La dégringolade du niveau du système scolaire tunisien est une réalité aussi triste que douloureuse. Un spectre qui hante nos écoles et qui tourmente l’avenir de nos enfants, ces petites graines de notre pays qui vont un jour devoir pousser et fleurir pour apporter quelque chose à leur patrie. Le reportage de Yawmiyet Mouwaten sur Elhiwar Ettounsi, qui a fait le buzz sur le Web, expose cette douloureuse réalité.
Sami Bennour, le journaliste ayant réalisé le reportage, s’est permis de corriger les erreurs de langue – Français en l’occurrence – commises par un enseignant suppléant dans un cours de 4ème année primaire. Les fautes étaient contenues dans un texte écrit au tableau par l’instituteur. En réponse à l’intervention du journaliste sur ces fautes l’instituteur se justifia par « je veux juste leur apprendre la phonétique » tout en tentant d’empêcher le journaliste de filmer la scène.
Des syndicats déchaînés
La scène est choquante, énormément, mais ce qui l’est davantage, c’est la réaction du syndicat de l’enseignement de base. Un tour sur la page Facebook officielle du syndicat permet de se rendre compte de sa mauvaise foi. Elle qui tente de défendre l’indéfendable et qui s’obstine, fidèle à son habitude, à défendre tout et rien. Elle s’attaque, de fait, au journaliste Sami Bennour, le qualifiant même du « journaliste maudit ». Le syndicat a aussi intégré Sami Fehri, patron d’Elhiwar Ettounsi, à sa sauce explosive : « un criminel médiatique », « une mise en scène », « un gang », … Bref, autant de propos d’une violence extrême, émanant d’un syndicat d’un corps de métier sensé apprendre à nos enfant les bonnes manières et qui faute d’offrir une manif en ce début d’année s’adonne à d’autres « spectacles » sur le web. Un syndicat qui cherche la petite bête, un os à ronger pour pouvoir s’afficher sur une scène médiatique qu’il diabolise, comme il le fait avec Elhiwar Ettounsi.
C’est un petit jeu qu’une bonne partie des syndicalistes connaissent, notamment parmi les « camarades » de l’enseignement secondaire.
Statut du syndicat de l’enseignement de base
Le syndicat de l’enseignement de base ne s’arrête pas la dans sa campagne de dénigrement visant Sami Bennour et son reportage. Mardi 24 octobre 2017, l’organisation a publié, toujours sur sa page Facebook, un « article » de l’un de ses adhérents. « Un article rédigé sur les actes qui ont visé les enseignants suppléants qui sont déjà en détresse », écrit le syndicat. Le post en question commence bien : « les médias corrompus ». Néanmoins, la suite est plutôt tempérée : le syndicaliste prend la défense de l’instituteur de Jendouba. « On ne peut évaluer le niveau d’un instituteur par celui d’un pauvre suppléant, jeté dans les campagnes, avec une expérience de 10 jours, sans formation et avec une rémunération de quelques millimes », peut-on lire.
Ces réactions démesurées n’ont pas manqué de faire réagir la communauté des journalistes qui a apporté son soutien à Sami Bennour. Plusieurs confrères ont en effet affiché leur solidarité avec le journaliste, à l’instar de Hédi Amir. « Il [Sami Bennour] est l’un des journalistes les plus brillants, les plus nobles », écrit-il sur sa page Facebook.
Difficile de comprendre la logique du raisonnement des syndicats. La campagne de dénigrement visant Sami Bennour reflète une tendance générale qui semble les enchanter. Ils en ont presque fait un métier. Et que contestent-ils au juste ? Un travail journalistique objectif qui se base sur des faits réels ? Voilà de quoi remettre en question le nouveau « militantisme » des syndicats de l’enseignement qui affirment haut et fort défendre un enseignement juste et efficace, alors qu’il ne font que le détruire, pierre par pierre.
Fakhri Khlissa