Par Ridha Lahmar
Le nombre de diplômés du supérieur au chomage a dépassé les 220.000, alors qu’il y a 120.000 offres d’emplois non satifaites. Il y a là un paradoxe du marché de l’emploi en Tunisie où il y a un excès de maîtrisards et cadres supérieurs dans les disciplines littéraires et juridiques, alors qu’il y a un déficit flagrant dans les spécialités scientifiques et techniques parmi les cadres supérieurs.
Il y a également un manque de techniciens supérieurs, de cadres moyens et de professionnels diplômés dans les métiers du bâtiment, de l’électrotechnique, des industries pharmaceutiques et bio-alimentaires,… Cela signifie que la croissance de notre économie depuis vingt ans n’a pas permis d’absorber, ni en qualité ni en quantité, les nouveaux diplômés
Parmi les nombreuses interrogations que l’on est en droit de se poser figurent en bonne place celles-ci :
Le baccalauréat est-il un diplôme qui consacre l’achèvement des études secondaires ou bien donne-t-il droit à l’entrée sans aucun obstacle à l’université ?
Autrement dit, un élève qui a réussi au bac avec une moyenne proche de 10 ou de 11/20, à plus forte raison pour ceux qui ont été rachetés à 9/20 par exemple, (alors que le secours de la moyenne annuelle à concurrence de 25% améliore sensiblement les scores du bac), a-t-il des chances sérieuses de réussir des études supérieures ?
Quand on réussit au bac, me semble-t-il, chaque candidat aux études supérieures devrait se poser les deux questions fondamentales suivantes : suis-je doué pour réussir la filière des études supérieures que je vais entreprendre ? La spécialité que j’ai choisie me donnera-t-elle une fois mon diplôme décroché, un maximum de conditions favorables pour une insertion dans le marché de l’emploi ? Je pense que cela se fait rarement.
Il faut reconnaître que la majorité des candidats aux études supérieures ne bénéficient pas de conseils avisés de la part de personne qualifiée avant de choisir la filière qui s’impose en matière d’employabilité. D’où les erreurs d’aiguillage qui coûtent cher aux intéressés dès la fin de leurs études. L’orientation par ordinateur a certes le mérite de donner la priorité des filières nobles et recherchées aux meilleures moyennes enregistrées au bac, mais pour les notes médiocres ou moins bonnes, on impose parfois sinon souvent des filières sans issue pour ce qui est de l’emploi.
Ce qui fait que souvent, les candidats à l’orientation sont obligés de faire des études supérieures dans des disciplines qu’ils n’ont pas choisies et qu’ils n’apprécient pas. D’où les gâchis que l’on connaît qui ne font que renforcer les rangs des “cartouchards” sinon ceux des chercheurs d’emploi diplômés.
Il n’y a aucune préoccupation relative aux besoins du marché du travail chez les responsables de l’orientation universitaire qui privilégient plutôt l’adéquation entre les capacités d’accueil des institutions universitaires et les effectifs d’étudiants à orienter.
C’est ainsi qu’on oriente entre 500 et 700 étudiants vers l’Ecole nationale d’architecture chaque année, alors que le marché du travail ne peut absorber que 200 par an par exemple.
Le même raisonnement est valable pour plusieurs filières d’enseignement supérieur : Lettres, Droit, Gestion,…
L’orientation universitaire doit se faire chaque année par les responsables de l’Enseignement supérieur en coopération étroite avec les responsables des fédérations patronales, secteur par secteur d’activité, afin de tenir compte des attentes réelles des entreprises et des besoins du marché du travail.
Cela permet d’éviter les lacunes donc le recours à des travailleurs étrangers mais surtout de donner du travail aux sans-emplois tunisiens.
Mieux que cela, les programmes de l’enseignement supérieur doivent être conçus en relation étroite entre enseignants et patrons d’industrie pour faire coïncider la formation avec les besoins. L’intégration entre l’université et le monde du travail qui a trop tardé devrait être réalisée d’urgence.
Cela devrait inciter à mettre au point des programmes de reconversion pour favoriser l’employabilité des diplômés en chômage.
Il est urgent et fondamental de provoquer la montée en gamme de la formation. En effet, notre dispositif de formation professionnelle comporte encore des défaillances qualitatives et quantitatives qui impliquent une mise à niveau, la plus importante étant l’inadéquation entre les besoins du marché de l’emploi et la répartition de l’offre entre les différentes spécialités. C’est ainsi que la formation en matière de tourisme, de métiers du bâtiment, et de l’agriculture biologique accuse un déficit flagrant.
Outre le fait que la formation professionnelle a besoin d’améliorer son image et de gagner en prestige social alors que le savoir-faire des chauffagistes, des frigoristes et des électriciens leur permet d’avoir des rémunérations très confortables et croissantes qui n’ont rien à voir avec celles des fonctionnaires.
Thermalisme : nette reprise des investissements
Trois nouveaux projets de thermalisme entreront bientôt en activité avec un montant élevé d’investissements soit 52 MD. Ces projets ne manqueront pas d’avoir un effet d’entraînement sur la promotion du secteur.
Il s’agit de deux stations thermales : l’une située à Aïn Oktor (Korbous) et l’autre à Sidi Boulaaba (Kasserine). Le troisième projet étant un central thermal et écologique à Beni Mtir, près de Aïn Draham. La station thermale de Aï Oktor s’étend sur une superficie de 2,57 ha, elle comporte un hôtel 5 étoiles, un centre de thalassothérapie, une station thermale et un centre d’hébergement sous forme de bungalows.
Ce projet a coûté 40 MD et permettra de créer 220 emplois permanents. La reconstruction de la route de Korbous qui a duré près de dix ans a retardé l’achèvement du projet. Quant au projet de Sidi Boulaaba, construit sur une superficie de 2 ha, il a mobilisé un investissement de 2 MD. Il comporte une station thermale moderne, plusieurs Hammams traditionnels, des installations de cure médicale, un café-restaurant et une zone d’hébergement sous forme de bungalows.
A Béni Mtir, en pleine forêt et au bord du lac réservoir relatif au barrage du même nom, se trouve la station thermale sur une superficie de 1,5 ha, un hôtel et des bungalows pour l’hébergement, ainsi qu’une zone d’animation.
Partenariat stratégique BID-Tunisie
La Banque islamique de développement et la Tunisie ont conclu récemment un mémorandum d’entente relatif à l’instauration d’un partenariat stratégique et un accord d’assistance technique relative à l’émission par la Tunisie des sukuks islamiques.
Ce sont le ministre de l’Investissement extérieur et de la coopération internationale Lamine Doghri et Ahmed Mohamed Ali, Président de la BID qui ont procédé à la signature des contrats.
Le partenariat stratégique s’étale sur trois ans : 2013-2015 pour une valeur de 1200 MD soit 400 MD par an, alors que l’assistance technique a été évaluée à 150.000 dollars.
Rappelons que la Budget de l’État pour 2013 comporte à la rubrique ressources, 1000 millions de dinars tunisiens à titre d’émission de sukuks. Les fonds relatifs au partenariat stratégique coïncident avec les priorités retenues par le gouvernement, mais qui n’ont pas connu jusqu’ici de concrétisation sur le terrain : réduction des disparités régionales, renforcement de l’infrastructure de base, projets économiques, créations d’emplois et renforcement de la complémentarité économique entre les pays du Maghreb.
Le développement de la finance islamique en Tunisie ne peut se faire qu’à travers un cadre réglementaire cohérent portant sur les nouveaux instruments de financement islamique. Il faut dire que la société islamique d’assurance crédit à l’exportation et de garantie des investissements accorde sa garantie pour l’émission de 600 millions de dollars de sukuks avant la fin 2013.
Pêche : le repos biologique de Gabès
Le Groupe chimique dont les usines sont implantées à Gabès et qui reçoivent 10.000 tonnes de phosphates bruts par jour, rejettent à la mer quotidiennement 1500 tonnes de phosphogypse depuis plus de trente ans. Tant et si bien que les fonds de la mer du golfe de Gabès, zone de reproduction du poisson et des crustacés ont été désertifiés. D’où l’effondrement de la production de poisson dans le golfe de Gabès alors que la région est connue par des espèces nobles de poisson : rouget, pagot, crevettes, sole… En attendant la dépollution de golfe dont on parle depuis vingt ans sans la réaliser, le ministère de l’Agriculture qui est la tutelle des pêcheurs a adopté depuis cinq ans l’interdiction de la pêche à la traîne pendant trois mois par an afin de favoriser la reproduction du poisson appelée “repos biologique”.
Il faut dire que le potentiel de production, suite à cette période de repos prive le pays de 30% de ses résultats. Il donne droit à une compensation financière au profit des pêcheurs et des armateurs, dispensée à travers des fonds créés par l’État à cet effet.
Il y a lieu de remarquer que ce repos concerne 185 chalutiers qui pratiquent la pêche à la traine au large de Gabès et dont le port d’attache principal est celui de Sfax alors que le nombre de pêcheurs dépasse 2000.
Le fonds de financement dispose d’un budget de 6,5 MD.
Les autorités de tutelle ont constaté que ce repos biologique commence à porter ses fruits puisque la production de poisson connaît une reprise dans la région passant de 21.000 tonnes en 2008 à 29.000 tonnes en 2012.
Photovoltaïque : station de dessalement d’eau
Le Japon a financé et fourni l’assistance technique relative à la station de dessalement d’eau saumatre de Ben Guerdane dont l’énergie sera d’origine photovoltaïque à 70% soit 210 kw.
Le projet consiste à partir d’un sondage profond permettant de puiser de l’eau saumatre dans la nappe, d’aménager un étang d’évaporation, d’implanter 6 km de conduites pour alimenter, après dessalement par recours à l’énergie photovoltaïque, la population locale. Le promoteur est la Sonede, la capacité de dessalement est de 1800 m3 par jour. Il y a lieu de remarquer que c’est une société allemande qui a procédé au montage des panneaux photovoltaïques.
Seulement 50% des ressources en eau de notre pays ont une salinité inférieure à 1,5 gramme de sel par litre, norme adoptée par l’OMS pour l’alimentation humaine. Or cette norme est respectée à 84% par les ressouces en eau du nord du pays, au détriment du centre et du sud du pays.
A l’horizon 2030, la Sonede prévoit la réalisation de 45 stations de dessalement des eaux saumatres dont la capacité unitaire variera entre 800 et 6000 m3/jour dans les gouvernorats de Medenine, Tataouine et Kebili.
Les eaux non conventionnelles parmi les eaux mobilisées par la Sonede passeront en 2030 à 7% dont 4% issus des stations de dessalement soit 500.000 m3 à l’horizon 2030.
Ridha Lahmar