Retrouver nos valeurs perdues

Par Rania Hammami *

 L’amour, la justice, la tolérance, le respect, la solidarité, l’intégrité, la gratitude, l’éthique, la vérité, l’équité, la confiance, l’honnêteté, la sincérité, la coopération, la fraternité, la responsabilité sociale, la modestie, l’engagement, l’optimisme, la modération, la transparence… Toutes ces valeurs, où sont-elles cachées ?

Tout le monde en parle : la perte de valeurs. 
A première vue, nous pensons qu’il s’agit d’un problème générationnel mais en se concentrant sur les détails et en regardant profondément, nous concluons que ce qui nous manque aujourd’hui, est existentiel. La perte de valeurs empêche la continuité de l’humanité civile.
Le respect, la tolérance, la responsabilité à titre d’exemple, sont des éléments primordiaux dans une société afin de vivre en paix. Nous, les humains, au cours de notre recherche de la liberté, devons être enchaînés à ces valeurs. En Tunisie, au nom de la liberté et particulièrement celle de l’expression « offerte » par la révolution, la plupart des Tunisiens pensaient être libérés de tout. Ce qui a poussé certains à penser que les Tunisiens et surtout les générations qui ont grandi après 2011, sont à la limite de l’anarchie. Alors, réagir face à cette situation de chute des valeurs peut être classé en priorité de la sécurité nationale. En effet, les actes induits de la perte intense de ces valeurs impactent directement notre vie et notre sécurité, à part notre bien-être et confort. Concrètement, l’État, la société civile et tous les citoyens doivent s’intégrer à la réinjection et l’intégration des valeurs dans la société.
Des lignes directrices seront appliquées à travers des actions simples à réaliser et qui s’orientent à la fin vers la sensibilisation et la technique qui touchent l’inconscient de chaque citoyen. Profiter des stratégies marketing où les produits sont les valeurs et la cible est le citoyen, profiter des stratégies de communication pour la mise en place des lignes directrices de l’implantation des valeurs, sont recommandés.
Pour réintégrer les valeurs humaines dans la société, tout le monde doit être sensibilisé. L’influence doit être réalisée avec tous les outils et les supports de communication et dans tous les établissements.
Il est vrai qu’on peut imposer des lois pour établir ces valeurs, mais les lois déjà mises et non appliquées sont nombreuses : espace non-fumeur, respect des feux de circulation, rejet de déchets dans les rues…
Cohabiter avec un sens d’appartenance à l’humanité et à la Tunisie ne peut réussir qu’avec des valeurs qui relient tous les citoyens indépendamment de leurs complexes.
Au niveau éducatif, il est conseillé d’intégrer de nouvelles disciplines et des programmes qui enseignent et qui poussent à la pratique des valeurs d’une manière pédagogique dans les jardins d’enfants, les écoles primaires et secondaires.

 Aux niveaux culturel et associatif, il est conseillé de :
– Organiser des concours et des activités (selon les âges) pour la mise en place des valeurs.
– Accorder des subventions et des dons par l’Etat aux associations et aux producteurs et intervenants dans le secteur culturel à condition de mettre en place un évènement ou une activité qui appelle à l’action des valeurs.
– Imposer dans chaque événement (festival, foire, rassemblement) un panel de quelques minutes qui encourage l’adoption des valeurs.
– Encourager les débats publics continus pour la mise en valeur et le respect des valeurs.

Au niveau médiatique, il est conseillé de :
– Imposer aux chaînes médiatiques télévisées ou radios le passage des spots qui appellent au respect des valeurs (en établissant le nombre de minutes et les heures du passage)
– Imposer un contenu qui appelle aux valeurs dans les journaux et les revues (en proposant le nombre d’articles ou de pages).
– Créer un contenu solide qui appelle aux valeurs et le diffuser dans les réseaux sociaux en s’appuyant sur une stratégie marketing et des campagnes continues.

Au niveau législatif, il est conseillé de :
– Créer – suite à un dialogue collectif – une constitution morale qui sera soumise à un référendum définissant clairement les valeurs humaines qu’on souhaite intégrer dans la société.
– Réactiver et appliquer les règlements qui punissent les comportements anti-valeurs.

Dans les lieux publics, il est conseillé de :
– Imposer des affiches et des stickers (trains, stations, cafés, comptoirs des caisses…) qui indiquent un bon comportement et des actes de citoyenneté.
– Déposer des statuts ou des posters des Tunisiens qui symbolisent des valeurs dans les écoles et les lycées (ministère de l’Éducation), les carrefours et les espaces verts (les municipalités).
Au niveau de la recherche, il est conseillé d’effecuter des études et analyses sociologiques profondes pour examiner les comportements anti-valeurs et les corriger.

Au niveau politique public, il est conseillé de :
 – Encourager les dirigeants à promouvoir les valeurs dans leurs actions publiques.
– Mettre en valeur des modèles de leaders et des symboles qui présentent des valeurs afin de les implanter dans l’inconscience sociale.
– Récompenser du haut niveau de l’État les citoyens qui ont adopté des valeurs et influencé la société par des gestes spontanés.
Un engagement réel et un investissement sérieux dans l’intégration profonde des valeurs dans la société sauveront notre Tunisie. Cet engagement et investissement n’arrêteront pas seulement la criminalité mais assureront aussi un futur meilleur où des jeunes, des adultes, des personnes âgées, des musulmans, des juifs, des chrétiens, des athées, de différentes classes sociales, de différents niveaux éducatifs pourront vivre ensemble en sécurité et en bonheur social. Alors, nous confirmerons la parole du martyr Chokri Belaïd : « La Tunisie est un jardin avec mille roses et une rose aux milles couleurs  et nous sentirons le parfum de ce jardin et de ces roses. »

*Ingénieure, activiste et essayiste

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