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Une grande partie du mandat de Joe Biden se joue ce mardi. Deux seconds tours des sénatoriales se déroulent en Géorgie, et les démocrates ont besoin d’un sans-faute pour reprendre le contrôle de la chambre haute du Congrès et permettre à Joe Biden de gouverner sans se heurter à l’obstruction républicaine. Alors que les deux scrutins s’annoncent serrés, Donald Trump, qui conteste toujours sa défaite deux mois après la présidentielle du 3 novembre, et Joe Biden ont mis tout leur poids dans la bataille.
*Ce qu’il faut savoir sur les deux scrutins
La Géorgie est l’un des rares Etats à organiser un second tour (runoff election) si aucun des candidats n’atteint 50 %, ce qui a été le cas en novembre. Le premier duel oppose le sortant républicain David Perdue au jeune démocrate Jon Ossoff. Le second est une « élection spéciale » organisée après la démission du second sénateur géorgien, fin 2019. La républicaine Kelly Loeffler, qui a assuré l’intérim pendant un an, affronte le démocrate Raphael Warnock, un pasteur afro-américain qui prêche dans l’ancienne paroisse de Martin Luther King, à Atlanta.
*Pourquoi la bataille s’annonce serrée
Au soir du 3 novembre, les républicains semblaient favoris. David Perdue est notamment passé à un cheveu (0,27 %) d’une victoire au premier tour. Mais selon la moyenne des sondages – qui avaient été assez précis en Géorgie en novembre – les démocrates ont désormais une très légère avance (+1,8 point pour Jon Ossoff et +2,1 points pour Raphael Warnock).
Ils ont fait campagne ensemble, attaquant sans relâche la gestion de la pandémie de Covid-19 des sortants républicains. Ils pourraient également profiter du fiasco des chèques de 2.000 dollars demandés par Trump, qui ont été bloqués par les républicains au Sénat – même si Loeffler et Perdue s’y sont déclarés favorables à la dernière minute.
Les accusations infondées de fraude de Donald Trump et les appels au boycott du scrutin par les avocats républicains complotistes Lin Wood et Sidney Powell pourraient également peser. Mais malgré la victoire de Joe Biden par un peu plus de 11.000 voix d’écart, la Géorgie reste un Etat traditionnellement républicain, et les conservateurs ont souvent fait mieux que les démocrates lors de ces runoffs.
*On pourrait ne pas connaître les résultats avant plusieurs jours
En novembre, il a fallu attendre 10 jours avant que les médias américains ne projettent la victoire de Joe Biden en Géorgie, et près de trois semaines pour que les résultats soient certifiés après deux recomptages. Le feuilleton interminable du dépouillement devrait se répéter, avec plus de 3 millions de Géorgiens qui ont voté en anticipé. Et parce que les votes du jour J, majoritairement républicains, sont comptabilisés en premier, les candidats conservateurs devraient faire la course en tête mardi soir, mais l’écart devrait se resserrer dans la nuit et dans les prochains jours avec le décompte du vote par correspondance. Avec le spectre d’un nouveau bras de fer judiciaire en vue pour contester les résultats devant les tribunaux.
*Duel à distance entre Donald Trump et Joe Biden
Donald Trump et Joe Biden ont tous les deux fait campagne en Géorgie lundi pour tenter de faire pencher la balance. Aux côtés de Jon Ossoff, Kamala Harris a dénoncé « l’abus de pouvoir effarant » du président américain, qui, dans un appel téléphonique, a demandé au responsable républicain des élections de « recalculer » les résultats de la présidentielle et de « trouver 11.780 voix » en sa faveur.
*Pourquoi Joe Biden joue gros
A l’heure actuelle, les républicains disposent de 50 sièges au Sénat, contre 48 pour les démocrates. Qui ont donc besoin des deux victoires en Géorgie pour revenir à 50-50. En cas d’égalité lors d’un vote, la vice-présidente Kamala Harris serait en mesure d’apporter la voix décisive. Si les républicains conservent leur majorité, ils pourront faire de l’obstruction pendant les deux premières années du mandat de Biden. Notamment bloquer un nouveau plan de relance économique ou l’une des nombreuses réformes promises par le démocrate (santé, immigration, environnement, infrastructures etc).
Le président-élu des Etats-Unis, dont la victoire devrait être officialisée mercredi par le Congrès, pourrait également avoir du mal à faire confirmer des membres de son gouvernement ainsi que des juges fédéraux ou à la Cour suprême. A Atlanta, Biden a insisté mardi : « Le pouvoir est entre vos mains. Un seul Etat peut changer la trajectoire non seulement pour les quatre années à venir, mais pour la prochaine génération. »
(20Minutes, avec AFP)