Ridha Lahouel, ministre du Commerce: « Il n’y aura pas de pénurie au Ramadan »

Alors que le mois de Ramadhan s’approche à grande vitesse, des mots comme  maitrise des prix, approvisionnement  du marché et constitution de stocks régulateurs en prévision de cette période propice à tous les excès reviennent comme une antienne.

Depuis plus de quatre ans, le consommateur dont le pouvoir d’achat s’est gravement érodé et à l’heure où les pressions sociales sont de plus en plus fortes, l’accalmie tant attendue pourra-t-elle enfin se matérialiser ?

Le ministère du Commerce s’est mis à l’ouvrage depuis maintenant quelques mois pour infléchir un tant soit peu la hausse des prix et, surtout, assurer un approvisionnement normal du marché au cours du mois de Ramadhan. Y parviendra-t-il à faire quelque chose que le consommateur ressentira réellement,

Le ministre du Commerce et de l’artisanat,  Ridha Lahouel apporte quelques éclairages à ce sujet. Interview

Quelques mois après le démarrage de la campagne organisée par votre  département en vue de mieux organiser les circuits de distribution et de stopper la flambée des prix de certains produits, quelle évaluation pourriez-vous tirer ?

L’action engagée au cours de cette période en vue d’assurer une meilleure organisation des circuits de distribution, de contenir la hausse des prix, notamment de certains produits sensibles est en train de donner quelques  résultats positifs.  On peut dire que des  réussites ont pu être enregistrées, mais beaucoup reste à faire dans ce domaine pour tout remettre dans l’ordre.

Concrètement, il y a une nette amélioration au niveau des prix de certains produits.

Les  circuits de distribution, à la faveur d’une action de contrôle de plus en plus organisée et continue, ont gagné en transparence. D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes et montrent que la fièvre observée il y a quelque temps est maintenant plus ou moins maitrisée… Ce résultat, on le doit aux grands efforts déployés par les agents du ministère qui se sont mobilisés pour qu’on arrive là. 

Concrètement, cette baisse a concerné quels  produits?

L’action, qu’on a réussi à mener,   a été à la fois  globale et ciblée, ce qui a permis d’infléchir la courbe de certains produits.  Le prix du  piment, par exemple,  est passé de 3 dinars le kilo à 800 millimes,  l’oignon est commercialisé  à 800 millimes et le prix  des pommes de terre est plafonné à 750 millimes le kilo.

Parallèlement,  on a pu obtenir  dans les grandes surfaces, une baisse volontaire   sur les produits d’alimentation générale,  notamment sur le prix de  la viande blanche.

Cette campagne sera-t-elle poursuivie  pendant le mois de Ramadhan ?

La campagne que nous avons entamée se poursuivra  et on continuera à négocier avec tous les intervenants. D’ailleurs,  on focalise de plus en plus notre action actuellement sur  la prochaine rentrée scolaire.  Toutes les fournitures, sauf celles déjà subventionnées, observeront  une baisse de 5% et 15% sur les produits en cuir.

Avec la présence de nombreux  Libyens en Tunisie notamment, , est-ce que les stocks régulateurs sont suffisants pour tout le monde ?

Oui, nous avons des stocks régulateurs suffisants. Il n’y aura pas de pénurie de lait, ni de quoi que ce soit … Je dois dire qu’on n’aura pas à gérer de pénurie au courant du mois de Ramadhan. Des stocks  ont été d’ores et déjà constitués en divers produits permettent facilement de satisfaire la demande.  Pour les œufs, un stock de 14 millions d’unités est  déjà constitué, 48.8 millions litres de lait sont disponibles,  pour les viandes blanches, la quantité stockée a atteint 1350 tonnes…

Nous avons connaissance de la conjoncture actuelle et nous avons pris en considération toutes les données. C’est pour cela d’ailleurs que nous avons décidé d’importer  certains produits afin de parer à tous les problèmes de manque  mais aussi pour réguler les prix sans que les producteurs locaux n’en soient lésés.

Dans quelle mesure vous allez inscrire ce genre d’actions dans le cadre de stratégie de long terme ?

Certes, ces campagnes sont une solution de  court et moyen termes. Elles permettent une rationalisation des prix via le contrôle des circuits de distribution et la lutte contre les hausses illicites des prix.  En effet, quand la loi de l’offre et de la demande n’obéit pas à des règles  transparentes, l’Administration se trouve dans l’obligation d’intervenir pour protéger le consommateur et  éviter ce genre de dysfonctionnements. La solution de long terme réside dans l’organisation des circuits de distribution,  on y travaille pour rendre cela possible.

A-t-on réellement les moyens d’intensifier les opérations de contrôle pendant ce mois où l’anarchie semble toujours l’emporter?

Vous savez, nous avons 600 agents mobilisés  pour contrôler pas moins de  1 000 produits, 500 services répartis  sur toute la République pour un travail qui doit se faire en continu, tous les jours de la semaine et 24h/24 … Bien sûr, ce nombre est insuffisant et on espère avoir plus de ressources humaines affectées à ce genre de tâches au demeurant délicates et complexes …

En attendant, on essaye le mieux avec ce dont nous disposons.

Avez-vous prévu des contrôles au niveau des cafés pour éviter les incidents de l’an dernier ? Y compris ceux relayés par plusieurs consommateurs dans un café mythique de Sidi Bou Said ?

Oui, nous avons prévu de contrôler tous les quartiers y compris et surtout les quartiers huppés. On ne tolérera pas les ventes conditionnées … Au Lac, à Ennasr, à sidi Bou Saïd, tout le monde est logé à la même enseigne.  

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