Le chef de l’État russe a été réélu dimanche avec 76,67 % des voix. L’opposition et plusieurs ONG dénoncent des milliers de fraudes et d’irrégularités.
Trois jours après avoir été désigné par le ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson, comme le commanditaire de l’empoisonnement de l’ex-espion russe, Sergueï Skripal, l’homme fort de la Russie peut se targuer d’avoir pris sa revanche à la maison, se faisant sacrer par les urnes pour la quatrième fois de sa carrière.
Le communiste Pavel Groudinine et le nationaliste Vladimir Jirinovski se voient créditer respectivement de 11,8 % et 5,6 % des suffrages. Les cinq suivants récoltent les miettes. Les résultats ont été aussitôt contestés par l’opposition qui a dénoncé des milliers de fraudes et d’irrégularités.
Lors d’un concert intitulé «Russie, Sébastopol, Crimée», le président a célébré sa victoire en même temps que l’anniversaire de l’annexion de la péninsule, entérinée le 18 mars 2014. Il a recueilli près de 90 % des suffrages sur l’ancien territoire ukrainien, soit près d’un million de voix supplémentaires qui expliquent en partie la progression de son score. «Je vois ce résultat comme la reconnaissance de ce qui a été accompli ces dernières années dans des conditions très difficiles», a déclaré Poutine, en référence implicite à sa décision d’envoyer, il y a quatre ans, des troupes spéciales prendre le contrôle de la Crimée. Comme en écho, la France a indiqué dans un communiqué son refus de reconnaître le scrutin organisé dans la péninsule. Puis Poutine a fait scander «Russie, Russie!» par le public.
Par ailleurs, le président russe a rejeté toute responsabilité de son pays dans l’affaire d’empoisonnement qu’il estime avoir appris… par les médias. Ces accusations sont «du grand n’importe quoi», a-t-il balayé. La veille, Moscou avait annoncé l’expulsion de 23 diplomates britanniques et la fermeture du British Council, en représailles aux sanctions quasi-identiques adoptées par Londres.
Ainsi, Vladimir Poutine se retrouve en position de force inédite à la veille de son quatrième mandat. Un journaliste lui a demandé s’il pensait rester au pouvoir après 2030, soit après un… cinquième mandat supplémentaire de six ans. «C’est un peu ridicule», a-t-il rétorqué. «Vous voulez dire que je gouvernerai jusqu’à 100 ans? Et bien non».