Selon une rencontre organisée récemment par l’ITES, la crise économique dans notre pays, qui est le résultat d’un échec politique, a atteint un degré de gravité tel qu’il menace la stabilité du pays et l’équilibre de l’édifice social, ce qui implique l’instauration de l’état d’urgence et la mise en application d’un programme de sauvetage économique.
L’ITES a focalisé le débat, au cours de cette rencontre, sur les mesures et les solutions urgentes pour éviter l’aggravation de la crise alors qu’il se propose d’organiser deux semaines plus tard une rencontre pour arrêter une série de mesures à prendre pour le moyen terme. Un autre forum sera consacré plus tard à l’étude des grandes réformes structurelles et à leurs modalités de mise en œuvre.
L’ITES propose d’instaurer l’état d’urgence économique afin de mettre en place des réformes prioritaires telles que la réforme fiscale, l’interdiction des importations anarchiques de produits de luxe et de fantaisie, le changement des billets de banque en circulation ainsi que la commercialisation de la capacité d’hébergement touristique en devises et non en dinars.
Un ensemble de mesures tributaires uniquement de la volonté du pouvoir exécutif et susceptibles d’arrêter l’effondrement de l’économie nationale.
De son côté, Jelloul Ayed, ancien ministre des Finances, a rappelé les difficultés économiques dans lesquelles se débat le pays qui souffre d’une inflation galopante, d’un double déséquilibre profond et croissant du budget de l’Etat et du commerce extérieur, et de l’ampleur de l’économie parallèle qui échappe à tout contrôle et qui poursuit son expansion.
Il est urgent, selon l’ancien ministre, de promouvoir l’économie verte et la transition numérique, de réformer l’Administration dont le coût salarial est devenu énorme et insupportable.
Le secteur privé mérite d’être encouragé avec une valeur ajoutée plus élevée, parallèlement à la réforme du système financier afin de favoriser l’investissement.
De son côté, Sami Awed a affirmé que l’économie nationale qui a résisté à la crise, est capable de réaliser un bond qualitatif et le pacte de Carthage II est en lui-même un véritable programme de relance.
Les principales actions portent sur la lutte contre l’évasion fiscale, la maîtrise des importations, le renforcement du dispositif douanier et le contrôle des circuits de distribution.
L’expert et enseignant universitaire Abdeljelil Bédoui, est intervenu dans le débat pour confirmer que « toutes les mesures adoptées jusqu’ici ont échoué, car le modèle de développement actuel n’est plus efficace, il doit être remplacé et on devrait adopter un nouveau modèle de croissance et d’inclusion économique.
Une loi d’urgence économique permettrait de s’attaquer à la racine du mal : l’évasion fiscale et la contrebande.
Il faudrait déposséder les biens mal acquis par les contrebandiers et mettre fin à l’enrichissement illicite ».
Le changement de monnaie s’impose pour identifier la masse de cash qui circule dans le pays et échappe au circuit officiel.
Est-ce possible en six mois de temps seulement ? Ces mesures sont-elles réalisables et suffisantes pour mettre fin à la crise ?
A mon sens, il est fondamental de restaurer l’autorité de l’Etat avant tout, et de rétablir la confiance entre les pouvoirs publics, les partis politiques et les partenaires sociaux si l’on veut sauver et reconstruire l’économie du pays
Il n’y a ni vision économique claire ni stratégie de développement avec des objectifs précis à atteindre .
Nous avons besoin d’un consensus général qui consiste à geler prix et salaires durant trois ans, ainsi que toutes les revendications à caractère social.
Parmi les priorités doivent figurer en bonne place une politique d’austérité qui consiste à interdire toute importation de produits de luxe et produits concurrents à notre propre production nationale pour sauvegarder notre tissu entrepreneurial.
La lutte contre la contrebande et la corruption doit être intensifiées. Le problème : qui est capable de réaliser ce sauvetage ?