La Tunisie est entrée, théoriquement, dans une phase de stabilité politique, mais la COFACE avertit : « le nouveau gouvernement devra faire face à de multiples défis sociaux et économiques »
Le bon déroulement des dernières élections et la fin de la période de transition ont soufflé un vent d’optimisme sur la Tunisie, créditée de perspectives considérées stables. Dans son panorama consacré à la région MENA (Moyen Orient Afrique du Nord), le leader mondial de l’assurance-crédit COFACE a fait une appréciation optimiste sur les perspectives économiques en Tunisie en 2015. Hormis la réussite des élections législatives et présidentielles de 2014, certains facteurs exogènes favorables se présentent comme des atouts indéniables dont la Tunisie peut profiter au cours de cette période. « La reprise du tourisme, le regain de confiance des investisseurs et la relance des exportations devraient, dans un contexte de reprise au sein des pays européens, contribuer de manière positive à la croissance notamment en Tunisie», relève la COFACE dans son rapport publié le 20 janvier dernier.
Même s’il semble que la Tunisie soit entrée dans une phase de plus grande stabilité politique qui permettra une relance de l’économie à long terme, COFACE avertit : « le nouveau gouvernement devra faire face à de multiples défis sociaux et économiques, ainsi qu’aux attentes de la population ». De toute évidence, les enjeux majeurs demeurent la création d’emplois et une meilleure répartition sociale et géographique de la croissance.
En 2015, l’activité tunisienne devrait légèrement accélérer. L’économie devrait être soutenue par la croissance des services marchands et en particulier les télécommunications, mais également par une augmentation plus vigoureuse de la production agricole notamment d’huile d’olive (280 mille tonnes). Cependant, le ralentissement observé dans les secteurs d’extraction (phosphate en particulier) affaibli par les tensions sociales risque de se prolonger en 2015 et de limiter la reprise. La consommation et l’investissement devraient augmenter de 5%. Cette reprise devrait être également portée par un léger accroissement des exportations qui resteront néanmoins limitées par la faible reprise en zone euro.
En raison de coupes dans les dépenses courantes et les subventions, le déficit budgétaire pourrait légèrement se tasser en 2015. La dette publique augmente graduellement, mais elle est en partie interne et pour le solde contractée à des conditions concessionnelles.
Les comptes extérieurs restent sous pression mais le déficit courant devrait quelque peu se réduire en 2015. La baisse du cours du pétrole conjuguée à l’entrée en production de certains champs pétroliers découverts en 2013 devrait permettre de réduire le déficit énergétique. Par ailleurs, la légère progression des exportations devrait juguler l’accélération attendue des importations soutenue par une demande intérieure forte.
Amélioration des ratios
Les ratios d’endettement extérieur vont passablement s’améliorer en 2015. Le Tunisie est sous accord depuis 2013 avec le Fonds monétaire international.
En raison de coupes dans les dépenses courantes et les subventions, le déficit budgétaire pourrait légèrement se tasser en 2014, mais une discontinuité de la politique fiscale est possible du fait d’une succession de différents gouvernements au cours de l’année. La dette publique augmente graduellement, mais elle est en partie interne et pour le solde contractée à des conditions concessionnelles.
Les comptes extérieurs vont rester sous pression. Les exportations progresseront modestement, en raison de l’instabilité politique et sociale et de la situation économique morose du principal partenaire commercial du pays, l’UE, tandis que les importations pâtiront encore du coût élevé de celles d’énergie (constituant 15% du total). Par ailleurs, les transferts des expatriés seront résilients, mais le rebond du tourisme dépend de l’amélioration de la situation politique et sécuritaire et, au total, le déficit courant restera élevé, malgré une légère réduction.
La solvabilité, la qualité des actifs et la rentabilité du système bancaire se sont dégradées. Avec l’appui du FMI, le pays a engagé un ensemble de mesures visant à répondre aux vulnérabilités de ce secteur, en initiant un programme de restructuration du système et en recapitalisant les trois banques publiques (BNA, BH et STB).
Pour la région MENA, la COFACE considère qu’après une période agitée, « l’activité économique devrait s’intensifier dans la région. La croissance devrait s’établir à 2,6 % en 2014 et s’accélérer pour atteindre 3,2 % en 2015, à la faveur de la reprise économique mondiale et des signes avant-coureurs d’un consensus politique dans certains pays de la région. Toutefois, les chiffres de croissance continueront à se maintenir sous la barre des 5,4 %, moyenne affichée durant la période 2000-2010 ».
Pour les pays importateurs de pétrole (Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie), la reprise du tourisme, le regain de confiance des investisseurs et la relance des exportations devraient contribuer de manière positive à la croissance. La croissance de ces pays se maintiendra autour de 2,5 % en 2014 et de 3,4 % en 2015, ce qui ne va pas leur permettre de desserrer vigoureusement des taux de chômage, des déficits budgétaires et des déficits courants élevés. Reste un facteur d’inquiétude : l’instabilité régionale pèse sur les performances économiques de certains pays.
N.O