Sécheresse en Tunisie : la menace d’une panne sèche

La Journée Mondiale de l’Eau, célébrée le 22 mars de chaque année, avec pour slogan “Accélérer le rythme du changement pour trouver une solution à la crise de l’eau et de l’assainissement”, est l’occasion de sensibiliser et d’attirer l’attention sur l’importance de l’eau et de soutenir le sixième Objectif de Développement Durable, qui est la fourniture de services d’eau et d’assainissement pour tous d’ici 2030.

« La sècheresse est une menace pour notre pays, l’économie d’eau préserve la vie de nos enfants ». Tel est le message, livré par la SONEDE aux citoyens Tunisiens, dans une campagne SMS exclusive menée via les différents opérateurs téléphoniques pour les sensibiliser à une utilisation rationnelle de l’eau.
La Tunisie, qui était déjà en stress hydrique, a récemment souffert d’un déficit pluviométrique important qui a aggravé la situation et tiré vers le bas les réserves en eau qui étaient déjà critiques. Le taux de remplissage actuel des barrages est de ce fait loin d’être rassurant, certains étant carrément secs. 
La question qui se pose est si la situation de la Tunisie est aussi catastrophique que cela.

La Tunisie, un pays pauvre en eau 
 Ce n’est un mystère pour personne. L’eau est indispensable pour tous les êtres vivants. Sans elle, aucune vie sur terre ne serait possible. Il est donc essentiel de préserver à tout prix cette précieuse ressource, et la Tunisie n’échappe pas à cette règle.
Le pays qui ne possède malheureusement pas de grandes réserves en eau doit être encore plus vigilant dans la gestion de cette ressource. Environ un quart des ressources hydriques proviennent des nappes fossiles et sont, de ce fait, épuisables. Les ressources renouvelables comme l’eau de pluie et les barrages, subissent, elles, les effets d’un climat contraignant et qui risque de le devenir encore plus avec les changements climatiques notamment à cause de la sécheresse qui touche le pays depuis plusieurs années maintenant.
L’exemple le plus frappant de la situation hydrique dans le pays, est celui du barrage de Sidi Salem à Testour (Béja), le plus grand du pays, qui a énormément souffert du déficit pluviométrique enregistré cette année.
Ce barrage dont la capacité effective est de 580 millions de mètres cube n’est actuellement rempli qu’à hauteur de 17%, ce qui représente près de 97 millions de mètres cube. Selon Fayçal Khémiri, sous-directeur général des barrages et des grands travaux hydrauliques au ministère de l’Agriculture, le manque à gagner est d’environ 483 millions de mètres cube. Il a également ajouté que le barrage de Sidi Salem enregistre son taux de remplissage le plus bas depuis 1982, date de sa mise en service.
Au niveau national, le déficit pluviométrique a entraîné un manque de plus d’un milliard de mètres cube en termes d’apports aux barrages.

Des coupures nocturnes qui inquiètent les citoyens 
Résultat. Dans le cadre de la stratégie de rationalisation de l’utilisation des ressources hydrauliques, le directeur général de la Planification et des équilibres hydrauliques au ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la Pêche, Hamadi Habaieb, suggère de procéder à des coupures nocturnes de l’eau courante, dans plusieurs gouvernorats. Une forme de rationalisation non déclarée jusqu’à présent.
Les citoyens, qui se plaignent des coupures nocturnes répétitives de l’eau courante dans plusieurs régions pointent du doigt le manque de transparence et de communication dont fait preuve la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) à leur égard.
Lors de son passage sur les ondes de Mosaïque FM, le coordinateur de l’Observatoire tunisien des eaux, Alaa Marzouki a assuré que depuis la semaine dernière, des régions du pays ont connu une baisse de la pression de l’eau ou des coupures sans aucune explication de la part du ministère de l’Agriculture ou de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE). Marzouki a également indiqué que les régions concernées étaient approvisionnées en eau à partir du barrage Sidi Thabet. Il a estimé que l’opération de rationalisation de l’utilisation des ressources hydrauliques a déjà commencé à cause de la situation difficile des barrages. « Il ne s’agit que d’une probabilité, car nous ne savons pas si c’est à cause de travaux ou que la rationalisation a déjà commencé », a-t-il ajouté.
Marzouki a appelé les autorités à plus de transparence et à informer les citoyens de la situation. « Il faut informer en cas de programmation d’une coupure surtout que la situation s’annonce compliquée cet été… Nous sommes en train de payer la facture de politiques erronées mais il faut au moins informer les consommateurs avant de couper l’eau », a-t-il conclu.

La désalinisation comme solution mais pas que …
Alors à l’avenir, qu’elles sont les solutions à notre disposition ? S’il existe de nombreux choix qui s’offre au pays, la désalinisation semble alors être la solution la plus réaliste afin d’endiguer le fléau de la pénurie d’eau occasionnée par le déficit pluviométrique et l’assèchement des barrages. Les besoins en eau ne cessant d’augmenter, tirés à la hausse par la croissance démographique, le changement climatique et la raréfaction des ressources disponibles. L’inconvénient est bien sûr le coût énergétique et l’émission importante CO2, mais la combinaison de projets de dessalement avec une composante énergie renouvelable comme l’énergie solaire par exemple ne fera qu’augmenter à l’avenir.
Mais il faudra aussi compter sur une prise de conscience collective de la part des citoyens qui ne prennent pas toujours conscience de la situation critiques que le pays a atteint. Moneem Chaouachi responsable de la Direction territoriale de production-Tunis et dans le nord au sein de la Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) a estimé que la consommation journalière d’eau s’élève à 120 litres par habitant, ce qui reste « excessif » étant donné la situation de stress hydrique dans laquelle se trouve le pays.

Ahmed Zlitni
(Stagiaire)

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