Révision de l’accord Algérie-UE : Le président algérien détaille ses priorités économiques

Flag of Algeria

Dans un entretien accordé au journal français L’Opinion et publié dimanche 2 février, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a abordé plusieurs sujets brûlants, notamment la révision de l’Accord d’Association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE). Le chef de l’État a insisté sur la nécessité de moderniser cet accord pour permettre aux produits algériens, notamment agricoles et industriels, d’accéder au marché européen dans des conditions préférentielles.
« Notre ambition exportatrice s’affirme. En 2005, nous n’avions guère de production en dehors des hydrocarbures. Aujourd’hui, nous avons une production industrielle nationale », a-t-il déclaré, soulignant que « tout l’électroménager est algérien ». Selon les données de la FAO, l’agriculture algérienne génère 37 milliards de dollars par an, permettant au pays d’exporter des produits maraîchers vers la Tunisie, la Mauritanie et le Moyen-Orient. « Il faut réviser l’accord pour que nos produits agricoles et notre acier accèdent au marché européen dans des conditions préférentielles », a-t-il ajouté.
L’Algérie, un partenaire économique solide
Interrogé sur les aides de développement françaises, Tebboune a balayé d’un revers de main leur importance pour l’Algérie. « C’est de l’ordre de 20 à 30 millions par an. Le budget de l’État algérien est de 130 milliards de dollars, et nous n’avons pas de dette extérieure », a-t-il rappelé. Il a également mis en avant les efforts de solidarité de l’Algérie envers l’Afrique, citant notamment le financement annuel de 6 000 bourses pour des étudiants africains, la construction d’une route de plus d’un milliard de dollars reliant l’Algérie à la Mauritanie, et l’effacement de 1,4 milliard de dollars de dettes pour douze pays africains.
Le président algérien a également exprimé sa confiance dans l’avenir économique du pays. « Si Dieu le permet, peut-être dans deux ans maximum, l’Algérie sera un pays émergent du niveau des pays du Sud de l’Europe, avec un PIB de plus de 400 milliards de dollars », a-t-il prédit. D’ici 2027, le pays prévoit d’achever la construction de 3,5 millions de logements, de résoudre les problèmes d’eau et de réduire les importations de matières premières. « Nous allons être parmi les plus grands exportateurs de phosphates et dérivés, et nous développerons l’énergie solaire et la production d’hydrogène vert », a-t-il énuméré.
Relations internationales : Chine, Italie et tensions avec la France
Tebboune a également évoqué les relations économiques de l’Algérie avec la Chine et l’Italie. « Les Chinois s’intéressent à de nombreux secteurs d’activité : des technologies de pointe à l’électronique, en passant par le numérique et les batteries au lithium », a-t-il expliqué, soulignant que les entreprises chinoises ont proposé « les meilleures offres et les délais les plus courts » pour des projets comme la construction de logements.
En ce qui concerne l’Italie, le président a salué un partenaire « très fiable ». « Nos amis italiens sont de bonne foi. On s’aide réciproquement, et l’Italie renforce ses positions économiques chaque année », a-t-il déclaré.
Toujours est-il que les relations avec la France restent tendues. Tebboune a critiqué les déclarations de l’extrême droite française, qualifiant notamment les propos du député Éric Ciotti, qui a traité l’Algérie d’« État voyou », de « profondément hostiles ». « Personnellement, je distingue la majorité des Français de la minorité de ses forces rétrogrades », a-t-il nuancé, tout en déplorant que « le dialogue politique soit quasiment interrompu ».
Sur le dossier du Sahara occidental, Tebboune a mis en garde Emmanuel Macron contre une éventuelle reconnaissance de la marocanité du territoire. « Vous faites une grave erreur ! Vous n’allez rien gagner et vous allez nous perdre », a-t-il déclaré, rappelant que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a un rôle de « protecteur de la légalité internationale ».
Enfin, le président a abordé la coopération sécuritaire avec la France, soulignant que si la collaboration avec la DGSE (services de renseignement militaires) se poursuit, celle avec la DGSI (services de renseignement intérieurs) est à l’arrêt. « Tout ce qui est “Retailleau” est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays », a-t-il affirmé, en référence au ministre français de l’Intérieur.
Dans un contexte géopolitique complexe, l’Algérie affirme ainsi sa volonté de renforcer sa souveraineté économique et de jouer un rôle clé sur la scène internationale, tout en cherchant à préserver des relations équilibrées avec ses partenaires étrangers.

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