Du 26 au 28 mai 2025, la Cité de la Culture à Tunis a accueilli le Forum sur l’Économie sociale et solidaire (ESS) et l’Innovation sociale. Placé sous le thème « Le rôle de l’ESS dans la promotion de la justice sociale », cet événement rassemble des responsables gouvernementaux, des acteurs économiques, des organisations internationales et de jeunes entrepreneurs.
Manel Arfa, l’une des organisatrices, a déclaré : « Nous mesurons l’impact que nous pouvons avoir sur notre environnement et nos communautés. Nous souhaitons également adresser une chaleureuse bienvenue à nos invités marocains et à tous les acteurs institutionnels engagés. Ce forum est bien plus qu’un simple événement. C’est un véritable espace de partage d’idées et de solutions concrètes pour transformer les défis d’aujourd’hui en opportunités de demain. »
Elle a ajouté : « Aujourd’hui, il est essentiel que l’innovation responsable et l’impact des entreprises sur la société soient au cœur des discussions. La quatrième édition de ce forum se concentre sur l’intelligence artificielle au service de la responsabilité sociétale des entreprises. »
Khaled Ghedira, expert en intelligence artificielle, a partagé son analyse : « Nous allons examiner les enjeux entre l’intelligence artificielle d’une part, et la RSE et l’ESG d’autre part. L’IA peut apporter beaucoup à la RSE, et inversement. La question centrale est de trouver le bon équilibre entre ces deux domaines. »
Il a illustré son propos par un exemple concret : « Récemment, des jeunes ont développé un chatbot utilisant l’IA pour aider les citoyens à accéder aux services de Tunisie Télécom. Cette innovation brise les barrières de l’information et réduit les inégalités. »
Khaled Ghedira a souligné l’urgence d’une approche équilibrée : « Toutes les entreprises doivent adopter l’IA, mais nous devons réguler son usage éthique. La RSE, avec ses critères sur l’environnement et l’inclusion sociale, peut jouer ce rôle de garde-fou. »
Il a précisé : « Plutôt qu’un cadre juridique strict qui pourrait freiner l’innovation, parlons de régulation et d’encadrement des pratiques. La Tunisie, en adhérant aux principes directeurs des Nations Unies, montre sa volonté de concilier innovation et responsabilité. »
Le projet Jeun’ess, lancé il y a cinq ans, montre l’impact tangible de l’ESS en Tunisie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 3.600 emplois créés, avec une participation féminine de 56% et une inclusion des personnes handicapées atteignant 6,5%. Ces initiatives ont particulièrement bénéficié aux régions prioritaires comme Sidi Bouzid, Kasserine et Kairouan.
Le programme du forum, co-organisé par le ministère de l’Économie et de la Planification, l’OIT et la Délégation de l’Union Européenne, comprend des panels de haut niveau, des sessions techniques, des ateliers thématiques et un village ESS mettant en valeur les innovations locales.
L’un des objectifs majeurs de ce forum est de poser les bases d’une stratégie nationale ESS 2035. Cette feuille de route s’alignera sur les Objectifs de développement durable (ODD) 2030 et l’Accord de Paris sur le climat. Bien que la loi n° 2020-30 ait établi un cadre juridique pour l’ESS, sa mise en œuvre complète reste en cours.
L’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, a souligné l’engagement historique de son pays en faveur de l’inclusion des jeunes et du développement durable en Tunisie. « Notre collaboration repose sur une vision commune de progrès et d’inclusion », a-t-il déclaré, ajoutant que « l’économie sociale et solidaire est un pilier essentiel pour atteindre ces objectifs. »
Ce forum représente une opportunité cruciale pour harmoniser les efforts des institutions publiques, de la société civile et des acteurs économiques. Il vise à libérer pleinement le potentiel d’un secteur qui se positionne comme un levier clé pour une transition juste et inclusive en Tunisie. Les discussions ont notamment porté sur l’autonomisation des jeunes, l’innovation sociale et les mécanismes de financement durables.
Photos, montage et réalisation: Riadh Sahli