Sept réformes structurelles à mettre en chantier

Par Ridha Lahmar

 

Selon M. Mustapha Kamel Nabli, ancien ministre et ex-gouverneur de la BCT, qui s’exprimait au cours du Forum international de Réalités, il y a sept chantiers structurels à engager pour la reconstruction du pays. 
Quel rôle faut-il attribuer au secteur privé ? Comment faire pour réaliser le développement régional ?

Nous avons besoin d’un secteur industriel qui transforme la physionomie de l’économie tunisienne, mais ce n’est pas le cas actuellement. Il faut donc trouver un autre moyen. Il y a une évasion fiscale importante doublée d’une injustice fiscale flagrante. Comment assainir et consolider le système bancaire ? Le système de protection sociale a besoin d’être révisé, car il souffre de plusieurs défaillances.

Notre système éducatif et de formation mérite d’être réformé en raison de plusieurs carences structurelles.

M. Nabli a établi plusieurs constats objectifs et a exprimé des réflexions pertinentes, mais il s’est bien gardé d’aborder les difficultés des finances publiques, le déficit du budget ainsi que les questions relatives à la Caisse de compensation. Il n’a pas donné non plus de recettes miracles ni préconisé de solutions magiques.

Nous partageons plusieurs opinions de M. Nabli et voulons aller plus loin dans les détails.

Le rôle du secteur privé, à notre avis, consiste à promouvoir le développement du pays, à investir pour la création de la valeur, la promotion des exportations et de l’emploi. Il a le devoir de payer ses impôts. En contrepartie de quoi il a droit à des incitations financières et fiscales, à la paix sociale et à la stabilité politique.

L’État a le devoir de veiller sur le climat de l’investissement et de garantir la qualité des infrastructures.

La réforme du système bancaire, qui doit porter en priorité sur les trois banques publiques après un audit qui traine en longueur, va dans le sens d’un regroupement dans le cadre d’un pool bancaire tout en maintenant l’autonomie de chaque banque. Trois objectifs majeurs : assainir les bilans qui doivent être débarrassés des créances toxiques, renforcer les fonds propres et adopter une nouvelle gouvernance : transparence et gestion et maitrise des risques. Notre processus de développement a besoin de banques étatiques puissantes pour financer les grands projets

Un milliard de dinars est prévu par l’État pour renforcer le capital des trois banques, mais il sera fait appel à l’épargne des privés pour augmenter les capitaux des banques. Cette opération ne doit en aucun cas devenir une privatisation totale, car l’État  doit continuer à être majoritaire avec 51% du capital au minimum

Le système fiscal actuel favorise l’évasion et la fraude fiscales de toute une gamme de professions libérales et commerciales parmi celles qui gagnent le plus d’argent tout en payant des montants dérisoires d’impôts. Or le budget de l’État  manque terriblement de ressources financières pour garantir le fonctionnement normal des rouages de l’État et financer le processus de développement.

Il est grand temps de réformer le système fiscal pour que particuliers et entreprises contribuent proportionnellement à leurs revenus à leur devoir fiscal.

La justice fiscale est un principe fondamental de la concrétisation de la démocratie et un ciment de la cohésion sociale.

Notre système éducatif est totalement déconnecté du marché de l’emploi, ce qui explique les 200.000 diplômés au chômage. Il faut dire que 40% des bacheliers le sont grâce à l’apport de 25% de leurs notes annuelles. La médiocrité du niveau doit être résolue par la formation des enseignants. Le dispositif de formation professionnelle doit être renforcé et développé pour accueillir les jeunes, victimes de l’abandon scolaire précoce ou incapables de suivre le système scolaire long.

L’orientation universitaire doit se faire en fonction des besoins des chefs d’entreprises et des offres d’emploi sur le marché du travail et non en fonction de la capacité d’accueil des institutions universitaires. La sphère universitaire doit s’intégrer au monde de l’entreprise dans une démarche interactive et mutuellement enrichissante.

 

Inauguration du centre sectoriel du bâtiment Ibn Sina

MM. Hafedh Lamouri, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi et François Gouyette, ambassadeur de France à Tunis, ont inauguré le 17 avril à Tunis le nouveau Centre sectoriel de formation professionnelle consacré aux métiers du bâtiment. Assistaient à la cérémonie plusieurs responsables tunisiens et français dont M. Choukri Driss, président de la Fédération nationale des entreprises de bâtiment et de travaux publics et M. Hervé Noël président de la Fédération régionale des travaux publics Champagne-Ardennes.

La capacité de ce centre est de 1200 élèves chaque année qui seront encadrés par une équipe pédagogique comportant 50 enseignants formés dans les différentes spécialités du BTP ainsi que dans les techniques de construction respectueuses de l’environnement.

Il s’agit de trois spécialités dans le secteur énergétique : fluides, chauffage et climatisation. Quatorze spécialités dans le bâtiment et le gros œuvre, quatre spécialités dans l’électricité, les ascenseurs et la domotique et quinze spécialités dans les matériaux de construction. Il s’agit d’un grand projet avec un coût d’investissement global de 23,5 millions de dinars qui a été financé en grande partie par un don de 15 millions de dinars de la part de l’Agence française de développement (AFD).

Après la visite des principales composantes de cette réalisation, le ministre a déclaré que «la compétitivité des entreprises, sinon leur survie, ne se joue plus sur les prix, mais aussi sur la qualité et donc sur la qualification des personnes.» De son côté, M. Hervé Noël a déclaré que «nous devons être fiers de nos métiers, nous sommes au cœur du progrès et nous devons valoriser nos compagnons qui rendent toutes les évolutions possibles parce qu’ils sont habiles, intelligents, autonomes et mobilisés.»

Le centre va certainement contribuer à améliorer de façon significative le niveau de la qualification de la main-d’œuvre dans un secteur en pleine expansion et qui en a bien besoin.

 

Tawasol lève 19,7 MD en Bourse

Sur vingt-huit entreprises appartenant à la famille Chabchoub, dix font partie de Tawasol, group Holding qui vient de décider d’enter en Bourse.

Spécialisé dans les infrastructures et les télécoms, le groupe va intégrer le marché alternatif de la Bourse à travers une offre à prix ferme portant sur 14.359,480 actions nouvelles avec un nominal d’un dinar et 100 millimes de prime d’émission, soit une décote de 15% par rapport à l’évaluation faite par trois sociétés spécialisées en la matière.

Tawasol a besoin de ce financement pour favoriser son développement à l’international, étant bien implantée en Algérie, avec l’intention de développer sa percée en Afrique.

Avec un chiffre d’affaires de 46 MD en 2013, Tawasol dispose d’un carnet de commandes de 100 MD, ce qui rassure les actionnaires sur l’avenir du groupe. Rappelons que Tawasol est spécialisé dans les travaux de voirie et réseaux divers, transport de gaz par pipe-line, travaux hydrauliques, construction et gestion de réseaux enterrés.

Installation et maintenance d’équipements télécoms et réseaux câblés pour le compte d’équipementiers (fibres optiques.)

 

Magasin Général-Auchan : vers un investissement colossal

Nous croyons savoir que l’enseigne de grandes surfaces Magasin Général aurait l’intention d’investir un milliard de dinars au cours des cinq ans à venir avec son partenaire stratégique Auchan. Il s’agit de créer en Tunisie cinq centres de vie comportant des hypermarchés, des galeries commerciales ainsi que des activités culturelles et de services.

Les régions d’implantation concernées sont la banlieue sud de Tunis, Sousse ainsi que trois régions intérieures, Gafsa, Tozeur et Jendouba. Cet investissement est susceptible de créer 6000 emplois permanents, directs et indirects et de créer une véritable dynamique dans les régions défavorisées du sud-ouest et du nord-ouest.

Un dossier concernant ce projet aurait été remis au chef du gouvernement. Il faudrait maintenant que les agréments administratifs suivent. Faut-il penser pour autant que l’administration ne favorise pas le processus de l’investissement privé ?

 

La contrebande : des pertes inestimables

Le Trésor public enregistre chaque année des pertes inestimables à cause de la contrebande qui sévit aussi bien à la frontière libyenne qu’algérienne. Si on laisse de côté le trafic de drogue et d’armement, activités illicites, ce sont les contrebandes de tabac et de carburant qui causent les préjudices les plus lourds au budget de l’État. Le trafic de carburant est estimé à 20% de la consommation nationale alors que selon les déclarations du Directeur général des douanes, celle du tabac représente 50% du marché, il affirme de plus que le manque à gagner pour le budget de l’État est estimé à 300 MD par an.

Rappelons que l’État tire l’essentiel de ses ressources des impôts et taxes supportés par le carburant, le tabac et les alcools. Au moment où le budget de notre pays connaît un lourd déficit, la lutte contre la contrebande devrait être renforcée et des sanctions plus sévères devraient être appliquées aux réseaux de contrebandiers. Il y a lieu à ce propos de féliciter les autorités douanières pour le nombre croissant de prises portant sur des quantités de tabac introduites dans le pays de façon clandestine et confisquées lors des opérations de contrôle.

Un effort particulier doit être déployé pour dissuader les acheteurs de ces produits en raison des dégâts occasionnés aux moteurs des voitures par le carburant frelaté et des problèmes graves de santé provoqués par le tabac contrefait, car c’est le marché qui crée la contrebande.

 

R.L.

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