Santé: Lutte contre le SIDA en Tunisie, les chiffres et le dépistage

Incontournable,  la journée du 1er décembre !  C’est l’occasion ou jamais de parler du SIDA. Ça tombe bien, le ministère fait une conférence, à l’occasion de cette journée mondiale et donne les chiffres tant attendus.  À première vue, rien d’exceptionnel.  Officiellement il y a 70 nouveaux cas d’infection au VIH et 22 décès (11 contaminés en 2013 et les autres avant).  Si ce chiffre est pratiquement le même depuis des années, c’est grâce  à des acquis, dont le programme national de lutte contre le SIDA  qui a permis la création de centres de dépistage anonyme et gratuit à travers toute la République. 

Depuis l’apparition du 1er cas tunisien d’infection à VIH/SIDA,  des mesures ont été prises : création d’un comité de réflexion,  puis  élaboration d’un plan national de lutte contre le SIDA. Depuis, la prévalence de l’infection à VIH est demeurée relativement faible. Elle a été évaluée à 0.01 pour 10000 habitants, d’après les statistiques du ministère de la Santé publique.  Mais une nuance est à apporter, car ce taux, sans qu’on ait de chiffres exacts,  flambe au sein des populations à risque ainsi que le soulignent les professionnels de la santé et les acteurs de la société civile. Ces tranches de la population tunisienne qui sont affectées à un taux bien supérieur à la moyenne nationale, sont les prostituées, les homosexuels et les toxicomanes.

La stigmatisation due à l’infection par le VIH se surajoute à la marginalisation dont elles sont déjà victimes. Ce qui peut entraver leur accès aux soins et aggraver leur insertion sociale.

 

Les chiffres 

Depuis la déclaration officielle du premier cas d’infection par le VIH (1985) on a dénombré 1865 patients de porteurs de l’infection par le VIH :

1214 hommes, 532 femmes et 119 enfants de moins de 14 ans sont suivis. Tous bénéficient d’un accès gratuit à la trithérapie fournie par le ministère de la Santé publique. 1030 patients  au stade SIDA, ont été recensés. 572 décès sont survenus entre le 31 décembre 1985 et le 31 octobre 2013. Pour l’année 2013 jusqu’au 31 octobre,

222 nouveaux cas ont été recensés (70 tunisiens et 152 étrangers) dont 24 au stade SIDA.  Parmi tous ces cas, 11 sont décédés, portant à 22 le nombre total de décès survenus durant l’année 2013 (11 malades décédés en 2013, mais  diagnostiqués avant 2013.)

Ces contaminations ont été faites selon différents modes de transmission ; dans les proportions suivantes : par les relations sexuelles 49%, par l’usage de drogue intraveineuse 23%, par le transmission materno-foetale 5%.

Les centres de dépistage gratuits et anonymes 

Depuis 2008, une vingtaine de centres de dépistage gratuits et anonymes ont vu le jour sur tout le territoire de la République.  Ces derniers proposent des  consultations volontaires,  de façon anonyme  et gratuite,  pour  toute personne désirant une information, un test de dépistage ou un entretien confidentiel avec un médecin. Ces centres sont intégrés dans les structures de santé, dans certains dispensaires ou dans les consultations  de planning familial.

Tout  commence par  l’accueil où il y a  un agent formé à cet effet. Il repère facilement les personnes  un peu perdues qui cherchent en fait le centre de dépistage. Il sait comment les aborder, comment poser les questions juste nécessaires, les mettre à l’aise avec la plus grande discrétion et le plus grand respect.

L’agent va préparer la carte du client, il s’agit d’un petit carton approprié aux C.C.D.A.G, où est marqué un code. Jamais on ne demandera le nom, le lieu de résidence, ou  la profession du patient. Ce dernier est ensuite accompagné dans le bureau du médecin du C.C.C.D.A.G. C’est dans ce bureau que tout sera fait. Le médecin donne les conseils d’usage, prépare le client à recevoir un éventuel résultat positif. Les centres de conseil et de dépistage anonyme disposent de nouveaux tests, dits tests rapides (TR), qui donne le résultat en moins d’une heure. Le médecin fait un prélèvement de sang au doigt (comme pour une glycémie) et  la lecture du résultat ressemble à celle d’un test de grossesse, on attend s’il y a un ou deux tirets. Sauf que là, le second tiret n’est jamais accueilli avec joie.

 

Les résultats

Si le résultat est négatif, il s’agit d’un vrai négatif. Il est inutile de refaire le test. Le patient va bénéficier du  conseil post test dans le but d’adopter un comportement protecteur  tout le restant de sa vie et ne pas multiplier ces tests qui ne sont pas un mode de prévention.  Les prestataires vont en profiter pour faire la promotion du préservatif. Si le résultat est douteux : il faut refaire le test  rapide le jour même, si le résultat est encore douteux, il faut faire un prélèvement et l’adresser à l’hôpital Charles Nicolle.  Si le test rapide est positif, un prélèvement de sang au centre est fait et est adressé à  l’hôpital Charles Nicolle, toujours dans l’anonymat. Quand le test de confirmation ou d’infirmation, arrive au C.C.D.A.G, il est adressé au médecin du centre.  Si le résultat est positif, le client est adressé dans l’un des services d’infectieux des hôpitaux  tunisiens, et ce n’est qu’à ce moment qu’on lèvera  l’anonymat. Le C.C.D.A.G, ne connaîtra jamais le nom de ses clients.

La liste des centres de dépistage gratuits et anonymes est disponible sur internet et sur tous les réseaux sociaux. 

Par Samira Rekik

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