Réunion de Carthage : Béji Caïd Essebsi prend de la hauteur

Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a passé en revue les principes du Pacte de Carthage, mis en place depuis juin 2016, vendredi 5 janvier 2018, point par point en présence des signataires du Pacte, ou presque. Seul Al Joumhouri, parti de Ahmed Néjib Chebbi que préside Issam du même nom, était absent lors de la réunion, refusant selon les termes de son communiqué, de côtoyer « certaines parties impliquées dans la corruption et et le blanchiment d’argent ».
« Le gouvernement d’union nationale était une nécessité, compte tenu de la conjoncture de l’époque. Il doit respecter la feuille de route qui a été établie », a déclaré le Chef de l’État à l’adresse des signataires. Les piques n’ont pas manqué vis-à-vis de certains partis politiques, notamment sur la question du retrait du Pacte de Carthage. « Nous respectons toutes les positions, mais ce que nous avons retenu aujourd’hui, c’est l’absence d’Al Joumhouri. Pour les partis qui ont décidé de se retirer, c’est leur affaire. Néanmoins, on continue de se poser des questions sur les véritables raisons de ce retrait », a-t-il déclaré. Le Chef de l’État, dans son discours, a salué les progrès économiques qui ont été réalisés depuis l’arrivée du gouvernement d’union nationale au pouvoir. « Le budget 2018 est celui de l’équilibre financier. Il comporte des hausses de prix éprouvantes pour tous, mais ces dernières sont inévitables selon le gouvernement », a-t-il déclaré, concédant que la loi de Finances 2018 comporte des mesures douloureuses. Cependant, poursuit-il, il n’y a pas d’autres solutions, compte tenu de la conjoncture du pays.
Économiquement, le bilan, selon Béji Caïd Essebsi, était plutôt positif, malgré les difficultés. « Le seul domaine dans lequel nous n’avons pas réussi est celui des hydrocarbures. C’était à cause des actions tel que Winou El Pétrole, ou encore le comportement de certains qui ont été à l’origine de la baisse de la production », a-t-il expliqué. La presse avait aussi un rôle à jouer, selon le Chef de l’État. D’ailleurs, le quatrième pouvoir a également été abordé à la fin de son intervention. « Elle [la presse] constitue un acteur majeur de la transition. Cependant, elle a peut-être contribué à créer une atmosphère où le citoyen doute de la crédibilité des actions qui ont été entreprises », a-t-il noté, ajoutant qu’il est nécessaire de rattraper les pays développés.
La croissance, poursuit le président de la République, a été réalisée, mais ce n’était pas le cas de l’emploi. « Il existe encore des régions marginalisées qui n’ont pas profité de la croissance. La pauvreté existe encore. Plusieurs de nos enfants ont choisi de quitter le pays. Nous espérons pouvoir dépasser tout cela cette année », a-t-il dit.

« Je suis à égale distance de tout le monde »
Concernant la lutte contre la corruption, Béji Caïd Essebsi s’est félicité des pas qui ont été franchis par le gouvernement d’union nationale. « C’est un lourd travail qu’il est impossible d’évaluer en l’espace d’une seule année« , a-t-il dit. Sur le plan social, le président a affirmé qu’une politique sociale efficace a été instaurée. « Depuis l’indépendance, nous avons pu garantir l’éducation pour tous, mais également la liberté de la femme qui constitue le porte drapeau de la Tunisie. Sans elle, aucun développement ne saurait être envisageable », a-t-il expliqué, rappelant que tout sera déployé pour que la femme soit l’égale de l’homme, notamment en matière d’héritage.

L’autre point abordé par le Chef de l’État est celui de la décentralisation et des élections municipales. « Ce n’est pas une mince affaire. Il s’agit d’un pari à remporter », a-t-il dit à propos du prochain scrutin qui sera organisé en mai 2018.  Il faut cesser, poursuit le président de la République, de mettre en doute et d’insulter. Et là encore, il n’a pas manqué de critiquer les médias. « Nos médias ont tendance à inviter ceux qui vont faire le buzz. Il est impossible de réussir dans une démocratie sans les partis politiques, malgré leurs problèmes internes », a-t-il souligné. Ce sont, par la suite, les institutions de l’État qui doivent être finalisées, d’après Béji Caïd Essebsi, qui a souligné l’importance de la Cour Constitutionnelle. « L’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) est prête pour cela. Nous espérons pouvoir combler les lacunes afin de permettre à la Tunisie de sortir de la crise cette année », a-t-il déclaré, et de conclure : « J’ai confiance en le peuple tunisien, en les institutions de l’État et en les partis. Ensemble, nous pourrons sortir de la crise. Je me suis consacré à cela et je me trouve à égale distance de tous ».
Rappelons que la réunion de Carthage a réuni Mohsen Marzouk, secrétaire général de Machrou3 Tounes, Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahdha, Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes, Yassine Brahim, président de Afek Tounes, Samira Chaouachi, représentante de l’Union Patriotique Libre (UPL) à la place du démissionnaire Slim Riahi, Jounaidi Abdeljaoued, représentant d’Al Massar, Kamel Morjane, représentant d’Al Moubadara, Zouheir Maghzaoui, représentant du mouvement Echaab, Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT, Abdelmajid Ezzar, président de l’UTAP.

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