent plaisir pour sortir le soir dîner dans les restaurants touristiques.
Or, depuis le 14 janvier 2011, les restaurants touristiques souffrent de la désaffection de la clientèle et connaissent des difficultés commerciales et financières.
Certains parmi eux ont continué à investir et se trouvent, après les deux attentats du Bardo et de Sousse, dans une situation sinistrée. Ils réclament en même titre que les hôtels, des mesures de soutien.
L’attentat de Sousse :le coup de grâce
Il faut être objectif pour reconnaître que depuis le 14 janvier 2011, toutes les activités para-touristiques connaissent des difficultés multiples d’ordre commercial, financier et social.
Ces difficultés deviennent plus aiguës, chaque fois qu’il y a recrudescence des perturbations sociales, de l’instabilité politique et notamment des attentats terroristes.
En effet, la baisse de la fréquentation touristique engendre une régression du chiffre d’affaires des hôtels, mais aussi des activités para-touristiques : achats de produits d’artisanat, régression de la restauration touristique, diminution des locations de voitures et du recours au transport touristique.
Toutes ces professions ont été contraintes de s’adapter durant cette période de “vaches maigres” par toutes sortes de palliatifs. Réduction des frais de gestion, allègement de personnel, endettement, redéploiement de l’activité…
Il faut dire que la fréquentation touristique a connu en 2012 et en 2014 de légères reprises qui ont nourri, l’espoir d’une relance plus conséquente en 2015 avec l’avènement d’un gouvernement stable et durable après les élections de fin 2014.
Cependant, les attentats terroristes contre le musée du Bardo d’abord, puis celui de Sousse ensuite, sont venus donner le coup de grâce et confirmer l’effondrement de l’activité touristique qui connaît une baisse de 50% par rapport à 2014, ce qui va provoquer un désastre dans les professions para-touristiques, d’où l’explosion de la colère des professions para-touristiques qui n’ont pas été concernées par les mesures récentes prises par le gouvernement et destinées au sauvetage de secteur hôtelier et des agences de voyages.
Urgence d’une stratégie de développement à moyen terme
Le gouvernement continue à jouer le rôle de pompier qui intervient pour éteindre le feu par des mesures ponctuelles, partielles et temporaires, parfois discriminatoires qui ne débouchent pas sur des solutions durables. Il y a lieu de remarquer que la FTH est une des rares fédérations patronales en charge d’un secteur important de l’économie au même titre que les banques à ne pas être affiliée à l’UTICA.
Alors que les professions artisanales, commerçants en articles d’artisanat, location de voitures et taxis touristiques y sont affiliées.
Le gouvernement a décidé des mesures de sauvetage pour le secteur hôtelier et des voyages sous la pression des évènements, suite au retombées catastrophiques de l’attentat terroriste de Sousse.
Les fédérations de l’UTICA sont frustrées d’avoir été exclues des mesures de sauvetage prises par le gouvernement.
C’est pourquoi, une restructuration du secteur touristique s’impose pour regrouper les professionnels du tourisme dans la même structure à des fins d’harmonisation, d’efficacité et de synergie à diffuser dans le secteur.
Le secteur touristique dans son ensemble a besoin d’une stratégie à l’horizon 2020 avec des objectifs qualitatifs et quantitatifs précis et surtout d’une mise à niveau avec des moyens conséquents dont une solution constructive relative à l’endettement hôtelier.