Série / The Killing, Ode au Polar Lent !

The Killing est le remake américain d’une série danoise Forbrydelsen. Et comme au Danemark, ils n’ont pas le budget des networks américains, ils compensent en axant le travail scénaristique sur une donnée moins spectaculaire mais non moins efficace : l’humain. Les Experts, Esprits criminels, Cold Case, NCIS sont autant de séries policières qui accompagnent vos soirées télévisées ou bien vos plages de divertissement sur ordinateur. Et si je vous proposais une série qui ne se limite pas à un épisode formaté, speedé, haché… une série où l’on prend le temps de déployer une intrigue ?

Sarah Linden, police de Seattle, dernier jour de fonction, s’apprête à déménager dans une autre ville avec son compagnon. Pour son baroud d’honneur, la voici appelée sur une scène de crime… une voiture au fond d’un lac dans laquelle est re    trouvé le corps ligoté d’une adolescente. Un meurtre sordide mais pourtant ordinaire dans une ville américaine. Sauf que la voiture appartient au staff de l’équipe de campagne électorale de Darren Richmond, favori aux élections pour la mairie de Seattle.

Oui, vous l’avez deviné, c’est le premier d’une longue série de rebondissements, jusqu’au final qui vous laissera un goût de cendres dans la bouche… Les parents de Rosie désemparés, le cynisme des batailles politiques, le désarroi des policiers, le jugement moral de la société, la pression médiatique, les tractations bassement cyniques…

Les contours des personnages sont flous et c’est tant mieux. Dans The Killing, Il n’y a pas de méchant, de gentil. Les personnages sont posés, puis nous les (re)découvrons à travers le regard des autres, l’amour de leurs proches, la haine de leurs ennemis. Par touches successives, telle une peinture, The Killing prend le temps de la narration.

Ainsi, Rose est d’abord présentée par ses parents comme une enfant, adorable, gentille et aimante. Mais, Rose est une adolescente et une adolescente a des secrets (sorties, alcool, sexualité…), que ses parents découvrent au fur et à mesure en même temps que les enquêteurs et que le spectateur. La fragmentation narrative est la qualité première de cette série, elle fait appel à notre intelligence refusant de nous faire dans le manichéisme.

The Killing ne vous livre rien, pas d’indices, juste des leurres pour mieux vous embarquer dans cette ambiance poisseuse. Seattle, véritable personnage de cette série, où il pleut quasiment tout le temps, brumes, ombres, nuit, brouillards sans l’effet clip des séries actuelles, est un personnage à elle-seule. Un scénario qui vous fait douter, une sorte de « Cluedo », où des pièces s’emmêlent, s’entrechoquent… fausses pistes, mensonges, vérités, révélations…

La réalisation est classieuse, feutrée, sans à-coups… elle suit le cheminement tortueux de la pensée humaine, de ses qualités, de ses défauts. Montage fignolé, musique angoissante. Harmonie fond/forme. C’est vrai, il faut se laisser happer par le rythme lancinant, entêtant, pesant de cette série… Souffrances, haine, racisme, rejet, culpabilité, amour, rédemption… Et si vous découvriez une série policière HUMAINE ? Sombre, intrigante , délétère… Les trois premières saisons vous tortureront, la saison 4, après bien des hésitations, a été enfin commandée par Netflix. Vous avez 3 saisons pour plonger dans les tréfonds de l’âme humaine.

F.B.

 

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