Samira Djaouadi: « la France n’est pas un pays raciste et son image serait entachée si les extrêmes arrivent au pouvoir » (Vidéo)

À l’approche des élections législatives anticipées en France, dont le premier tour est prévu pour le 30 juin, la campagne électorale atteint son apogée. Samira Djaouadi, franco-marocaine âgée de 54 ans et candidate de la mouvance présidentielle Ensemble pour la République, pour la 9e circonscription des Français établis hors de France, se trouve au cœur d’une compétition cruciale.

Consciente de l’ampleur de l’enjeu, Samira Djaouadi a choisi de mener une campagne active sur le terrain, visitant des pays clés de cette circonscription qui couvre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest (NDLR: à l’exception du Bénin, du Ghana, du Nigeria et du Togo) regroupant une population de 177 137 Français inscrits sur les registres consulaires. Après des visites au Sénégal et en Côte d’Ivoire, la candidate a posé ses valises à Tunis avant de se rendre, quelques heures plus tard, au Maroc. Dans cette entrevue accordée à Réalités Online, elle partage ses motivations, évoque les défis rencontrés sur le terrain et expose son engagement à défendre les intérêts des citoyens français à l’étranger.

Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous expliquer pourquoi vous avez choisi de vous lancer dans cette campagne pour la neuvième circonscription des Français établis hors de France ?
Je suis Samira Djaouadi, âgée de 54 ans, conseillère au Conseil économique, social et environnemental. Engagée depuis 35 ans dans la politique sociale, je m’investis activement sur le terrain, portant des projets pour nos concitoyens, particulièrement les jeunes, en favorisant une éducation équitable et un apprentissage accessible à tous. Je suis une femme d’action, pragmatique : mes promesses sont soutenues par des actions concrètes. Mon parcours politique est marqué par une volonté constante d’apporter des changements positifs à notre société, en répondant aux défis existants et en trouvant des solutions concrètes. Je crois fermement que l’engagement politique ne nécessite pas toujours une affiliation partisane, mais un engagement sincère envers l’intérêt général.

Mais comment répondre aux critiques de certains qui vous accusent d’être « une parachutée » sans expérience politique ?
En réalité, je trouve que qualifier quelqu’un de « parachutée » est un raccourci facile, simplement parce que j’habite à Paris. Ces critiques oublient que je suis binationale, franco-marocaine, et que j’ai une expérience de 54 ans de relation avec le Maroc. Au cours de ces années, j’ai travaillé activement dans nos quartiers, développant des projets, j’ai été en contact avec les binationaux de tous les pays qui composent cette 9e circonscription. Bien que je n’aie peut-être pas résidé dans chacun de ces pays, j’ai vécu leur réalité à travers ces interactions. Aujourd’hui, beaucoup de ces jeunes reviennent dans le pays d’origine de leurs parents pour entreprendre et créer des entreprises. Ces liens sont d’une grande importance pour moi.
De plus, je me suis associée à une suppléante, Léa Diani, qui est également franco-marocaine et réside à Casablanca depuis 25 ans. Elle est impliquée dans d’importants projets pour la royauté et pour diverses associations, étant à la tête de plusieurs fondations. Ainsi, bien que le terme « parachutage » puisse être utilisé de manière péjorative, nos actions sur le terrain démontrent notre véritable engagement et notre proximité avec les préoccupations de cette circonscription. C’est une réalité tangible.
À seulement 5 jours du premier tour, les sondages révèlent une avance significative du RN avec 36% des intentions de vote, suivi du NFP avec 29%, tandis que le camp présidentiel recule à 20%. Dans ce contexte difficile et avec un délai de campagne très serré, comment comptez-vous mobiliser les électeurs ?
En effet, le temps est précieux, mais pour ma part, je suis une sportive dans l’âme. Le défi est une seconde nature pour moi. Dès que j’ai appris que j’allais être investie pour représenter la neuvième circonscription, j’ai immédiatement pris la décision de me rendre sur le terrain. J’aime les gens, j’aime mes concitoyens, et je veux les écouter car en fonction de leur voix, je façonnerai mon programme.
Pour les mobiliser, il est essentiel d’aller à leur rencontre. C’est pourquoi j’ai visité le Sénégal, la Côte d’Ivoire à Abidjan, et aujourd’hui je suis en Tunisie ; demain, ce sera le Maroc. Rencontrer les gens, les écouter, c’est fondamental.
Ce matin même, j’étais aux côtés de l’association des parents d’élèves, discutant des problématiques qui leur sont propres. Écouter en premier lieu est crucial, pour ensuite collaborer avec eux afin d’apporter des réponses concrètes à leurs problèmes. C’est ainsi que je suis convaincue de pouvoir influencer positivement leurs choix, les incitant à voter contre les extrêmes, qu’ils soient de droite ou de gauche.

Vous avez déjà commencé votre tournée. Quelles sont principalement les préoccupations des électeurs ?
Les préoccupations sont assez claires dans les différents pays. Tout d’abord, l’éducation occupera une place centrale dans mon mandat de cinq ans si je suis élue députée. Concernant les frais scolaires, je tiens à préciser qu’ils ne seront pas gratuits. La gratuité totale est une promesse démagogique. Notre objectif sera de contenir ces frais et d’augmenter les bourses pour aider les familles à faire face aux coûts de la scolarité. Par ailleurs, la question de la santé est également cruciale, notamment avec la caisse maladie spécifique aux expatriés et aux Français résidant à l’étranger.
Un autre point important concerne les démarches consulaires, souvent longues et complexes, surtout pour les binationaux revenant dans leur pays d’origine. Nous chercherons des moyens de simplifier ces procédures pour les rendre accessibles à tous, même à ceux qui ne maîtrisent pas bien les outils numériques malgré leur efficacité.
Ensuite, il y a la question des visas. Nos concitoyens binationaux sont français, mais beaucoup de leurs proches ne le sont pas. Nous envisageons une forme de parrainage où le binational pourrait être le garant pour quelques membres de sa famille, facilitant ainsi le processus tout en assurant leur retour dans le pays d’origine pour éviter les problèmes liés à l’immigration illégale.
Ces enjeux sont au cœur de nos préoccupations et guideront notre action si je suis élue députée.
La montée des extrêmes en Europe suscite une vive inquiétude, surtout au sud de la Méditerranée. Comment comptez-vous y faire face?
Je réponds en soulignant tout d’abord que beaucoup de propos alarmistes sont basés sur des mensonges. La stratégie de régner par la peur en évoquant l’insécurité et l’immigration est malhonnête. Ces discours visent à semer la division et à manipuler les peurs légitimes de nos concitoyens. Il est essentiel que les électeurs ne tombent pas dans le piège de croire tout ce qu’on leur dit, car ni le RN ni le Front de Gauche ne proposent de solutions réelles aux défis actuels.
Notre approche sera de travailler pour garantir la sécurité de tous, que ce soit en France ou dans les pays où nos compatriotes expatriés résident. Nous devons cesser de gouverner par la peur. Pour moi, une gestion plus humaine passe par une proximité authentique.
Dans ma neuvième circonscription, je serai présente sur le terrain. Je ne serai pas simplement une députée de bureau, mais une députée proche de chaque électeur, quel que soit son vote. Je m’engagerai à écouter attentivement leurs préoccupations et à mobiliser toutes mes ressources et mon réseau acquis au cours de mes 35 années d’engagement pour trouver des solutions concrètes.
Mon objectif est de faire de mon mandat de cinq ans une période extrêmement positive, où chaque action menée soit bénéfique pour nos concitoyens, et je souhaite pouvoir compter sur leur soutien pour une réélection future.
Et comment répondez-vous aux propositions du RN qui souhaitent restreindre le droit du sol et augmenter la durée de détention dans les centres de rétention ? Comment réagissez-vous à la proposition visant à exclure les binationaux des secteurs stratégiques liés à la sécurité et à la défense ?
Encore une fois, ces propositions sont purement du domaine du discours creux. Elles sont impraticables et franchement inacceptables. L’idée de restreindre la binationalité et de diminuer les droits des binationaux est une tentative de manipulation pour rassurer en promettant un prétendu « nettoyage ». Mais de quel nettoyage s’agit-il ? Nous parlons de citoyens français, de personnes nées en France. Il est grand temps d’arrêter de berner les gens avec de telles absurdités et de cesser de jouer un rôle qui n’est pas le leur.
Je lance un appel aux électeurs : informez-vous, vérifiez les faits sur Internet, lisez les informations disponibles. Vous constaterez qu’il ne s’agit que de tromperies. Le RN n’est rien de plus qu’une version déguisée et prétendument aimable du Front National.

La proposition visant à exclure les binationaux des secteurs stratégiques liés à la sécurité et à la défense, est pure désinformation. Maintenant, ils se rendent compte qu’ils ont fait une énorme erreur en disant cela. Ce matin encore, j’ai entendu l’un de leurs représentants dire : « Mais non, je ne comprends même pas pourquoi cela a créé un tel scandale. Nous parlions simplement d’une petite exception, peut-être d’une dizaine de personnes dans des métiers liés à la sécurité. »
Mais alors pourquoi en parler ? Pourquoi mettre cela en avant si ce n’est pas pour semer la peur parmi les gens ? C’est pour leur faire croire que nous sommes en train de nettoyer quelque chose. C’est typiquement comment ils utilisent les mots pour effrayer les gens. Voilà un exemple concret de désinformation.
Face à la montée du LFP et du RN lors des élections européennes dans cette circonscription, est-il possible de renverser la tendance aujourd’hui ?
Je suis ici devant vous parce que je suis déterminée à inverser cette tendance. Depuis plus de dix jours, j’ai dialogué avec des électeurs de tous les pays de ma circonscription pour les convaincre que nous pouvons réussir. Je suis convaincue que nous y parviendrons car les gens ne veulent pas voir monter les extrêmes droite et gauche dans notre pays. Il est crucial de se rappeler que la France est une vitrine internationale et que notre image serait sévèrement entachée si ces extrêmes venaient à gouverner chez nous. Nous sommes tous responsables, nous avons tous le pouvoir, et c’est le message que j’ai transmis à chacune de mes rencontres.
Vous détenez un pouvoir : celui de voter. En votant, ces électeurs peuvent changer la donne. La dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République visait à nous donner la parole, pas à laisser les partis politiques prendre l’initiative. Il nous a mis face à nos responsabilités en nous disant que nous sommes les arbitres, que c’est à nous de choisir le gouvernement que nous voulons voir demain. Sinon, il n’aurait jamais pris cette décision. D’ici deux ans, en 2027, dans trois ans, son mandat prendra fin et il ne pourra pas se représenter. C’est maintenant qu’il a choisi de tout bousculer, à la veille des Jeux Olympiques où nous accueillerons le monde entier à Paris et dans d’autres villes. Ce n’était pas le moment idéal pour perturber l’ordre des choses, et pourtant, il l’a fait. Pourquoi ? Pour donner aux électeurs le pouvoir de choisir leur avenir.

Pensez-vous que ce « coup de poker » joué par Emmanuel Macron va remettre de l’ordre dans la maison républicaine française ou bien la plonger dans une phase encore plus complexe ?
Je pense que ce coup de poker est assez audacieux, c’est un véritable pari. C’est un risque majeur à la fois pour notre Président et pour toute la France. Personnellement, je crois que notre Président cherche à donner la parole à tous les citoyens. C’est à nous de décider, à nous de déterminer le chemin que nous voulons pour la France de demain. Ainsi, nous serons responsables de ce qui adviendra le 30 juin prochain, puis le 7 juillet.
Je lance un appel à la mobilisation générale. C’est le moment pour chacun de prendre conscience de l’importance de notre vote lors de ces élections. Ce coup de poker représente donc plutôt un électrochoc, nous incitant à assumer nos responsabilités et à décider du futur de la France.

Mais si jamais les sondages se confirment, serait-ce la fin du « Macronisme » ? Comment envisagez-vous de s’organiser dans ce contexte ?
Si les électeurs choisissent l’extrême droite ou l’extrême gauche, ce serait une catastrophe. Personnellement, cela m’attristerait profondément car je n’aurais jamais imaginé, même dans mes rêves les plus audacieux, que la France en arriverait là. Si ces courants politiques accèdent au pouvoir, nous devrons nous mobiliser.
J’espère que la population française se lèvera et dénoncera cette situation, car notre pays n’est pas raciste. La France a toujours été un pays accueillant, qui a su intégrer des personnes de toutes origines sur son territoire. Nous devons continuer sur cette voie. Nous ne devons pas oublier les contributions positives que la France a apportées à de nombreux pays, et aujourd’hui, cela porte ses fruits.
La France est un pays de diversité, un exemple pour tous, avec un patrimoine extraordinaire incarné notamment par ses binationaux. Ces derniers retournent dans leur pays d’origine pour créer des entreprises et des emplois, contribuant ainsi à enrichir notre héritage commun.
Nous devons préserver cette image de la France et continuer à être un modèle d’intégration et de diversité pour le monde entier.

Le mot de la fin ?
Je m’adresse à tous les électeurs de la 9e circonscription des Français établis hors de France et je les appelle à voter pour moi. Je serai une députée humaine car je suis proche de mes concitoyens. Je serai à leur écoute, je ne serai pas hors sol comme certains. Je serai à leur écoute, je construirai avec eux les projets pour agir et surtout je mettrai à profit tout mon réseau qui leur apportera de la réalisation dans leurs projets.

Propos recueillis par Hajer Ben Hassen

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