Samia Abbou: « La marche d’Ennahdha est une farce honteuse »

En visite jeudi après-midi 4 mars dans la ville de Kairouan, la députée du courant démocratique Samia Abbou s’est longuement attardée sur les sujets d’actualité au micro de radio Sabra F.
Commentant la marche organisée samedi dernier au centre de la capitale par Ennahdha, Samia Abbou l’a qualifiée de « farce misérable ».
« Ce qu’a fait le mouvement Ennahdha est indécent et honteux, a-t-elle souligné. Comment un parti au pouvoir qui contrôle les rênes du pouvoir, prend les décisions et procède aux nominations peut-il manifester contre lui-même ? Le parti islamiste voulait montrer sa force, mais je lui dit qu’il n’a vraiment aucun poids. Car un parti incapable de mobiliser deux millions de citoyens tunisiens est au fond un parti faible et craintif. Il fait tout simplement partie d’un vieux système tyrannique ».
*Ghannouchi veut s’emparer des prérogatives de Saïed »
Abbou estime par ailleurs que le conflit qui oppose actuellement le président de la République, Kaïs Saïed et le le chef du gouvernement Hichem Mechichi au sujet du remaniement ministériel n’est rien d’autre qu’une crise entre le mouvement Ennahdha et Kaïs Saïed, ajoutant que c’est le président du parlement Rached Ghannouchi qui  bloque la situation, poussant Mechichi vers l’escalade et l’élargissement du fossé.
« De cette manière, Ghannouchi dicte sa volonté au chef du gouvernement, et veut en même temps s’emparer des prérogatives du président de la République », assure Abbou.
Evoquant la raison pour laquelle le président de la République rejette toujours le remaniement ministériel proposé, la dirigeante et élu du courant démocratique  assure qu’il n’y a pas de texte explicite dans la constitution tunisienne faisant référence à la question du remaniement ministériel.

« En l’absence de la Cour constitutionnelle à la création de laquelle s’oppose par tous les moyens le mouvement Ennahdha, la constitution stipule dans son article 72 que le président de la République est le garant de l’unité, de la continuité et du respect de la constitution du pays. De son côté, l’article 10 stipule l’engagement de l’Etat à lutter contre la corruption, ce qui doit conforter Kaïs Saïed dans son rejet des ministres autour desquels pèsent des soupçons de corruption », analyse-t-elle.

« L’autorité politique couvre et protège Akremi et Rached ! »
Sur un autre plan, Samia Abbou a indiqué que le limogeage de l’ancien ministre de la Justice est dû à sa décision d’ouvrir une enquête au niveau du Conseil supérieur de la magistrature concernant à la fois le procureur général de la République, Béchir Akremi, et le premier président de la Cour de cassation, Taieb Rached, tous deux au coeur de dossiers de corruption financière horribles et d’affaires affectant la sécurité intérieure nationale, ce qui a été confirmé par l’Inspection générale du ministère de la Justice dans un rapport de 300 pages.
 « L’autorité politique leur a assuré une protection et a délibérément dissimulé ces accusations pour éviter l’implication d’autres juges, relève Samia Abbou. En fait, la révocation du ministre de la Justice est due à sa volonté de lever leur immunité et de les renvoyer devant le Conseil de discipline. D’ailleurs, la ministre actuelle n’est pas prête à remplir son devoir dans ces dossiers, et les couvre à son tour ».
Parlant du pouvoir judiciaire, elle a souligné l’importance du rôle que joue cet appareil pour sauver la Tunisie des crises auxquelles elle est confrontée à tous les niveaux. « Cependant, la justice tunisienne ne se rétablit pas actuellement, au contraire, elle assiste à l’ingérence du pouvoir politique. Bref, ce système est le même que celui que la Tunisie a vécu à l’époque du régime précédent avant la révolution puisqu’il y a immixtion dans la sécurité, la justice et les médias. A la différence qu’à présent,  l’ingérence vient du mouvement islamique d’Ennahdha », martèle-t-elle.
* »Abir Moussi, un danger pour la Tunisie »
Enfin, Samia Abbou a qualifié Abir Moussi, présidente du parti destourien libre de « danger pour la Tunisie, car elle est considérée comme un enfant du système novembriste qu’elle cherche à se réapproprier à nouveau après sa confiscation par le mouvement Ennahdha ».
« Le PDL manque au fond d’un véritable projet basé sur une vision pour l’avenir, des projets et des études pour le progrès et la stabilité des Tunisiens dans tous les domaines. Son projet se limite en effet à être contre Ennahdha et les Frères musulmans. Le problème d’Abir Moussi, c’est Al Qaradhaoui et Rached Ghannouchi », conclut Abbou.
H.A.

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