Naguère considéré comme une véritable locomotive de l’activité économique, le secteur agricole accuse, aujourd’hui, le coup des différentes politiques mises en place; lesquelles ont été, on ne peut plus, peu favorables au développement intégré de cette activité.
De l’avis des professionnels, le secteur agricole est en proie à plusieurs turbulences et souffre d’un endettement abyssal qui obère son essor, d’autant plus que la faiblesse de la mobilisation des eaux le rend,à leurs yeux; tributaire des caprices de dame nature et pousse les agriculteurs à scruter, en permanence, le ciel, en espérant qu’il pleut, suffisamment, durant toute l’année. A cela s’ajoutent les difficultés d’accès aux crédits et aux sources de financement ainsi que l’inlassable rituel du passage par les fourches caudines de l’Administration, avec ses interminables paperasses et ses méandres tortueux et coercitifs.
Il suffit; d’ailleurs; de jeter un coup d’œil sur l’état des lieux et sur la situation professionnelle et financière des agriculteurs pour se rendre à l’évidence qu’il y a beaucoup de pain sur la planche pour le prochain gouvernement pour assainir le secteur et lui redonner ses lettres de noblesse; dans l’espoir qu’il apporte l’effet d’entrainement attendu sur l’activité industrielle et, par ricochet; sur l’emploi.
Pour le syndicat régional des agriculteurs du kef, (Sinagri) le secteur est peu structuré, ce qui requiert une réorganisation de la profession et une définition exacte du statut d’agriculteur, dans la mesure où de nombreux intrus ont, ,estime-il, investi le secteur entrainant l’activité agricole vers des horizons incertains.
Le président du Sinagri du kef, Abderraouf Chebbi, considère qu’il y a urgence de responsabiliser les agriculteurs et de leur donner les outils de leur propre prise en charge et de gestion de la profession. Le ministère de tutelle, doit, à son sens, permettre aux agriculteurs de mettre en place leurs propres stratégies de développement du secteur dans les diverses activités, appelant aussi à revoir la dette au passif des professionnels qu’il importe d’en déterminer le nombre exact.
- Chebbi estime que les 65 millions de dinars de dettes toujours au passif des agriculteurs de la région du Kef n’ont pas été, tous,, accordés à des professionnels et ont profité, en grande partie, à des intrus qui se seraient désengagés de leurs obligations envers les banques alors que, pour lui,, les agriculteurs ne sont pas toujours de mauvais créanciers.
Quel statut ?
L’organisation du secteur devient donc, pour les professionnels, une priorité en ce qu’elle va permettre d’assainir le secteur et de redéfinir le statut et le rôle de l’agriculteur, car ils considèrent que la statut d’agriculteur est aujourd’hui peu clair et que quiconque hériterait d’un lopin de terre pourrait revendiquer ce statut.
C’est pour cela que le Sinagri appelle à une définition rigoureuse du statut professionnel et fiscal de l’agriculteur car, admet-il, cela va barrer la route aux intrus et encourager l’investissement privé dans le secteur productif.
S’agissant d’encouragements consentis aux professionnels, les agriculteurs se disent conscients des efforts fournis par l’Etat pour moderniser l’activité agricole, mais ils exigent que les avantages accordés aux agriculteurs ne doivent profiter qu’aux vrais professionnels, autrement dit, ceux qui bénéficient du seul statut d’agriculteur professionnel
Pour ce faire, les agriculteurs appellent à une optimisation des opérations de mobilisation des ressources hydriques et à la création des barrages de Mellegue 2 et de Tassa, en aval du gouvernorat et ce dans le but de favoriser un essor des cultures irriguées
Autre bémol mis à l’index, le manque d’encadrement des agriculteurs, la faiblesse du nombre des clusters ( groupements spécialisés) capables de gérer certaines activités et de leur donner un label et des coopératives de service agricole susceptibles de venir en aide aux petits exploitants et de leur rendre des services adaptés à leur besoins réels .
En attendant, les agriculteurs lancent un appel afin de mettre à leurs dispositions les intrants nécessaires pour la fertilisation des terres d’autant plus que la terre est gorgée d’eau et prélude à une bonne saison agricole naturellement s’il vient à pleuvoir en mars et en avril; deux mois au cours desquels les giboulées printanières scellent incontestablement le sort de toute la campagne agricole dans le pays.
J.T