
Iyadh Ben Achour et Abir Moussi : regards croisés
Une source bien informée auprès du Mouvement les Destouriens Libres a indiqué que le président du mouvement, Taoufik Benkhoud, avait appelé le président syrien Bachar Al Assad, dans une tentative d’empêcher le retour des terroristes tunisiens en Tunisie, vu qu’ils représentent un danger sur la sécurité nationale, rapporte Alchourouk Online se référant à cette source.
Abir Moussi, présidente du parti, a de son côté, parlé de cette question sur Mosaïque FM en assurant que « la récréation est finie et qu’il est temps de traïter les sujets touchant à la sécurité nationale avec sérieux ».
Abir Moussi: une révision de l’article 25 s’impose
Abir Moussi a fait savoir que nombre de partis appelle à l’amendement de l’article 25 de la constitution qui interdit le retrait de la nationalité tunisienne allant jusqu’à affirmer que les conventions internationales peuvent être ignorées pour permettre de retirer la nationalité aux terroristes tunisiens.
« Des mesures urgentes doivent être prises pour protéger le pays contre ces terroristes qui reviennent des zones de conflits armés. La législation actuelle ne permet pas de démasquer ces terroristes ou de les arrêter si le ministère public n’entame pas des poursuites de son propre chef » a-t-elle souligné et d’ajouter, « l‘article 25 de la constitution doit être réformé dans les plus brefs délais pour permettre le retrait de la nationalité tunisienne dans certains cas exceptionnels. Cette déchéance de la nationalité permettra de garder les éléments terroristes en dehors du territoire tunisien et les empêcher de menacer la sécurité nationale« .
Abir Moussi va plus loin dans ses affirmations pour dire que « l’article 25 de la Constitution tunisienne a été rédigé pour protéger les islamistes. Elle a assuré qu’un des leaders du Mouvement Ennahdha a reconnu que cet article avait pour but de protéger les islamistes qui avaient commis des crimes et qui ont été arrêtés et jugés sous l’ancien régime ou sont partis vivre à l’étranger pendant de longues années ».
Yadh Ben Achour a un autre regard
Professeur de droit constitutionnel, Yadh Ben Achour rappelle que la Constitution, dans son article 25, stipule qu’« aucun tunisien ne peut être déchu de sa nationalité, ni être exilé ou extradé, ni empêché de retourner à son pays ».
Yadh Ben Achour fait valoir le risque de manipulation des fondements de la Constitution. Le prof déclare qu’il « est théoriquement possible d’amender la Constitution, c’est une procédure compliquée qui peut ouvrir la voie à une manipulation des principaux fondements de l’Etat inscrits dans la Constitution notamment l’article 25« .
Absent du florilège de déclarations depuis un certain temps, le professeur de droit constitutionnel tente de fermer la porte devant toute possibilité de barrer la route aux terroristes oubliant sur son chemin qu’il n’y a pas de texte juridique sacré et que les lois sont faites pour être respectées, pour évoluer, et pour être amendées y compris la Constitution quand il s’agit de l’intérêt du pays ou de la sécurité nationale.
Par ailleurs, il préconise trois solutions pour gérer les terroristes de retour des zones de tensions : les poursuivre en justice en appliquant la loi antiterroriste, les mettre sous surveillance administrative et enfin les poursuivre pour crimes de guerre auprès de la CPI.
Yadh Ben Achour fait mieux de se taire puisqu’il semble ne pas avoir entendu ce que le peuple veut.
Arrêtons les surenchères et sauvons ce qu’il y a à sauver.
La question relève de l’avenir du pays et ne doit souffrir aucun jeu partisan.